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Ryvage, électro émotive

Texte : Godefroy Gordet
Photo : Mike Zenari
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La genèse de Ryvage aka Samuel Reinard, débute dans le sud du pays, du côté de la capitale des Terres Rouges, avant de prendre tout son sens à Paris durant ses six années d’étude en musique. Pourtant, d’aussi loin qu’il se souvienne, il n’y a pas eu « d’avant » à sa passion pour la musique, ça a toujours été là ! 

Enfant il passe des heures à capter et à enregistrer des interférences avec une vielle radio et à manipuler les cassettes par après. À 12 ans, il commence à jouer de la guitare, puis viennent les premiers groupes, jusqu’à sa découverte de KID A de Radiohead, qui déterminera les sonorités électroniques que sa musique prend aujourd’hui. Et ainsi, en 2017, né son projet Ryvage, baigné du parcours du musicien, pour donner à entendre des plages sonores d’électronica et de synthwave. Quelques années après, Ryvage est partout au Luxembourg, des Rotondes à la Konschthal Esch, et s’impatiente de rejouer en vrai. 

Genèse

La musique de Samuel Reinard vient de ses obsessions personnelles. Il y a d’abord une quête de liberté et d’évasion qui marque tout ce qu’il fait musicalement, « faire de la musique c’est un peu comme contempler l’océan et laisser libre cours à son imagination ». C’est également de là que provient le nom du projet, Ryvage,« mais ces impressions ne prennent forme qu’en opposition à des ambiances plus oppressantes et sombres. C’est donc avant tout une affaire de contrastes, d’équilibre et d’intuition ».

Depuis 2017, il développe son projet électronique Ryvage, résultat de plusieurs circonstances, « J’ai fait de la musique en groupe pendant des années, mais il me semblait que je n’arrivais plus à réaliser les idées que j’avais en tête. Je me suis donc mis à la production, au mixage et à la composition en solo ». Pendant près de deux ans, il expérimente et fait quelques live sous d’autres pseudonymes jusqu’à rassembler quelques morceaux qui lui semblaient cohérents par rapport à une direction musicale qu’il voulait développer, « c’est là que j’ai lancé Ryvage ». 

En janvier 2018, il signe un rework de Bubbles de Pascal Schumacher et Maxime Delpierre et de Heart and Soul du groupe électro-rock Ice in my Eyes. Une façon de sortir de sa zone de confort et de se confronter à autre chose qu’à ses propres idées, « j’aime bien travailler avec des contraintes, des pistes existantes dans ce cas-ci, et amener un morceau autre part. D’une manière générale j’utilise peu d’éléments de l’orignal et je me laisse guider par mon intuition pour proposer une version alternative et retravaillée du morceau ».

Tides

En juillet 2019, il publie son premier EP Tides. Un cinq titres qui navigue entre électro-pop, ambiant et synth-wave. Il y explore musicalement la mémoire, les sautes d’humeur, l’anxiété et l’évasion. Un EP foncièrement introspectif, pour un premier disque dans lequel Ryvage veut explorer « la rencontre entre des émotions brutes et un rendu électronique contrôlé. En général, quand je commence une nouvelle série de morceaux, j’essaie de suivre mon intuition et de voir ce qui se passe… Mais certains sujets récurrents comme la mémoire et l’évasion influencent ce processus ».

Et puis, aujourd’hui, la musique s’ancre plus que jamais dans le « tout numérique » et a profondément besoin de cette dimension visuelle. Mais Samuel Reinard, voit cela à double tranchant, « d’une part le numérique permet à des artistes, privés de concerts ou simplement loin des scènes musicales des grandes villes, de diffuser et de promouvoir leur musique.

Tulipe

Chez Ryvage il n’y a pas de limite à la « monstration » de sa musique. Tulipe, l’un de ses derniers titres, dépasse les frontières de diffusion de la musique, son clip se retrouvant exposé à la Konschthal Esch dans le cadre de l’exposition Schaufenster 1, montrée jusqu’au 15 janvier 2021. « Pour moi il y a un lien direct entre le son, la musique et l’expérience que peuvent procurer certaines oeuvres d’art contemporain. Il m’est arrivé, en visitant des installations d’art, de ressentir une impression d’immersion semblable à celle ressentie pendant un concert ou une performance de musique électronique. J’aime également les oeuvres qui proposent plusieurs degrés de lectures et qui, au-delà de leur dimension esthétique, font réfléchir ou interpellent l’auditeur ou le spectateur ».

Il écrit Tulipe dans son studio pendant le confinement. Il explique que l’idée de base lui est venue instinctivement, lors d’une session nocturne dans son studio et le clip, raconte de fait, l’enfermement, le sentiment d’urgence et de déraillement de notre monde. Fruit de sa collaboration avec le vidéaste Ted Kayumba et la danseuse et chorégraphe Jill Crovisier, il a été filmé dans les anciens ateliers de menuiserie Lavandier, pour y être exposée sous forme d’installation, dans une version alternative, sur trois écrans donnant sur la rue.

Visiblement, si les solutions sont là – dans la musique au moins – pour continuer à travailler et faire entendre son travail, la suite des événements paraît encore très complexe, mais Samuel ne perd pas espoir et fait tout de même des plans, « c’est compliqué de se projeter ou de planifier des choses pour l’instant. Quelques dates en perspectives, si elles peuvent se faire, et puis surtout de la nouvelle musique à écrire et à produire en vue de plusieurs projets de sortie encore en gestation à l’heure actuelle ».