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Le Touquet-Paris-Plage, Golf et Famille

Texte : Godefroy Gordet

La route est longue jusqu’au Touquet mais le jeu en vaut la chandelle. Même si des 4 heures 45 annoncées par le GPS de Luxembourg-ville, on avale du goudron au final pendant six petites heures, les derniers virages nous font entrer au cœur des plus savoureux paysages de la Côte d’Opale. Entre dunes de sables, pinèdes ombragées, grandes plages aérées, où chars à voiles, baigneurs et bronzeurs goutent le vent et le soleil, de prime abord, l’endroit semble être un paradis pour des vacances en famille. Pourtant, du Touquet à Hardelot, à une vingtaine de kilomètres au nord, le littoral se dévoile vite comme l’un des spots incontournables du golf français. L’un comme l’autre, sans nous déplaire…

Le Touquet

L’Arcachon du Nord, comme on l’appelle dans le milieu touristique, attire de tous bords depuis bien longtemps. Très populaire au début du XXe siècle auprès des aristocrates du monde et des stars du cinéma des années 30, depuis cette longue ferveur, ses 4 244 habitants sont chaque été envahis par près de 250 000 personnes. De ses accueillantes forêts, où il fait bon se promener, à son patrimoine architectural anglo-normand, art déco, néo médiéval ou néoclassique, qui connaît 21 monuments historiques, cette Perle de la Côte d’Opale est un jardin d’Eden, préservé de la France des villes ou des côtes du sud, grouillantes de monde et souvent nauséabondes.

Au Touquet, on ne danse pas sur le pont, quoi que la cité révèle un mignon centre-ville, chic, joyeux et festif, au charme désuet qui rappelle le clinquant de Deauville, le style mi-sauvage mi-urbain des Sables-d’Olonne ou les grands espaces d’Ostende en Belgique. Des plages bordant la ville, on s’amourache facilement de la ballade le long de la route en corniche, pour se désaltérer quelques kilomètres plus loin des vues du Parc Nature de la Baie de Canche. Avec du courage on finit par le Parc Équestre, son hippodrome, ses sauts d’obstacles, ses chevaux hennissant. En fin de journée, par rare de voir les locaux siroter une bonne bouteille de rosée en terrasse, d’ailleurs, comme un symbole, la rue des troquets s’appelle la rue de Metz.

Aussi, logiquement surnommée « Le Touquet-Paris-Plage » par la plume du journaliste Hippolyte de Villemessant, la station balnéaire a bien des égards convint un public très large, en quête de détente mais aussi d’activité sportive. Et ce n’est pas ce qui manque, entre tennis, voile, char à voile, équitation, pirogue, hockey sur gazon, polo, beach volley, catamaran et autres néo-sports de plage ou encore le golf. Ce dernier dressé en véritable religion dans le coin et les nombreux parcours de golfs sur les 20 km à la ronde, confirme la chose. Le Touquet est l’une des cathédrales du golf Français.

Les Golfs

Du Touquet à Hardelot, la société Open Golf Club s’est installé là et propose quelques-uns des parcours les plus attrayants de la Côte Ouest française et même d’Europe. Première chaîne de golf haut de gamme, Open Golf Club tient 50 golfs d’exception dans 7 pays différents, entre la Belgique et le Portugal. Ici, sur les tout juste 20 kms séparant le Touquet du plaisant village d’Hardelot, 5 parcours, dont un « vrai » 9 trous, s’offrent aux visiteurs en quête du swing parfait. Une variété de parcours qui en font une très belle destination pour les golfeurs de tous niveaux.

Au Golf d’Hardelot, le parcours des Dunes dessiné par J-C Cornillot en 1991, est habité d’un écrin de verdure, offrant au jalonnement de ses 18 trous, une forêt ou s’enracinent des maisonnettes aux styles représentatifs de la région. Ce PAR 70, d’apparence plutôt simple, se corse sur les derniers trous, jusqu’au au 18e qui est à lui seul tout un monde à surmonter.

À Hardelot toujours, le parcours des Pins a connu une jolie rénovation, fidèle à l’esprit de son concepteur Tom Simpson en 1931. Placé à la 7e place des meilleurs parcours de France d’après Top100golfcourses.com, il est un haut lieu du golf français et de fait, depuis 2011, le parcours accueille les qualifications du European Tour. C’est dire notre incapacité à y placer ne serait-ce qu’un bogey. L’atmosphère unique du lieu, ses paysages rassurants, rythmant nos 18 trous, offrent la compensation nécessaire à la dureté du parcours.

