Lunghi de plus en plus soutenu
Enrico Lunghi, qui a présenté sa démission du poste de directeur du Mudam il y a quelques jours à la suite de “l’affaire” avec RTL, reçoit encore de nouvelles marques de soutien. La dernière en date est signée des centres d’Art de Dudelange.
Le soufflet n’est pas prêt de retomber. Cela fait maintenant cinq jours que le monde de la culture luxembourgeoise est en émoi, à la suite de la démission d’Enrico Lunghi de son poste de directeur général du Mudam suite à cette «affaire» avec RTL. Aujourd’hui, ce sont les centres d’Art de Dudelange Nei Liicht et Dominique Lang qui ont manifesté leur soutien. «Nous artistes, curateur-ices, collectionneur-ses, galeristes, ami-es des arts, témoignons toute notre sympathie à Enrico Lunghi» peut-on lire dans le communiqué envoyé à toute la presse du pays. Les centres d’Art de Dudelange évoquent aussi un harcèlement permanent, «depuis des années», de la part de «ses détracteurs luxembourgeois». «Son engagement généreux et sans concession pour l’art contemporain agaçait et sa réussite internationale dérangeait (…) Partout les pressions contre ceux qui défendent un art contemporain libre et ambitieux s’accentuent. Les conditions qui ont poussé Enrico Lunghi à démissionner sont un mauvais coup porté à nous tous. Elles sont aussi anti-démocratiques» conclut le communiqué.
L’Association des critiques d’art (Aica) s’est exprimée elle-aussi, en insistant sur l’ «engagement constant et fructueux pour l’art contemporain» de Lunghi, et en exprimant sa «surprise devant une telle métaphore disproportionnée, de telles condamnations prématurées dans une affaire dont le traitement télévisuel demande encore un large éclaircissement.»
«On lui a alloué un budget ridicule»
Depuis vendredi dernier, plusieurs artistes et galeristes ont réagi. Mardi soir, Alex Reding, qu’on a déjà entendu à maintes reprises, est revenu encore une fois sur le séisme que représente la démission de Lunghi dans le milieu culturel grand-ducal, lors de sa conférence de presse concernant la Luxembourg Art Week, qui a ouvert ses portes ce mercredi et se poursuit jusqu’à dimanche. Celui-ci en a profité pour souligner un budget du Mudam réduit à peau de chagrin. «On lui a alloué un budget ridicule de 600 000 euros pour réaliser des achats d’œuvres d’art, qui est passé depuis deux ans à 150 000 euros, ce qui représente un budget inexistant. Connaissant le prix des chefs d’œuvre sur le marcher de l’art contemporain, comment peut-on se créer une collection digne d’un grand musée ?» a questionné le galeriste de Nosbaum Reding.
Cette affaire a été très largement relatée dans la presse du pays : l’ancien directeur du Casino – Forum d’art contemporain s’était emporté mi-septembre lors d’une interview réalisée devant le Mudam, à la suite d’une question posée par notre consoeur de RTL Sophie Schram dans le cadre de l’émission «De Nol op de Kapp». Celle-ci l’a accusé de «coups et blessures volontaires» après s’être rendue aux urgences 10 jours après les faits…
Des atteintes «ignobles et malhonnêtes»
Xavier Bettel, en tant que ministre de la culture et ministre en charge des Médias et des Communications, n’y était pas allé de main morte en qualifiant le comportement de Lunghi «d’inacceptable», «d’indigne» et en ordonnant une enquête disciplinaire. Le conseil d’administration du Mudam avait souligné un comportement déplacé avant de reconduire son directeur dans ses fonctions.
On croyait le soufflet retombé après les excuses formulées par Lunghi et acceptées par notre consoeur et sa rédaction. Mais le calvaire du directeur du Mudam, qui quittera officiellement ses fonctions le 31 décembre, n’a pas cessé pour autant. «S’il m’est possible de résister à des critiques professionnelles par la qualité de mon investissement et de mon travail, il ne m’est par contre pas possible d’accepter les atteintes ignobles et malhonnêtes portées à mon honneur et à ma réputation» a t-il écrit, pour justifier sa décision. Les marques de soutien, elles, risquent encore d’affluer dans les prochains jours.