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Starcrawler : pour qui sonne le glam (dans le garage)

Texte : Thibaut André
Photos : Carl Neyroud
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Ce fut une soirée épique dans la fournaise des Rotondes vendredi soir. Organisé par l’Atelier, l’événement musical se place sous le signe de la jeunesse dépravée et insolente sur fond de punk garage nimbé de glam rock.

La scintillante Céline (aka DJ Cat Claw)  – que vous retrouvez régulièrement sur Radio ARA – aura l’insigne honneur d’ouvrir le bal en mixant une petite heure au gré de ses humeurs et de ses envies. Ca va de l’underground des 90s à la soul contemporaine en passant par la dance pop. Le calme avant la tempête.

Il est 21h30 lorsque Starcrawler balance les premiers accords. Révélation de la scène underground de Los Angeles, le quatuor est emmené par la charismatique Arrow de Wilde. Le groupe vient de sortir son premier album éponyme sur le label Rough Trade et émerge dans l’underground avec le single « I love L.A. » dont le clip évoque la désinvolture de la jeunesse californienne blasée et gâtée pourrie. Les chansons sont brèves, proches du format punk avec en moyenne deux minutes par morceau. L’énergie est brute et le son bien garage.

Si Arrow affiche une silhouette filiforme et un visage d’enfant, elle montre toutes les qualités d’une frontwoman aux performances détonantes et aux vocalises enragées. Elle dégage avec maestro une provocation pure et dure. Son jeu de scène oscille entre la fureur des proto-punks qui sévissaient à Detroit dans les 60s (Stooges, MC5…) et les séries gore façon Walking Dead ou encore 28 Weeks Later. C’est outrageux et sanguinolent. C’est violent et décharné. Son corps et son visage d’enfant prépubère allongé contrastent avec l’obscénité de certaines poses pour plonger l’audience dans l’ambiance dépravée de cet instinct primaire qui définit le rock’n roll : le goût du scandale.

D’ailleurs, elle n’a pas peur de mouiller le maillot et de descendre dans la fosse, suivi par son joyeux drille de guitariste sautillant. Le public en fera les frais dont certains membres qui finiront par chercher leurs lunettes (votre serviteur en l’occurrence) ou à déplorer un ongle cassé (Dany, tout va bien, tu sais) quand ils n’affichent pas une bouille rougie de (faux) sang ou déplorent un bris de tasse (boire du café pendant un concert, je vous demande un peu).

Lorsque le refrain du single cité plus haut est envoyé, c’est tout le public qui le reprend en chœur. L’ambiance dans la salle des anciens ateliers du chemin de fer est surchauffée. On y retrouve la chaleur des locomotives d’antan passée à l’énergie des vapeurs rock’n rollesques de Starcrawler.

Le concert est assez court, environ une grosse demi-heure, mais l’énergie est pure et la performance sincère. Cette très jeune formation d’à peine deux ans et dont la moyenne d’âge ne dépasse pas la vingtaine doit encore faire ses armes en termes de justesse d’exécution, notamment à la batterie, mais elle affiche néanmoins une maîtrise impressionnante des clichés rock pour peut-être devenir à terme un acteur proéminent de la scène underground. Affaire à suivre.