Du côté du Touquet Golf Resort, 3 parcours s’offrent aux 800 membres et aux golfeurs de passage, du petit 9 trous, installé non loin du club house, au légendaire parcours de la Mer en passant par celui de la Forêt. Des parcours très différents mais tous adjoints de l’ambiance particulière qui règne ici, mêlant tranquillité et vitalité. Ce n’est sans doute pas pour rien que près de 40 000 Green Fee partent d’ici tous les ans. Dessiné par l’émérite Harry Chaplan Colt, le parcours de La Mer est assurément l’un des plus beaux des côtes françaises.

Et la restauration des trous 13, 14, 15 et 16, entre 2014 et 2015, n’y entiche en rien, tant le projet a rigoureusement conservé le design initial que Colt & Alison avaient tracé dans les années 30. Le mythique parcours de Pine Valley aux Etats-Unis n’a qu’à bien se tenir, on vient de loin pour jouer « La Mer » du Touquet Golf Resort, qui a pris 35 places au classement des parcours d’Europe Continental de Golf World pour se positionner aujourd’hui comme le 1er links – parcours situés en bordure de mer ou en zone dunaire, ensablés et venteux – de France.

Le Touquet Golf Ressort, c’est aussi un Club House qui engage le raffinement. Outre la modernité du lieu et son atmosphère contemporaine, aérée et lumineuse, ouvrant sur le 9 trous et le parcours de la Forêt, le Club House abrite l’excellent restaurant The Spoon tenu par Fabrice Chérault, l’ancien second des cuisines du classieux hôtel Westminster. Un vrai lieu de vie, pour profiter d’un bon repas après une partie de golf, un lieu de rendez-vous incontournable durant le Classique Amateur du Touquet Golf Ressort qui accueille chaque année, pendant 5 jours, sur la dernière semaine d’août, 250 participants sur les parcours de la Mer et de la Forêt.

Le Manoir Hôtel

Voisin direct du Golf du Touquet, le Manoir Hôtel a une grande histoire en lien avec le golf. On est ici dans l’ancienne demeure du propriétaire du golf Allen Stoneham.

Français, anglais, belges et allemands viennent passer un séjour ici, occupant l’une des charmantes chambres de la maison ou profitant d’un des bungalows fraîchement construits. Au Manoir Hôtel, comme au Touquet en général, on se sent dans un monde à part, dépaysés, ressourcés. En même temps, à quelques 30 minutes à pied de la mer – ou 5 minutes en voiture –, et à deux pas des premiers swings, l’hôtel est stratégiquement placé. 40% de la clientèle y vient pour golfer, quand d’autres préfèrent s’installer au bord de la piscine, taper la balle jaune sur le terrain de tennis ou se prélasser en famille, dans le calme et l’attrait d’un cadre enchanteur.

D’ailleurs, la dimension familiale est ici palpable. Les chambres respirent l’authenticité. Les tiroirs sont tapissés, les robinetteries sont celles de jadis, les cheminées apparentes aimeraient fonctionner. La modernité n’est que dans le confort de choses basiques comme un bon lit, des fenêtres bien isolées ou de l’eau chaude au robinet. On s’y sent comme dans la demeure familiale et le personnel joue avec cette ambiance intimiste. Les regards sont sincères, on entend des « on aime les anglais ici » dans les couloirs du personnel, les mots sont gentils et attentionnés.

L’équipe est ici aux petits soins, heureuse de bosser dans un domaine où le savoir faire rime avec rigueur et décontraction. Ce n’est pas que l’établissement tenu par Mme Gill soit foncièrement bourgeois, le service n’est pas fait au prorata du prix, non, ils savent juste y faire, sans se forcer, c’est passionnel. Le cadre de travail invite à l’énergie, il fait bon vivre dans le quartier du Manoir Hôtel, on est mieux que dans un bureau climatisé, devant un ordinateur à broyer du noir ou des contrats frauduleux.

Pourtant, le low cost a tué un poil le business, on préfère aujourd’hui prendre un avion cheap et polluant pour une destination ensoleillée où l’on ne mettra pas les pieds ailleurs que dans la piscine, plutôt que de profiter d’un accueil parfait et d’une gastronomie locale succulente. Car le restaurant du Manoir Hôtel est d’une exception rare. Le Chef Fabrice Chérault également aux platines du Club House en face, a une vraie patte. Son penchant pour la cuisine du poisson ravie autant que son travail de la viande, fort d’une cuisson tendrement respectée.

Et même si on vous mate un peu comme un nouveau né ici – la jeunesse attire l’œil dans ce genre de cadre – force est de constater que l’établissement a une volonté de traiter tous ses clients de la même façon. Bien heureusement. Quoi qu’il en soit, ce ne sont pas de grosses bagnoles de luxe qui sont garées sur le parking, le Manoir Hôtel connaît une clientèle plutôt sobre qui apprécie une bière bien fraiche au bar après une longue parties de golf, une ballade côtière ou une journée à la plage.