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Rotterdam(n) ! 48h entre architectures contemporaines et saveurs locales…

Par Laura Centrella

À seulement 5 heures de train de Luxembourg. en passant par Bruxelles-Midi, Rotterdam est moins connue que la très touristique Amsterdam, on ne va pas se mentir. Deuxième ville des Pays-Bas en nombre d’habitants, Rotterdam est peut-être moins charmante, mais bien plus atypique que sa rivale, capitale du pays et vaut clairement une virée hollandaise, notamment pour son architecture et sa gastronomie…

En effet, à l’exception de Église Saint-Laurent, il ne reste plus rien de la vieille ville médiévale de Rotterdam, largement bombardée par la Luftwaffe durant la Seconde Guerre mondiale. Mais la ville a su développer d’autres atouts autour de son immense port de commerce, le plus grand d’Europe, pour devenir une destination ubercool.

Géographie & conseils de base

On ne va pas y passer des heures, mais une petite mise au point géographique est nécessaire. On fait souvent la confusion, mais le mot « Hollande » n’est pas synonyme de « Pays-Bas ». Lorsque vous êtes à Amsterdam, vous êtes dans la province de Hollande-Septentrionale. Tandis que Rotterdam fait partie de la province de Hollande-Méridionale, dont le chef-lieu est La Haye. Si vous visitez l’une de ces trois villes, vous êtes donc à la fois en Hollande et aux Pays-bas! Ça, c’est fait. Quelle que soit l’appellation que vous utilisez, évitez d’aller à Rotterdam un lundi ou un mardi, car la plupart des restaurants sont fermés. Privilégiez plutôt le week-end car, contrairement à d’autres villes européennes, la ville reste dynamique le samedi et le dimanche.

Pour vos déplacements, comptez sur le réseau métro-tram-bus qui dessert parfaitement la ville. Mais pour une expérience unique, pensez aux bateaux-taxis (Watertaxi) qui circulent entre 50 points sur la rive de la Nouvelle-Meuse et traversent la ville plus rapidement que les taxis ordinaires. Les bateaux sont pour 8 ou 12 personnes, avec un prix de départ à 2,90€.

Marché & spécialités salées

Si vous commencez votre trip à Rotterdam un samedi matin, démarrez votre journée par le marché Binnenrotte (également le mardi), un marché populaire où vous ferez le plein de gouda fermier au lait cru (boerenkaas), goûterez à des poissons fumés ou frits. Comme le kibbeling, en géneral des morceaux de cabillaud panés et frits, même si cela peut aussi être du merlan, du lieu noir ou jaune… Ou du lekkerbek, idem mais en filets. À arroser de sauce rémoulade!  Toujours du côté des poissons, on n’oubliera pas non plus d’engloutir un Hollandse Nieuwe (maatje en Belgique) – en fait un hareng « vierge » assez gras et saumuré -, surtout quand c’est la saison, de mai à août. Un classique de la street food locale que l’on gobera en deux ou trois bouchées, en soulevant le poisson par la queue… Gloups!

Si on n’est pas trop fan de poisson, on fera plutôt la file devant une baraque à frites. Deux impératifs ici aux Pays-Bas: les déguster avec une pindasaus (à base de cacahuètes donc, une sauce saté d’influence indonésienne, ancienne colonie du pays…) et les accompagner de croquettes (bœuf, veau, poulet)… Et pour faire encore plus couleur locale, même pas besoin de faire la queue : les Rotterdamois achètent leurs « crasses » directement dans les distributeurs mis à disposition par les friteries et les snacks!

Architectures contemporaines 

Après le Binnenrotte, on pourra visiter la très connue Markthal, inaugurée en 2014. Même si cette halle gourmande vaut plus le détour pour son impressionnante architecture en fer à cheval aux larges baies vitrées, que pour ses stands de nourriture… On y dénichera toutefois tous les classiques hollandais et internationaux. 

On préférera, à deux pas, la découverte des colorées Maisons cubiques (kubuswoningen). Un ensemble de maisons innovantes construites dans les années 70 par l’architecte néerlandais Piet Blom. Il a incliné la base cubique d’une maison traditionnelle de 45 degrés et l’a posée sur un pylône en forme d’hexagone. Son concept évoque un village dans une ville, où chaque maison représente un arbre et toutes les maisons réunies, une forêt…

Autre architecture contemporaine à ne pas manquer, celle du pont Érasme (Erasmusbrug), qui relie la rive nord et la rive sud de la Nouvelle-Meuse. Construit par les architectes Ben van Berkel et Caroline Bos en 1996, ce pont de 802 mètres possède un immense pylône qui évoque le cou d’un cygne, mais son nom fait référence au philosophe humaniste Érasme, originaire de Rotterdam. C’est aussi l’un des plus grands ponts à bascule d’Europe – système qui permet de faire passer les plus gros bateaux.

