Rami Malek roi des Oscars en leader de Queen
Moustache, dentition, démarche, accent: Rami Malek a tout changé pour entrer dans la peau de Freddie Mercury, emblématique chanteur du groupe Queen qu’il incarne dans le film “Bohemian Rhapsody”, une performance qui l’a propulsé dans la cour des grands d’Hollywood.
À 37 ans seulement, Rami Malek a collectionné les grands prix cinématographiques de la saison: Golden Globe, prix du syndicat américain des acteurs (SAG Awards), Bafta et désormais Oscar du “meilleur acteur”, soufflé sous le nez de Christian Bale, qui s’était lui aussi fait méconnaissable pour jouer Dick Cheney dans “Vice”.
“Merci à vous, Queen. Merci de m’avoir autorisé à jouer un tout petit rôle dans votre héritage extraordinaire. Je vous en suis redevable pour toujours”, a-t-il encore dit.
Avec la polémique suscitée par le réalisateur Bryan Singer, accusé d’agressions sexuelles et débarqué en plein tournage, et des critiques mitigées, le comédien ne partait pourtant pas gagnant. Mais sa performance débordante d’énergie en Freddie Mercury semble finalement l’avoir emportée auprès des membres de l’Académie des Oscars, et auprès du public: le film a récolté plus de 800 millions de dollars dans les salles du monde entier.
“Merci Freddie Mercury pour m’avoir fait ce plaisir inoubliable. Je t’aime”, avait-il lancé en recevant son Golden Globe en janvier. Malek a de quoi être fier car il a aussi devancé des pointures comme Bradley Cooper (“A Star Is Born”), Viggo Mortensen (“Green Book”) et Willem Dafoe (“At Eternity’s Gate”).
Un moulage en or
Avant “Bohemian Rhapsody”, le comédien s’était déjà fait remarquer avec “Mr Robot”, série consacrée à un pirate informatique asocial, moitié paranoïaque moitié cyber-justicier, où il partageait l’affiche avec Christian Slater. Récompensé par un Emmy, c’est le rôle qui a vraiment permis à Rami Malek, issu d’une famille de coptes égyptiens immigrés dans la banlieue de Los Angeles, de percer dans le milieu du cinéma.
Rami Malek a un frère jumeau, Sami, et une soeur aînée. Il est allé au lycée à Sherman Oaks (Californie) avec d’autres actrices aujourd’hui connues, Rachel Bilson et Kirsten Dunst, avant de partir dans l’Indiana pour étudier le théâtre jusqu’à son diplôme, en 2003.
Il entamera vite une carrière faite de petits rôles à la télévision ou au cinéma, où il retrouvera ses racines égyptiennes en jouant le pharaon Ahkmenrah dans la trilogie “La Nuit au Musée” avec Ben Stiller.
Comme beaucoup d’autres comédiens d’origine étrangère, Rami Malek a publiquement déploré la difficulté d’éviter les rôles stéréotypés. “Je regardais les auditions et je savais que j’avais des chances d’obtenir le rôle du terroriste. C’est amusant mais aussi un peu triste”, confiait-il récemment au festival de Santa Barbara.
Malek peut tout de même se vanter d’avoir fait deux apparitions dans des films de Spike Lee, lui-même nommé cette année aux Oscars: “Oldboy”, remake d’un film sud-coréen ultra-violent, et un autre remake, “Da Sweet Blood of Jesus”, thriller romantique mâtiné de films de vampires.
Il n’avait pas hésité une seconde lorsqu’on lui a proposé d’interpréter Freddie Mercury, exubérant chanteur né Farrokh Bulsara en Tanzanie venu trouver la gloire à Londres, où il est mort en 1991 à l’âge de 45 ans. Mais il avait ensuite pris peur en mesurant le travail qui l’attendait pour reproduire les capacités scéniques et vocales du leader de Queen.
“Je regardais toutes les vidéos de lui, et je voyais ce showman venu d’une autre planète (…) C’était comme un super-héros pour moi”, a-t-il dit. “La seule façon de le démystifier a été de voir l’être humain qui se cachait derrière ce super-héros”, a expliqué Malek.
Une fois le tournage terminé, Rami Malek a fait réaliser un moulage de la prothèse dentaire qui l’a torturé durant toutes les scènes. Un moulage en or, comme celui qui recouvre la précieuse statuette de son Oscar.