Saison 24/25 : On danse dès la rentrée !

Cet été, Bold décortique la saison à venir des institutions culturelles du Luxembourg et de la Grande Région et en dresse son best of thématique, pour un agenda culture bien curaté dès la rentrée. Cette semaine, on danse…
La danse, dans son panel de déclinaisons presque infini et sous des formes toujours renouvelées, fait plus que jamais partie des incontournables d’une saison culturelle. Dès la rentrée, il fera bon de se laisser porter par les chorégraphies les plus pointures et les performances de compagnies très en vue qui s’annoncent époustouflantes… D’autant plus que la danse sera aussi à l’honneur sur la couverture du prochain magazine BOLD87, à paraître début septembre…
Au Grand Théâtre : Boris Charmatz, Peaky Blinders et Léa Tirabasso
Les Théâtres de la Ville de Luxembourg prouvent une fois de plus leur position experte et engagée vers la danse avec l’accueil, dès le mois d’Octobre, de l tête d’affiche Boris Charmatz, nouveau directeur du très réputé Tanztheater Wuppertal Pina Bausch. Il revient à Luxembourg avec sa première pièce pour la troupe, rejointe par des danseurs fidèles de son travail avec Terrain, sa structure française: Liberté Cathédrale, créée dans une spectaculaire église brutaliste, puis présentée dans un opéra et en plein air. Charmatz et ses 26 interprètes ont construit une chorégraphie comme une tempête de gestes, une cathédrale sans murs, dont l’architecture est humaine. Dans cette «église sans église » se mélangent le chaos des volées de cloches, le souffle de l’orgue, le chant a capella et le plus complet silence. Assis tout autour de l’espace de danse, le public assiste au plus près à la performance virtuose d’une assemblée chorégraphique en mouvement…
Puis la danse se mêlera au petit écran et un de ses phénomènes récents, grâce au spectacle Peaky Blinders: The Redemption of Thomas Shelly, écrit par le créateur de la série, Steven Knight, sur une mise en scène et chorégraphie du directeur artistique de Rambert, Benoit Swan Pouffer. Cette passionnante adaptation théâtrale et chorégraphiée, commençant dans les tranchées des Flandres, et se déroulant dans le Birmingham industriel de l’après-guerre, où Tommy Shelby construit son empire illicite… Un spectacle qui devrait séduire les fans de la série, tout comme les néophytes en la matière !
Et puis difficile de faire cette saison 24/25 sans la danseuse et chorégraphe Léa Tirabasso, lauréate du Lëtzebuerger Danzpräis 2023, qui revient aux Théâtres de la Ville avec sa nouvelle création In the bushes. Remplie d’un humour cru, d’un cil toujours attentif et d’une innocence taquine, la coproduction anglo-luxembourgeoise – construite sur une nouvelle partition électronique de Johanna Bramli et Ed Chivers – explore les concepts de la théorie de l’évolution, de l’espèce accidentelle et de la notion absurde d’exceptionnalisme humain. En utilisant un langage chorégraphique distinctif et méticuleusement élaboré, Léa Tirabasso y aborde les questions de la stigmatisation, de la honte et de l’embarras, ainsi que des conventions sociétales… À voir !

Le CAPE fait son cirque et ambiance Ettelbruck
Si le CAPE mise généralement plutôt sur la musique et le théâtre, sa nouvelle directrice Ana Maria Tzekov s’enthousiasme toutefois de quelques jolies propositions chorégraphiées lors de la saison prochaine, notamment dans le domaine du cirque nouveau. C’est le cas avec V_RST_LL_NG est un spectacle de cirque contemporain mêlant langage et acrobatie. La riche signification du terme allemand Vorstellung est au cœur du spectacle : faire connaissance, libérer l’imagination créative, offrir une performance… Le duo d’acrobates « de main à main » composé d’Iris Pelz et Christopher Schlunk plonge le public dans son quotidien d’entraînement et sa vie artistique avec honnêteté, spontanéité et un sens aiguisé du jeu de mots…
Mais la danse est aussi participative à Ettelbruck, grâce aux soirées ES’CAPE Dance Club du 30 avril ! Stay tuned…
Au Escher Theater : Hervé Koubli, Groove Club et tendre colère…
Pour cette saison 24/25 le théâtre d’Esch fait la part belle à la danse, avec un programme dense et qui s’annonce palpitant… Avec, par exemple en décembre, le Sol Invictus du chorégraphe Hervé Koubi. Tout un monde est réuni sur le plateau : 15 danseurs et danseuses aux origines variées, à qui Koubi a demandé – une fois n’est pas coutume – de danser comme si le monde allait cesser d’exister. De cette urgence naît un ballet « à l’élan prodigieux et visiblement inépuisable, tant la vigueur des interprètes semble se régénérer à l’infini ». Des figures issues du hip-hop, du cirque, de la capoeira ou encore du break dance se mêlent aux sonorités contemporaines et aux musiques de Steve Reich et de Beethoven. Sol Invictus – « soleil invaincu » en latin – répond au besoin vital, irrépressible et heureux, de danser…
Puis, en janvier, bienvenue au Groove club : un bar à l’ambiance disco et l’atmosphère flottante. De trois générations différentes, 9 personnages – comédiens, danseurs et acrobates – vaguent entre passé et présent, entre nostalgie et allégresse, sur une piste de danse aux allures de vieux tourne-disque. Sur les musiques de Strauss, Stravinski, Bob Marley ou Drake, ce club-là est un lieu vertigineux. Un long et doux voyage musical et chorégraphique où se perdre avec plaisir, qui raconte nos fragilités, nos luttes et nos espérances… Un spectacle coproduit par le Dance Theatre Luxembourg, le Escher Theater et les Théâtres de la Ville de Luxembourg !

