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Louis Chappey : « Être humoriste, c’était un désir inavouable et inavoué »

Après un passage remarqué dans l’émission Clique de Mouloud Achour, le talentueux Louis Chappey sera au De Gudde Wëllen, le 21 mai prochain. Il y présentera son tout premier spectacle, dans lequel il livre, avec beaucoup de dérision et de malice, sa vision du bonheur. Rencontre.

Quel est ton parcours ? Comment tu es devenu comique ?

J’ai commencé le stand-up, il y a cinq ans, à l’université. À l’époque, je faisais des études d’anthropologie à la faculté de Nanterre. Un beau jour, des élèves ont organisé un concours de stand-up. Ils m’ont demandé si j’étais intéressé et j’ai pris cette proposition comme une chance. C’était une opportunité unique pour me lancer. J’ai donc fait ma première vraie scène comme ça puis je suis allée à Paris pour en faire d’autres.

Être humoriste, c’était ton rêve de gosse ?

Ce choix de carrière, c’était un peu un désir inavouable et inavoué. J’ai donc eu du mal à sauter le pas et à me lancer totalement. Il faut un certain courage. Par chance, il y a eu ce concours qui m’a réellement servi de tremplin. C’était vraiment quelque chose d’extraordinaire.

T’as immédiatement adoré ce nouveau rôle ?

Je faisais de l’improvisation théâtrale avant le stand-up, j’avais donc déjà fait de la scène. Ce n’était pas quelque chose de nouveau. La seule différence : j’étais désormais seul devant le public. Mes débuts se sont relativement bien passés ce qui m’a rendu super heureux. J’ai tout de suite accroché à cet art et au mode de vie qui l’accompagne. C’était plaisant et extraordinaire, dans le sens qui sort de l’ordinaire. Ma passion et mon travail se mêlaient. C’était un plaisir tout à fait particulier.

Comment tes proches ont réagi à ce changement d’orientation ?  

C’est vrai, les choses se sont faites assez rapidement. J’ai fait le concours en février et j’ai arrêté l’université juste après. Ils ne m’ont pas revu en septembre. Mes proches ont été assez surpris et lorsqu’ils ont compris que je me lançais réellement, ils se sont dits « ah c’est cool, il a l’air d’y croire ! ». Au début, j’avais un petit travail à côté parce que l’humour ne paye pas beaucoup lorsqu’on est un petit nouveau. J’étais animateur en maternelle. Mes parents étaient assez partagés. Ma mère m’encourageait et mon père m’aurait bien vu continuer les études. Mes potes, eux, pensaient que j’étais un peu fou. Ils me disaient souvent : « ah ouais tu es courageux toi ! ». Ils étaient un peu intrigués mais toujours bienveillants.

Tu as commencé à jouer dans des Comedy Club, c’est un exercice plutôt difficile n’est-ce pas ?

Au début, c’est un moment qui peut être très compliqué et particulier. Par définition, faire de l’humour en public, c’est un exercice difficile. Lorsque tu commences, tu joues devant trois personnes qui ne sont même pas venues pour toi. Tu sais qu’ils ont été rameutés et qu’ils ont dit oui de force. Tu vois qu’ils ont eu pitié. Donc clairement, ce n’est pas un moment de détente pur. Au-delà du simple exercice artistique, c’est compliqué juste d’être là parce que tu n’es pas bon et les conditions sont mauvaises. Rien ne va ! Tu performes devant des gens qui ne t’écoutent pas et encore, tu as de la chance quand la salle est à peu près remplie. Mais c’est un passage obligé. J’en fais d’ailleurs encore parfois, dans des meilleures conditions.

Que raconte ton premier spectacle ?

Je l’appelle « savoir vivre » ou « comment être heureux quand tu as aucun problème ». Je me demande ainsi comment tu fais pour être bien, quand t’as les conditions pour y arriver, parce que des fois tu peux quand même te rater. Je parle aussi de ce que l’on vit en ce moment, ce climat un peu anxiogène. Mais lorsque je parle d’actualité, j’essaye plus de parler des émotions que l’on ressent vis-à-vis d’elle. Je ne fais pas de blagues sur un sujet parce qu’il semble être à la mode. J’estime que les gens sortent aussi pour s’évader, pour sortir de la routine. J’essaye donc de trouver un équilibre. Je ne peux pas faire comme si de rien n’était mais je ne veux pas non plus en parler pendant des heures.

De quoi tu t’es inspiré pour l’écrire ?

Depuis cinq ans, je monte sur des scènes de Comedy Club. J’ai écrit avec des potes pas mal de blagues. Des écrits que j’ai gardés ou jetés. Lorsque j’ai décidé de faire ce format d’1h, j’ai donc regardé en arrière et j’ai essayé de tout mettre en forme pour garder le meilleur. J’ai d’ailleurs trouvé ce thème du bonheur en regardant des anciens textes. J’ai remarqué que ce sujet revenait beaucoup. L’idéal est de faire un spectacle qui ressemble à une bonne conversation.

Tu faisais aussi une chronique dans Clique. Qu’est-ce qui te plaît dans ce format court ?

L’enjeu artistique est de saisir l’humeur, l’atmosphère du moment, et d’en faire une chronique percutante. Cette temporalité est vraiment super intéressante et amusante. Il faut réussir à mettre des mots sur les sentiments des gens. Et quand tu les trouves, tu es super heureux. Tu sais que tu as réussi à capter le moment et tu espères faire un peu de bien aux gens. Après, c’est un exercice compliqué. Tu dois te fier aux règles télévisuelles et surtout te baser sur l’actualité. À terme, cet aspect m’a moins branché. Je prenais moins de plaisir, je n’avais pas envie d’écrire des chroniques sur la guerre par exemple.

Comment tu fais pour jongler avec l’actualité ?

Dans le format spectacle, tu peux écrire des blagues intemporelles moins en lien avec l’actualité. C’est plus artistique. Depuis quelques temps, les périodes extraordinaires se succèdent : confinement, déconfinement, reconfinement, couvre-feu, été de tous les possibles, Omicron, guerre en Ukraine, élection. On ne fait pas face à des périodes ordinaires qui durent. Les gens changent d’émotion d’une semaine à l’autre. On le voit d’ailleurs avec nos vannes, celles qui marchaient le mois dernier ne marchent plus du tout actuellement. Avant, c’était un peu à la mode de charrier les non-vaccinés. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. Cette chronique permanente n’est vraiment pas facile. Il faut constamment s’adapter.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

De continuer à faire ce que je fais. D’amener ce premier spectacle, qui est encore en rodage, le plus loin possible.

Pour prendre vos places : https://deguddewellen.loveyourartist.store/en/events/624ee01e406de7e839c1859a