Du côté des musées 

Ouverts les samedi et dimanche, la Kunsthal et le Dépôt Boijmans van Beuningen se trouvent à proximité l’un de l’autre, dans le joli parc des musées.  À la Kunsthal, on découvrira une programmation contemporaine souvent engagée, avec des expositions de femmes artistes. Jusqu’au 8 septembre, la Suissesse Sylvie Fleury y dévoile ainsi ses installations post-Pop dénonçant le machisme. Jusque fin mai, on pouvait également y voir les très belles peintures de Doron Langberg. Cet artiste queer new-yorkais peint des scènes intimes, des nus, des couples masculins…avec une palette chatoyante qui rappelle celle de l’artiste français Pierre Bonnard (1867-1947).

Le musée Boijmans Van Beuningen est fermé pour travaux jusqu’en 2026. Mais les peintures flamandes et italiennes des XVe et XVIe siècles et du siècle d’or néerlandais, ainsi que des tableaux de peintres modernes, comme Gauguin ou Van Gogh, sont visibles sur d’autres sites, et notamment au Dépôt du musée Boijmans Van Beuningen, ouvert en novembre 2021. Le musée est ainsi devenu le premier au monde à ouvrir les portes de ses réserves au public ! Mais ce Dépôt est une oeuvre d’art en soi, avec sa forme haute en cuvette et sa façade revêtue de miroirs qui reflètent le paysage, comme un tableau vivant.

Le shopping aussi, c’est une bonne idée!

Côté shopping, on privilégiera évidemment la découverte de chouettes marques néerlandaises. Comme Sissy Boy, qui offre un large choix de vêtement pour femmes, hommes et enfants à prix accessibles. On aime tout particulièrement leur sélection d’articles pour la maison, dont des boules de Noël créatives et farfelues. Griffe un peu plus chère, Scotch & Soda propose des collections de vêtements pour femmes, hommes et enfants plus stylées. 

Si l’on cherche une boutique de fringues qui sort du lot, direction Devastator, fondée par les designers et artisans néerlandais Erik Bosman et Arij den Otter. Ils y vendent leur pièces uniques réalisées sur-mesure, avec des matières haut de gamme recyclées. Ils présentent également une sélection pointue de designers internationaux. Autre designer à ne pas manquer, Susan Bijl a étudié à la Willem de Kooning Academy de Rotterdam, et s’est spécialisée dans les sacs minimalistes hauts en couleur. Elle revisite ainsi avec brio le shopping bag ou le bum bag (ici, le sac banane porté en bandoulière).Et la bonne nouvelle, c’est que la plupart des boutiques sont ouvertes le dimanche!

Bec sucré

Après ce bain de culture ou ce lèche-vitrines, on aura bien mérité un peu de réconfort… Deux options locales s’offrent à vous : les poffertjes ou les stroopwaffels. Les premières sont de petites crêpes moelleuses, un peu comme des mini pancakes, servies invariablement avec une belle lichette de beurre doux et du sucre glace. On les dégustera au Poffertjessalon Seth, juste en face de la Markthal. Une adresse restée dans son jus et dont l’un des ancêtres aurait importé ce délice de France… 

Les stroopwaffels, elles, sont des gaufres fines farcies au sirop. Dans le charmant salon de thé Didi’s, on les cuit et on les farcit à la minute. Si on le souhaite, on pourra leur ajouter des toppings très instagrammables (chocolat, marshmallows, Smarties…). En tout cas, on ne repartira pas sans un sachet de stroopwaffels qu’on offrira à son daron ou à sa daronne. 

Un bistro parfait

On n’a certes pas chômé, mais la journée n’est pas encore terminée… Il est temps de découvrir le Restaurant LUX sur la ’s Gravendijkwal, dans l’ouest de Rotterdam. Aux commandes depuis 2013, le chef d’origine serbe Milan Gataric y propose une cuisine d’inspiration italienne (avec des pizzas top ou des pastas), mais surtout un menu à la carte aux propositions inspirantes et vertueuses – on ne travaille ici que des produits de saison de petits producteurs locaux. Le tout associé à une sélection pointue de vins nature ou biodynamiques.