Autre coproduction maison le mois suivant, Tendre Colère pose la question : L’Homme est-il un loup pour l’Homme ? Frères dans la vie, Christian et François Ben Aïm envisagent leurs danseurs et danseuses comme une meute à l’énergie contagieuse. S’abandonnant à une furieuse envie de vivre, 10 interprètes se jettent à corps perdu sur le plateau. Leurs bras et leurs jambes sont animés de mouvements instinctifs et extatiques. Hors d’eux-mêmes, ces êtres deviennent-ils des marionnettes étrangères ? Ou bien quelque chose de vieux comme le monde refait surface pour les emporter et les rapprocher, dans un élan collectif humain et réparateur ?

Au Kinneksbond : William Cardoso, le mythe d’Ulysse et Jill Crovisier
À Mamer, la danse se trouve au cœur de la ligne artistique de Jérôme Konen et il le prouve une fois de plus avec des propositions fortes. Tout d’abord, le chorégraphe luxembourgeois William Cardoso – dont vous pourrez retrouver un grand portrait dans BOLD87 – immergera le public dans sa nouvelle création et dans l’intimité vibrante de deux corps qui s’enlacent, se meuvent et s’apprêtent à écrire le prochain chapitre de leur histoire commune – « une histoire qui, telle une vague, est tour à tour source d’harmonie et de tumulte ». Tout en déconstruisant une conception archaïque de la masculinité et de la virilité, Angriff aspire à nous faire réfléchir à la nature même de l’amour, à ce besoin si fondamental qu’il suscite en nous, et aux concessions que nous sommes prêts à faire ou pas pour être aimés…

Puis, à l’occasion d’une première européenne exceptionnelle, Guillaume Côté – étoile canadienne de la danse classique – s’inspirera du mythe d’Ulysse pour embarquer ses cinq danseurs dans une odyssée alliant élégance et prouesses techniques. Évoquant le long et périlleux périple d’Ulysse, qui mit dix ans à retrouver sa patrie et les siens, la compagnie Côté Danse explore dans cette nouvelle création les désirs contradictoires qui nous poussent tantôt à chercher le havre de la familiarité, tantôt à nous aventurer vers des horizons inconnus. En fusionnant le vocabulaire du ballet classique avec des formes contemporaines, X (DIX) réussit ainsi à donner au récit légendaire une résonance des plus actuelles…

Puis Jill Crovisier fera revivre, à l’approche de la première de sa nouvelle création, sa propre odyssée chorégraphique, qui l’a menée aux quatre coins du globe. Si The Game – Grand Finale marquera l’apogée de trois années de recherche passionnée, au cours desquelles Jill Crovisier a sondé, par le prisme du mouvement et du son, les différentes manières dont le jeu est perçu et pratiqué à travers les cultures, ce prélude dévoilera un duo et trois solos, et invitera à reconsidérer notre place dans le monde, à découvrir de nouvelles façons du vivre ensemble et, peut-être, à atteindre une compréhension plus profonde du jeu que nous appelons la vie…

Le 31 janvier (The Game – Grand Finale sera présenté aux Théâtres de la Ville de Luxembourg les 13 et 14 février, mais on y reviendra…)
Le Trois C-L, impatient bastion chorégraphique
Impossible enfin pour les amatrices et amateurs de danse de ne pas s’intéresser au programme du Trois C-L / Maison de la danse, notamment avec ses incontournables évènements pluridisciplinaires mensuels Trois du 3 qui – chaque troisième jour de chaque mois – cherchent à repenser ou à questionner la société et les arts chorégraphiques. Lors de ces soirées, des artistes sont invités à présenter leur travail et leur réflexion autour de différentes thématiques à l’issue d’une période de résidence et/ou de recherche – une excellente occasion de découvrir la danse contemporaine sous un autre angle et sous différentes formes, dans une ambiance conviviale propice à la rencontre et à l’échange avec les artistes… Ou encore sa programmation HOЯS CIЯCUITS qui, à travers la présentation de spectacles en milieu de mois à la Banannefabrik, vise à encourager la création et l’essor de la scène chorégraphique luxembourgeoise et à faire découvrir aux publics luxembourgeois des œuvres qui n’ont, pour la plupart, pas encore été présentées au Grand-Duché !


Et comme souvent, le Trois C-L rentre bien vite de vacances pour proposer dès tout début septembre une soirée Trois du 3 sous la thématique « Les parcours et les épreuves », avec des propositions de Rocio Dominguez, Chara Kotsali et Léa Tirabasso. Suivra très vite In the moment de Camilla Monga et Emanuele Maniscalco, qui explore le temps à travers une approche innovante de la performance et de l’improvisation. Le piano et la batterie sont joués ensemble pour donner naissance à une composition, en partie écrite et en partie improvisée ; un échange qui « entraîne le public dans une mémoire musicale inconsciente et un état méditatif »…
Respectivement les 3 et 7 septembre
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