Palmarès et dernières pensées cannoises
Le Jury du 70ème Festival de Cannes a rendu son verdict. Impressions.
A année exceptionnelle, Palmarès particulier : le jury du 70ème Festival de Cannes, emmené par Pedro Almodovar, a rendu son verdict, lors de la cérémonie de clôture de la manifestation, ce 28 mai. Déjouant les pronostics des critiques, c’est The Square (photo), du suédois Ruben Östlund, qui a remporté la récompense suprême, avec un récit mettant en scène un conservateur de musée tiraillé au plus profond de ses valeurs et de sa moralité, lorsqu’il est lui-même victime de malveillance. Au casting, un duo d’acteurs bien connus des sériephiles : Dominic West (The Wire, The Affair) et l’immense Elisabeth Moss (Mad Men, Top of the Lake ou encore The Handmaid’s Tale).
Le favori de la presse française, 120 Battements par Minute (de Robin Campillo), -plongée dans les années d’activisme de l’association Act Up-, a tout de même hérité de la deuxième place, obtenant le Grand Prix du Jury, sous les applaudissements nourris des festivaliers rassemblés dans l’auditorium Lumière.
Le Prix de la Mise en Scène est revenu à Sofia Coppola pour Les Proies, remake d’un classique de Don Siegel (avec Clint Eastwood), héritant cette fois d’un rôle masculin plus faible (Colin Farrell, absent), mais gagnant en ampleur dans sa peinture (littérale) du quotidien de ses héroïnes, approchant au plus près ses sujets.
Les meilleurs rôles de cette sélection cannoise, ont, justement, été attribués à deux très grands acteurs dans leurs films respectifs. A commencer par Diane Kruger, saisissante dans le très très moyen In The Fade, de Fatih Akin. Dans le film, pourtant, on ne voit qu’elle, bouleversante en épouse et mère brisée après la mort de son mari et de son jeune fils dans un attentat à la bombe. On ne voit que Joaquin Phoenix, aussi, dans You Were Never Really Here, où il campe un loup solitaire dans un revenge movie très stylisé, parfois vain, mais qui compte quelques belles idées (son final coup de poing vous hantera longtemps…). Son prix d’interprétation est donc plus que bienvenu, venant récompenser un rôle de plus dans la liste des performances impeccables de l’immense comédien qui marque chaque fois les films de son empreinte, inoubliable.
Le Prix du Jury est revenu à Faute d’Amour (Loveless en VO), du Russe Andrey Zvyagintsev, chronique d’un couple qui se déchire, et qui est amené à se reprendre le jour où leur enfant disparaît.
Pour le Prix du Scénario, le jury a innové cette année en proposant, pas un, mais deux récompenses, pour You Were Never Really Here de Lynne Ramsay (avec Joaquin Phoenix, donc) et Mise à mort du cerf sacré, de Yórgos Lánthimos. Deux films qui, pour nous, brillent plutôt par leur dispositif de réalisation que par leurs scénarii respectifs. Les mystères de Cannes.
Au rang des surprises, l’actrice australienne Nicole Kidman a également reçu un Prix Spécial 70ème anniversaire. Elle était cette année sur la Croisette pour trois productions : Mise à mort du cerf sacré (Yórgos Lánthimos), Les Proies (Sofia Coppola) et la saison 2 de Top of The Lake dont les débuts, projetés au Festival, s’annoncent plutôt prometteurs.