Rian Pozzebon : « L’important est d’être bien dans ses pompes ! »
Crédit photos : © Vans
Plébiscitée par tous les skaters de la planète, bien avant que les fashionistas ne s’affichent avec des Sk8-Hi aux pieds, la marque californienne Vans a su se faire une belle place au soleil sans jamais renoncer à son ADN, et ce depuis sa création, en 1966, par les frères Paul et Jim Doren.
Depuis presque deux décennies, un autre duo créatif est à l’origine de sa renommée: Jon Warren et Rian Pozzebon, à qui l’ont doit – notamment mais pas que – des collabs complétement démentes : WTAPS, Tyler, The Creator, Ice-T, Mister Cartoon, Jason Dill, Taka Hayashi, The North Face, Takashi Murakami et bien d’autres.
Et pourtant, malgré son CV rutilant, Rian Pozzebon garde les pieds bien sur terre et reste cool et droit dans ses baskets. Il a même pris le temps de répondre à nos questions.
Comment es-tu entré chez Vans ?
J’ai quitté mon job chez Stüssy pour rejoindre leur team design shoes en 2002. L’histoire est plutôt marrante. Un de mes copains (Jon Warren, ndlr.) venait de rejoindre leur équipe ‘design shoes’. Un beau jour, il m’appelle pour me demander mon avis. Les idées fusent. On en vient à parler du potentiel de la marque et des choses que nous pourrions changer, voire améliorer, en travaillant tous les deux. C’est devenu une évidence : on devait bosser ensemble. Le plus fou ? Vans a accepté notre offre : un mois plus tard, je dessinais des sneakers aux côtés de mon meilleur pote. Et ça fait 20 ans que ça dure !
Te souviens-tu de ta première paire ?
La boutique Vans était le seul magasin de chaussures de mon quartier, alors, forcément, j’ai commencé à en porter très jeune. A chaque rentrée scolaire ; je me rendais dans ce shop pour y acheter une nouvelle paire d’Authentic en toile bleu marine. Ce sont les seules que ma mère adoubait ! A 11 ans, elle m’a – enfin ! – laissé choisir des Sk8-Hi. Mais je suis resté fidèle au bleu marine !
A quel âge as-tu customisé tes premières sneakers ?
J’avais 12 ans. A l’époque, la Native American était uniquement dotée d’une semelle extérieure noire ; j’ai customisé un modèle en daim bleu en lui ajoutant une semelle blanche.
Comment expliques-tu le succès de Vans, qui traverse les modes et les tribus depuis des années ?
A son parti pris de s’intéresser aux milieux underground qui assurent. Au début des années 70, les skaters de Venice Beach et Santa Monica qui les achetaient dans la boutique du coin se sont vite rendu compte que nos baskets étaient les meilleures pour rider. Depuis, Vans n’a jamais cessé de les encourager.
Même chose dans les années 80, lorsque Vans a sponsorisé le Warped Tour, dans ses salles de concert House of Vans à Chicago, à Londres ainsi que tous les pop-ups qui sont des tremplins pour les artistes de demain. Notre succès repose sur le soutien que la marque a apporté aux créatifs du monde entier.
Comment choisis-tu les modèles ?
De nombreux critères entrent en ligne, mais la plupart du temps, avec la team, nous tombons d’accord sur l’idée de partir de modèles classiques et de les décliner en jouant sur des détails.
Les pro-riders ont-ils leur mot à dire lors du processus créatif ?
En un sens, oui : Vans s’appuie sur leurs expériences, qu’ils soient issus du skate, du surf ou du snowboard. Mais c’est en atteignant leur objectifs grâce à nos baskets qu’ils nous apportent le plus. C’est une relation win-win, en quelque sorte !
Quelles sont les particularités de la semelle gaufre ?
Il n’y a pas un secret mais plusieurs, à commencer par la formule du caoutchouc, qui donne à la chaussure une adhérence parfaite. La profondeur de roulement et le motif boostent aussi leur adhérence et leur procurent un bon flex, tout en conservant la stabilité.
Tu sais que le plus grand collectionneur de Vans est un Français ?
Bien sûr, c’est Dimitri Coste ! C’est un photographe absolument fantastique, en plus d’être un collectionneur invétéré(rires). Il est aussi fou de vieilles motos ; j’adore ce mec !
Porter des Vans, est-ce acheter un peu du rêve californien ?
Oui, mais ce n’est pas la première chose à laquelle on pense lorsque l’on s’offre une paire. La Californie ne se résume pas à Hollywood, comme on le pense communément ; au contraire ! Elle fourmille de subcultures, tellement plus riches, comme le skate ou le surf qui ont finalement réussi à se faire leur place au soleil !
Combien de paires de Vans possèdes-tu ?
Au début, j’ai gardé de nombreux modèles que j’avais dessinés, mais à un moment c’est devenu too much (rires) ! Je n’ai jamais été un collectionneur, donc maintenant, je ne garde que celles que je porte. Quand elles sont usées, je les change, c’est aussi simple que cela (rires) !
Y a-t-il un âge limite pour cesser de mettre des Vans ?
Ce n’est pas une question d’âge, mais un état d’esprit (rires)!
Avoir des Vans aux pieds aide-t-il à rester jeune ?
Perso, ça m’aide à rester connecté à mes valeurs, aux choses auxquelles je crois véritablement. Nous sommes profondément liés au skate, à la musique, à l’art et à la culture, tout ça ouvre l’esprit. C’est ça qui est important.
A qui t’adresses-tu ?
Aux créatifs, la plupart du temps. Vans n’est pas une marque qui tend à être toujours numéro 1 ou qui exhorte à la victoire. Nous privilégions l’expression de personnalités différentes, de la créativité et les choses qui nous rendent véritablement uniques.
Qui voudrais-tu voir avec des Vans ?
N’importe qui pourvu qu’il contribue à rendre le monde meilleur.
Comment bien les entretenir?
L’important est de vivre des expériences et d’être bien dans ses pompes ! Le reste importe peu…