Saison 24/25 : Teenage Dream…
Cet été, Bold décortique la saison à venir des institutions culturelles du Luxembourg et de la Grande Région et en dresse son best of thématique, pour un agenda culture bien curaté dès la rentrée. Cette semaine, on célèbre l’adolescence sur scène et dans le public…
Les propositions culturelles destinées aux jeunes publics continuent de s’étoffer au fil des saisons, tant en quantité qu’en qualité et en audace. Et si les tout petits sont facilement captivés par la scène, les ados peuvent parfois être perçus comme un public plus…distrait. Ce qui n’empêche pas les institutions culturelles de célébrer « l’âge ingrat » dans toute sa complexité la saison prochaine ! Parents et jeunes lecteurs, ceci est pour vous…
Aux Rotondes : le spectacle documentaire et participatif
Les jeunes publics ont toujours été un des axes créatifs forts des Rotondes, à Bonnevoie, et la saison 24/25 placera l’adolescence au centre de plusieurs spectacles à retenir ! Tout d’abord, sous l’impulsion du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse et inspirée d’interviews de 160 jeunes, Wellbeing – Mental Noise a été créé en 2021 à propos de trois jeunes faisant leur expérience de la vie, et découvrant leurs émotions et leurs désirs. Entre rêve et réalité, espoirs et peurs, amitié et amour, courage et résignation, confiance et perte, ils/elles tentent d’apprendre à se connaître, à trouver leur propre identité et à comprendre comment prendre soin d’eux/elles-mêmes et des autres. Marquant le début des Semaines de la Santé Mentale début octobre, cette pièce de théâtre documentaire, créée par les Rotondes et mise en scène par Nathalie Moyen, brise un tabou pour entamer le dialogue avec les jeunes…
Toujours en octobre, le format spécial Eutopia apportera un caractère participatif à ce début de saison et posera quelques sur les différentes manières de cohabiter… Pour ce faire, la performance, l’installation et le design de jeu sont combinés et les modèles biologiques, écologiques et anthropologiques sont remis en question. Le théâtre se transforme en un immense plateau de jeu autour duquel le public se regroupe et est invité à participer activement à l’expérience théâtrale. Avec Eutopia, le duo suisse Trickster-p développe de manière ludique une méthode créative pour « faire ensemble ». Une expérience de jeu interactive qui nous emmène vers le futur…
Au CAPE : des ombres et du foot féminin !
Sept artistes, une toile, de la lumière, de la musique… et voilà l’invitation à un voyage enchanteur au CAPE d’Ettelbruck en mars 2025. « Médias et public sont unanimes : un théâtre d’ombres qui fait de l’ombre à tout le reste ! » nous assure le centre culturel qui affectionne tout particulièrement cette forme d’art de la scène ! Partant de l’idée que « notre monde nous concerne tous ! », les Mobilés ont conçu le nouveau programme Moving Shadows – Our World poétique, créatif et surprenant. Il met en lumière les facettes ensoleillées et les zones d’ombre de notre monde, dans une incroyable combinaison de légèreté, précision, poésie, comédie, danse, acrobaties, art et mouvement. Aimants, souffrants, dansants, virevoltants, poétiques et drôles, les Mobilés enchantent leur public – en noir, en blanc et en couleur. Des ombres qui émerveillent le monde, et dont le public adolescent est particulièrement friand !
Mais avant cela, une coproduction avec le Théâtre du Centaure s’intéressera à la naissance des clubs de football féminin grâce à Ladies Football Club, juste après les fêtes. Quelque part en Angleterre, durant la Première Guerre mondiale, quand les hommes ont été envoyés se faire tuer à la guerre… À cette époque, dans une usine d’armement, onze femmes ouvrières se sont mises à taper dans un ballon, qui n’était autre qu’un prototype de bombe qu’elles fabriquaient sous les ordres de leurs patrons. Quel n’était pas le désarroi des hommes, des patrons, des prêtres, quand elles ont commencé à se constituer en équipe et à en affronter d’autres. Grâce à l’absence des hommes, les clubs de football féminins sont nés et un engouement du public s’en est suivi. C’est une histoire d’insoumission que celle du football féminin, et quoi de mieux que l’insoumission, le foot et l’incontournable Eugénie Anselin sur scène pour captiver nos ados ?