Ce jour-là, seul en cuisine, Milan Gataric envoyait un flétan à l’huile de raifort ou un superbe morceau d’agneau, avec une terrine de pommes de terre, des fèves et de l’ail des ours. Mais renseignez-vous avant d’y aller, car le chef a parfois la bougeotte. On l’a ainsi vu, en 2021, à la fameuse Auberge de Chassignolles en Haute-Loire. Et on murmure qu’il passera bientôt par Bruxelles…

Un petit-déjeuner sur les chapeaux de roue

Pour le petit-déjeuner, pas d’hésitation: on choisit une adresse qui fait l’unanimité. J’ai nommé Harvest. Une boulangerie qui fait des viennoiseries à tomber – ne manquez pas les cruffins à la vanille ou à la pistache! Optez en plus pour une proposition salée. Le choix sera cornélien, mais impossible de se tromper avec les œufs Bénédicte ou le pain perdu salé. L’été, on choisira les tables sur la micro-terrasse donnant sur l’eau. Juste à côté, on jettera un oeil aux anciens bateaux présents dans le Leuvehaven. Il y en a un peu partout, des petits ports de ce genre, avec parfois des bateaux-bars ou restaurants.

Dépaysement garanti

Les Pays-Bas ont gardé un amour inconditionnel pour la gastronomie de leurs anciennes colonies… Rotterdam n’échappe pas à la règle, avec de nombreuses cantines indonésiennes ou surinamiennes. C’est donc le moment de partir à l’aventure et de découvrir les plaisirs d’une table de riz indonésienne ou les saveurs moins connues du Surinam! 

Pour un bara, un sandwich typique à base de haricots mungo à grains noirs, que l’on choisira de farcir de curry de poulet, on ira chez Asha, Sranang (chinois surinamien) ou chez Warung mimi. Mais on pourra aussi goûter à d’autres spécialités surinamiennes, comme le pomtajer (sorte de gratin de taro, un plat d’origine juive) ou la soupe saoto, à base de poulet, de germes de soja, d’œufs durs et de nouilles frites.

Allez-y avant tout le monde!

Pas d’étoile Michelin, ni même d’étoile verte – alors qu’ici on utilise 100% de produits de saison néerlandais! Tout juste un 16/20 au Gault&Millau… C’est incompréhensible, tant le restaurant Tres est formidable. Dans une ambiance de speakeasy, une cave voûtée ayant abrité un ancien entrepôt maritime, le talentueux Michael van der Kroft propose une cuisine contemporaine audacieuse et créative.

Autour d’un grand comptoir en U, 20 convives dégustent ainsi 17 plats tous plus excitants les uns que les autres, osant les saveurs franches et intenses. On s’étonne de ce twist sur un beignet typique, le oliebol, farci ici avec des oeufs de truite et servi avec une mousse de n’djua à la truite. L’une des nombreuses créations du jeune chef néerlandais qui, dans son laboratoire, imagine des charcuteries de la mer ou de viande et fabrique aussi sa propre sauce soja… 

On s’émerveille aussi de découvrir une main de Bouddha (sorte de cédrat digité) d’un petit producteur local – oui, oui, en Hollande ! -, que van der Kroft râpe sur des raviolis réalisés avec du calmar, farcis d’un fudge de miso et servis avec une sauce au noix. Et si la cuisine est enthousiasmante, la sélection de vins réalisée par Emy Koster n’en n’est pas moins brillante, explorant souvent des terroirs inédits. L’accord sans alcool vaut lui aussi le détour, avec des potions maison détonantes, comme cette distillation de jalapeño et de poivron jaune rôti. Une adresse à ne surtout pas manquer!

Où dormir?

À quelques pas du pont Érasme et du métro Wilhelminaplein, donc à quelques arrêts du centre-ville, l’hôtel Room Mate Bruno offre des espaces communs et des chambres avec un chouette design, le tout pour un bon rapport qualité-prix. En plus, l’hôtel à un accès direct à la Foodhallen, une halle gourmande à l’atmosphère feutrée, où l’on peut prendre un verre, et/ou grignoter une pizza ou un banh mi vietnamien…

Ce format est également à retrouver dans le nouveau Bold Magazine #86, à lire en ligne ici!

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