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Rim’K, “tonton du bled” devenu tonton du rap français

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Le point commun entre Booba, Benjamin Biolay et Daft Punk ? Tous ont collaboré avec Rim’K, qui, en 20 ans de carrière, s’est imposé comme une figure tutélaire du rap français. Une consécration pour cet “artisan” du rap sans cesse à la recherche de “la meilleure symphonie”.

C’est devenu une habitude. Tous les ans ou presque, revoici celui que le monde du rap a affectueusement surnommé “tonton”. Cette année n’aura pas fait exception avec la sortie mi-février de son dernier EP, un mini-album de sept titres, intitulé “ADN”. À 42 ans, des millions de disques vendus, “sept ou huit albums” au compteur – lui-même ne saurait être sûr – Abdelkrim Brahmi, alias Rim’K, semble avoir encore des choses à dire. “La musique quand t’es pris c’est pour la vie”, dit-il lors d’un entretien.

Octobre 1999 : trois jeunes de Vitry, en banlieue parisienne, Rim’K, AP et Mokobé, plus connus sous leur nom de scène, le “113”, sortent “Les princes de la ville”, un premier album pensé comme un hymne à leur “ghetto”, qui va entrer au panthéon du rap tricolore.

Identité et antiracisme

L’album, qui s’écoulera à plus de 350 000 exemplaires et raflera deux Victoires de la musique, laissera derrière lui un grand moment de télévision, lorsque le 11 mars 2000, le groupe débarque sur la scène des Victoires de la musique en Peugeot 504 pour chanter leur tube “Tonton du bled”. C’est ce titre qui va porter Rim’K, son interprète. Il y raconte, avec autodérision, sa double identité franco-algérienne: après avoir “dévalisé tout Tati”, direction “Bejaia City” (ville portuaire à l’est d’Alger) pour prendre “un verre de selecto imitation coca”.

“Cette chanson c’est un symbole parce que ça représente l’immigration et l’immigration c’est l’histoire de la France. Je pense que son succès vient du fait que tout le monde s’est reconnu là-dedans”, explique-t-il. En 2004, il lance sa carrière solo avec l’envie de “raconter des choses plus personnelles”. C’est le début d’une nouvelle ère avec les opus “L’enfant du pays”, “Famille nombreuse” (2007) ou “Chef de famille” (2012).

Portés par des titres comme “Dans la tête d’un jeune beur”, “Clandestino” ou les “oubliés”, il fait des question liées à l’identité et à l’antiracisme sa marque de fabrique. “C’est au centre de ma vie donc c’est normal que ma musique me ressemble”, pointe-t-il.

“Chef d’orchestre”

Ces années sont aussi marquées par de nombreuses collaborations, aussi bien avec des stars du rap, comme Booba, Oxmo Puccino, Ademo (PNL) ou encore Nekfeu, qu’avec des chanteurs comme Benjamin Biolay ou Grand Corps Malade… Et même un duo avec le groupe électro Daft Punk. Respecté par ses pairs, Rim’K, a aussi, très tôt, misé sur les nouveaux talents du rap, en signant des collaborations avec cette nouvelle scène dont sont issus Hatik, PLK ou Ninho.

“Je me positionne comme un artisan, j’ai ma petite boutique, elle est connue depuis longtemps. On vient, il y a un gage de qualité. J’assume de faire des choix parce que j’ai pas envie de devenir une grande surface”, dit-il. Des choix qui l’ont amené à refuser, en 2006, une collaboration, avec la chanteuse Rihanna. “Plus un coup commercial qu’un vrai projet musical”, se défend-il, revendiquant un travail de “chef d’orchestre”, sans cesse à la recherche de nouveaux talents pour créer “la meilleure symphonie possible”.

En 2017, un concert d’anthologie à l’Olympia rend hommage à sa trajectoire. Un “moment émouvant”, se remémore-t-il, alors que les salles de concert sont fermées depuis un an, crise sanitaire oblige. “La scène pour un artiste, c’est là où sa musique est vivante. Les enregistrements en studio c’est plaisant mais rien ne remplacera jamais la scène”, estime-t-il.