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Natas Loves You, pour repeupler la planète… (Interview)

Texte Godefroy Gordet
Photos Elliott Arndt

Cinq garçons (dans le vent), un vieux groupe de potes, rencontrés sur les bancs de l’école, d’origines diverses mais tous passés au Luxembourg, aujourd’hui exportés en France, à Paris… Voilà en bref la bio du groupe Natas Loves You. Un quintette luxembourgeois aux influences multiples composées d’anciennes figures du rock psyché ou de la pop psyché, à la lisière entre The Grateful Dead, The Beatles, The Beach Boys… Une musique agréable et super planante qui pousse aussi dans des sonorités électro ou soul, sur des chants pop en anglais. The 8th Continent, premier album des Natas, sonne comme une belle définition de l’esprit multi-référencé du groupe. On y trouve cette fameuse pop zénithale et brillante, dont on avait déjà été habitués depuis leurs trois premiers EP. Pierre-Hadrien, le claviériste, revient sur leur parcours, le clip Skip Stones, celui de Larry Clark, et le reste aussi…

  • Natas Loves You, c’est qui, c’est quoi?

On est cinq… Moi c’est PH (pour Pierre-Hadrien) je suis au clavier et je chante, Joonas fait de la batterie, il y a Virgile à la basse et au chant, Alain chante et Joachim fait de la guitare.

  • Satan? Pourquoi?

C’est marrant mais plus on avance avec ce nom plus on se dit qu’il correspond de mieux en mieux à nous. Il y a tellement de sens différents, du premier au second degré, de l’humour du sérieux et du mystère. C’est une espèce de rébus qui ferait notre nom. Ce nom, on a appris à le porter. C’est un peu comme ça dans tout notre parcours.

  • Vos influences oscillent entre Metronomy et les Beatles. Finalement vous faites quoi comme type de musique?

On ne se situe nulle part. Ce qu’on fait, c’est ce qu’on fait. On ne qualifie pas notre musique. On a tellement d’influences diverses. Ça passe par beaucoup trop de choses…

  • Vous écoutez quoi comme musique?

En ce moment on écoute pas mal de Hip-Hop, de jazz, de soul. On découvre des trucs tous les jours. Il y en a qui écoutent pas mal Chet Baker, moi j’écoute plein de truc un peu obscur, j’écoute beaucoup de Madlib, pas mal de truc quoi…

  • Le clip de votre second single Skip Stones m’inspire un peu le cinéma de Wes Anderson avec The Darjeeling Limited. Comme dans le ciné d’Anderson votre musique est-elle faite d’une sorte d’absurdité et d’une envoûtante nostalgie?

J’en ai aucune idée. Nous, juste “on fait”. Tout ça reflète un esprit d’amitié et de voyage. Notre musique dégage les thèmes de l’amitié, la fraternité, l’amour, la mort… C’est assez profond. Il y a plein de trucs, mais ce qui se dégage surtout c’est une sorte de positivisme, un humanisme aussi. On essaie d’envoyer aux gens des bonnes vibrations.

  • Larry Clark pour diriger le clip de Got To Belong c’était comment?

Ouais, on a fait un clip à Marfa au Texas avec Larry Clark (rire). C’était marrant on a fait 15 heures de vol pour se ramener au Texas. Là-bas on a dîné avec Lary Clark et Jonathan Velasquez du film Wassup Rockers qui est devenu un ami depuis. On a tourné un clip. Une fois de plus, je pense qu’il a voulu capter les choses comme elles étaient, les interactions avec les gens. Le but c’était de faire quelque chose de très simple, pas forcément esthétique…

  • Vous aviez de la pression au moment de la rencontre.

Pas du tout. On a eu aucune pression. On connaît bien son travail, ses photos. Certains de nous adorent Wassup Rockers et Kids. On nous a dit “Whoua c’est incroyable!”, mais nous on prend les choses étape par étape. On est des gens assez simples. Lui aussi. En général dans ce milieu les gens sont simples. On était juste curieux.

