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Lionel Sabatté remporte le Luxembourg Art Prize 2020

Photo : © Lionel Sabatté
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Le nom du lauréat de la 6ème édition du Luxembourg Art Prize a été révélé ce mardi. Il s’agit de Lionel Sabatté, un artiste français de 44 ans vivant et travaillant à Paris et à Los Angeles. Il remporte la 6e édition du Luxembourg Art Prize et la bourse de 50 000 euros remise par la Pinacothèque.

Pratiquant à la fois la peinture, le dessin et la sculpture, Lionel Sabatté tâche de faire dialoguer l’ensemble de ses œuvres dans une interconnexion permanente. Ses recherches sur le minéral, l’animal, l’organique en somme, donne lieu à des œuvres poétiques, sensibles, troublantes et qui participent à une réflexion globale sur notre condition et la place que nous occupons dans notre environnement.

“Un dialogue avec les autres médiums”

La sphère du vivant ainsi que les transformations de la matière dues au passage du temps se retrouvent au cœur du travail de l’artiste, qui entame depuis plusieurs années un processus de récolte de matériaux qui portent en eux la trace d’un vécu : poussière, cendre, charbon, peaux mortes, souches d’arbres… Ces éléments sont combinés de manière inattendue et les œuvres ainsi créées portent en elles à la fois une délicatesse mais aussi une « inquiétante étrangeté », donnant vie à un bestiaire hybride dans lequel des créatures des profondeurs abyssales côtoient des petits oiseaux des îles oxydés, des ours, des loups, des émeus, des chouettes, mais aussi des licornes…

Pour l’artiste, ses « toiles peintes à l’huile et à l’acrylique ouvrent un dialogue avec les autres médiums au sein desquels mon univers plastique déploie toute sa richesse. Je me sers des couleurs fondues les unes aux autres et j’accorde une importance primordiale à la dimension aqueuse qui donne à l’œuvres son aspect organique, minéral. À partir de touches vives et contrastées, je fais écho aux traces du temps, aux perpétuels changements naturels et au mouvement inhérent à toute forme de vie. Si des motifs peuvent surgir de ces peintures mystiques, proches d’une esthétique du chaos (dans la mythologie grecque, “Chaos” est une entité primordiale d’où naît l’univers), l’imagination est laissée libre au spectateur qui peut déceler, dans chaque toile, tantôt un œil, tantôt un oiseau, une méduse, un paysage vu du ciel, ou encore le ciel lui-même. »

Qu’est-ce que l’infiniment grand ?

La peinture présentée dans son dossier de candidature pour le Luxembourg Art Prize 2020 est une huile sur toile qui s’intitule Fortune rouge et sous cutanée. De cette représentation ressort fortement un aspect à la fois organique et minéral. S’agit-il d’une représentation macroscopique de l’univers dans lequel nous nous trouvons ou, à l’inverse, d’un détail microscopique du vivant et de la matière qui le compose ? Au spectateur de s’en faire une idée. Qu’est-ce que l’infiniment grand si ce n’est un vide indéniablement structuré très finement par la matière ? En ce sens, l’infiniment grand ressemble indubitablement à l’infiniment petit. Il y a toujours quelque chose à l’intérieur de quelque chose…

L’infiniment grand et l’infiniment petit sont inextricablement liés l’un à l’autre. L’infiniment grand ne peut pas subsister sans la multitude de l’infiniment petit qui le compose. A l’inverse, l’infiniment petit vit dans un tout organisé au sein de l’infiniment grand sans forcément toujours s’en rendre compte. Un lien immuable existe entre les deux et ce lien ne peut pas être brisé sans risquer l’annihilation de l’un comme de l’autre. Des galaxies aux atomes, il existe tout un monde qui se trouve hors de notre perception courante. Ce monde s’ouvre à nous et nous tend les bras ; libre à nous de l’embrasser…

Un esprit scientifique aborderait la question suivant la théorie fondamentale de la relativité, de la physique quantique, du chaos et bien d’autres encore ; tandis qu’un esprit plus technique aurait tendance à utiliser un télescope et un microscope afin d’observer tantôt l’un, tantôt l’autre. L’artiste, lui, préfère utiliser sa technique, couplée à ses connaissances, ses envies et son imagination, pour laisser libre cours à son interprétation de la question et la proposer au plus grand nombre. Il ne faut jamais cesser de se poser des questions…