Au Grand Théâtre : un focus entier sur la saison
Comme l’a déclaré leur directeur Tom Leick-Burns lors de la présentation de la saison 24/25, pour les Théâtres de la Ville de Luxembourg : « le focus particulier génération.s, FOCUS ADOLESCENCE permettra de braquer les feux des projecteurs sur l’adolescence et d’explorer les questionnements et joies d’une période dans la vie où chacun et chacune prend conscience de sa place dans le monde et se construit au contact des autres et de l’environnement dans lequel il ou elle évolue. L’adolescence est un moment fragile, mais magique, où tout reste à construire, où tout peut advenir et où certaines rencontres peuvent être formatrices et déterminantes pour la construction du futur adulte qu’on deviendra. Ce focus est aussi l’occasion de provoquer des rencontres intéressantes dans le cadre des Samedis aux Théâtres, du Cercle des Spectateurs, des workshops, des introductions, des bords de plateaux, des visites guidées et interventions dans les lycées »…
Ainsi, nombreuses seront les occasions de mettre en lumière le potentiel de l’adolescence, tant dans le public que sur scène. En se concentrant sur la « rentrée » et la création, trois spectacles retiennent déjà notre attention, comme pour l’ouverture de saison signée Molière et Davide Bobée avec l’adaptation par ce dernier de Dom Juan. Dom Juan est un salaud, c’est aussi un héros. Ce type de figure, dont la stature nourrit encore notre imaginaire, se doit d’être traitée avec toute la complexité qu’elle mérite. Dans un cimetière d’immenses statues déboulonnées, tombées de leur piédestal, Dom Juan est incarné par Radouan Leflahi qui sait prouver qu’on peut être, en scène, un vaurien admirable. Il s’agit d’une lecture politique de cette œuvre, mais qui ne taira pas pour autant les qualités de sa narration. Une nouvelle revisite des grandes figures littéraires et historiques, par un habitué des lieux…
Plus tard c’est Anne Simon qui s’emparera se la scène du « GT » avec Lone Wolf, une expérience théâtrale immersive conçue par l’équipe de création constituée autour d’Anne Simon et d’Isaac Bush. Développé au cours d’ateliers en milieu scolaire à Luxembourg et à New York, Lone Wolf est une pièce en gibberish, qui explore les attentes sociales, le consumérisme, les fusillades dans les écoles, ainsi que la tension entre le comportement aveugle d’un groupe et le besoin de reconnaissance de l’individu. À la fois conte de fées absurde, sombrement comique et pièce de théâtre musical et physique axée sur les mécanismes d’exclusion et la mentalité de meute, la création explore la part d’imprévisibilité en nous…
Enfin, on ne manquera pas In My Mind aux Capucins en décembre, avec notamment l’excellente Nora Zrika sur scène. Deuxième lauréate de la résidence de fin de création Capucins Libre, la compagnie de théâtre messine, Compagnie 22, dirigée par les artistes Pauline Collet, Stéphane Robles et Justin Pleutin a mené, durant trois ans, un travail de rencontre et de recherche auprès d’adolescents. Sur le terreau fertile de leurs questionnements, leurs doutes, leurs peurs et leurs rêves est né le texte In My Mind, dont l’écriture a été confiée à la dramaturge belge Céline De Bo. Camille est parti.e ! Une fugue? Une révolte? Un acte de courage? L’adolescent.e cherche simplement à sortir d’un quotidien qui l’enferme dans un flot de pensées trop difficile à gérer. Sa mère est en proie aux inquiétudes et aux questions…
AU NEST : Romeo et Juliette, the remix !
Dès la rentrée, le NEST de Thionville propose de découvrir autrement l’histoire de Roméo et Juliette ! Car ici, les ados ne se laisseront pas faire par les tenants de l’Ancien Monde , « ces boomers confits dans leurs haines ancestrales » et se réapproprieront leur destin… C’est à une vraie aventure théâtrale que convie la metteuse en scène Elsa Granat, artiste au long court au NEST. Iconoclaste, elle aime déconstruire les mythes, casser les codes, mêler les générations d’acteurs et impliquer des artistes amateurs dans ses créations. Ses spectacles, intensément vivants, souvent nourris d’expériences vécues, débordent d’émotions, de sensations, d’images fortes. Dans Les Grands Sensibles, elle renverse ici les rôles. Ce sont les « jeunes » qui enseignent aux « vieux » !
Un concentré de news culture, de bons plans lifestyle, de reviews et d’exclus en une newsletter BOLD chaque mercredi ? C’est en un clic avec ce lien !