  • Vous avez de bon retour de vos vieux potes ici au Luxembourg?

Ça dépend. Parfois ça passe bien, parfois d’autres n’aiment pas. Après ce sont nos amis. On est toujours super potes avec nos vieux amis, et ça restera comme ça. Disons que c’est pas le thème principal de notre musique.

  • Vous avez fait le Printemps de Bourges en avril, le Primavera Sound en mai…

C’était super! Le Printemps de Bourges c’était un très bon concert, bonne ambiance, un public sympa. On avait pas mal d’amis qui jouaient aussi, donc c’était cool. Super ambiance. Le concert nous a débloqué pas mal de dates derrière. Ensuite dans la foulée le Primavera, magnifique. Au bord de la plage. Barcelone en mai c’est juste incroyable. 

L’article est de moi (rire). On se met toujours dans des situations un peu stupides mais c’est toujours bon enfant et drôle. (Lire l’article en lien ci-dessus, ndlr)

  • Ce premier album vous l’attendiez depuis longtemps?

Avant ça on a fait deux EP et un EP qui était des sortes de singles de l’album. Après c’est marrant parce que quand les médias luxembourgeois parlent à des artistes qui viennent du Luxembourg ils leurs demandent toujours «comment ça se fait, qu’est-ce qui se passe, est-ce que vous vous sentez privilégiés, etc?» J’ai l’impression qu’il y a une sorte de complexe au Luxembourg et je trouve ça très dommage. C’est comme si les gens n’arrivaient pas à y croire et ça me fait rire en fait. Pour nous c’est un début. On était contents d’avoir l’opportunité de présenter notre musique au plus grand nombre mais après c’est notre travail. On a bossé dur.

  • Parlons un peu de votre premier album (The 8th Continent)… Il y a là dedans une musique planante, une belle harmonie entre voix, sons synthétiques, guitare et basse. Une sorte de pop psyché électro plein de sous-genre qu’on ne peut pas lister. Mais si tu devais choisir un genre?

Quand on me pose la question je dis que c’est de la musique pour repeupler la planète. C’est beau hein (rire)! Ce premier album est une projection de plein de thèmes. On veut pas se noyer dans les sentiments mais on veut surtout rester humbles. On doit défendre ce premier disque, on ne va pas se reposer.

  • L’album parle d’évasion, d’autres mondes, de femmes (beaucoup), d’amour… Qui écrit les textes?

Au niveau des textes on les écrit à trois. Les trois chanteurs. Pour ce dernier album il y avait pas mal de taff. Ça prend pas mal de temps, on fait des espèces de longues discussions et on écrit.

Chris Zane nous a beaucoup aidés mais on travaillera autrement pour le second. Sans regretter le travail qu’on a fait sur le premier évidemment.

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  • Vous connaissez un beau succès ces derniers temps. Trois EP bien reçus, une signature chez Cinq 7 et Wagram Music, votre dernier album The 8th Continent est un succès et vous partez pour sept grosses dates de la Rockhal le 24 février au AB Club de Bruxelles le lendemain en passant par Nantes et Rennes les 11 et 13 mars. Quelle dimension prennent vos lives?

On fait cette tournée pour soutenir ce premier album. Il y a une dimension différente en live. On adore jouer et voir les gens ressentir notre musique. C’est un plaisir de revenir à la Rockhal. On est contents de revoir Arnaud et les autres. On est chauds. On veut porter fièrement au Luxembourg cet album. Quand on est en concert, on se laisse aller. Le show est rodé mais on laisse beaucoup de place à l’impro’. Ensemble on a une vraie dynamique de jeu. On rentre en communion avec les gens. On veut que les gens s’éclatent… 

  • Quoi de prévu ensuite?

On a la tournée et après on pense déjà à un second album (rire).

Natas Loves You sera en concert demain soir (mardi 24 février) à la Rockhal et mercredi à l’Ancienne Belgique, pour vagabonder ensuite en Allemagne et en France…