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SUPERPOZE, Une magistrale ouverture

Texte Godefroy Gordet
Photo Nathanne LE CORRE

Derrière Superpoze se cache Gabriel Legeleux, un jeune musicien qui nous vient de Caen. Passé par le Conservatoire de Musique, dans des cours de formation musicale, entre solfège et orchestre, en passant par des cours de percussion, là où la logique le voudrait le plus à l’aise, en 2012, sans crier gare, il envoie en live un remix du titre Confort de Kim Novak, euphorie instantanée, la notoriété du jeune beatmaker explose! Après ses EPs From The Cold en 2012 et Jaguar en 2013, le jeune prodige de l’électro passe par le label Kitsuné pour sortir le magnifique et inattendu Pavane, pour ensuite nous exalter avec un single en collaboration avec Stwo, d’où sortent Untitled et Late, deux titres vibrants! Aujourd’hui, le Caennais profite du très bon accueil que trouve son premier album, humblement baptisé Opening. Un disque qui s’écoute d’une traite, plein d’une électro mélodieuse qui invite à planer aussi loin qu’on peut. Une ouverture magnifique!

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  • Superpoze, qui es-tu, d’où viens-tu?

Je m’appelle Gabriel, je suis français, je viens de Caen et actuellement j’habite à Paris. Je fais de la musique sous le nom de Superpoze depuis plusieurs années et là je viens de sortir un album qui s’appelle Opening.

  • Pourquoi «Superpoze»?

C’est un truc qui me vient de l’adolescence. A l’époque je faisais du rap, du graffiti… J’étais ancré dans la culture hip-hop avec cette idée du blase et d’un truc qui claque, qui sonne.

  • C’est un truc que tu as posé à droite à gauche sur les murs alors?

C’était plus pour faire de la musique mais on a eu une petite période graffiti oui. 

  • Tu peux définir brièvement le projet Superpoze?

C’est un projet principalement instrumental. Je suis seul sous ce pseudo, c’est le nom que je me donne pour composer ma musique. C’est vraiment hyper large, les premiers EP que j’ai sortis étaient assez proches d’une culture plus beatmaking, avec sampler. Début avril j’ai sorti un album qui a d’autres influences.

  • On peut dire que tu es un enfant du Cargö, la SMAC de Caen, penses-tu être tombé dans une période bénie pour la musique électro?

Non pas du tout, j’ai fait ma musique. Je viens d’une petite ville, il n’y avait pas grand monde qui faisait des choses. J’étais très à l’aise, pas comme quand tu grandis dans une grande ville comme Paris, où il y a déjà beaucoup de labels et une vraie effervescence musicale avec plein de types très présents. J’ai pu développer assez librement ma musique sans avoir l’impression d’être dans une période bénie comme tu dis.

  • C’est venu assez vite finalement?

Oui. J’étais étudiant et je me suis mis à faire que ça tout le temps J’ai fait mes premiers morceaux, j’ai sorti un EP, j’ai fait des lives et grâce au bouche à oreille j’ai fait de plus en plus de lives… Petit à petit ça s’est enclenché comme ça. Ensuite, j’ai beaucoup tourné. En 2014 j’ai fait une tournée à l’étranger, puis je me suis posé pour composer mon album que je viens de sortir.

  • L’album est annoncé comme ton premier disque mais en 2010 sur Lost Cosmonaut tu as sorti 12 pistes. Comment considères-tu ce disque?

Lost Cosmonaut n’est pas vraiment un album, c’est plutôt une compil’ de mes brouillons. Un peu comme une bande démo en gros.

  • Pour ceux qui comme moi écoute mais ne touche pas à la prod’ électro, tu peux nous expliquer le truc que certains beatmaker ont avec la MPC?

C’est un sampler, ça permet de prendre des échantillons, d’aller puiser dans les morceaux qui existent. Tu peux enregistrer des parties de piano, de guitare, tu les découpes et tu les rejoues ensuite rythmiquement avec les pads de la MP. J’ai vraiment commencé avec ce truc-là. J’ai une approche vraiment hip-hop de la composition mais ça s’est dilué dans d’autres influences plus électroniques ou même classiques. Aujourd’hui c’est un outil que j’utilise encore mais qui n’est pas représentatif de ma musique. Je me suis un peu éloigné de ce truc de beatmaking qui était juste mon point de départ.

  • En 2013, tu passes chez Kitsuné Music pour sortir ton EP Pavane, ça fait quoi d’être soutenu par un label aussi prestigieux?

Je ne sais pas si ça a été déterminant mais c’est une super expérience. C’est un label qui a une grosse aura, une identité forte. En plus j’ai sorti Pavane qui est un morceau qui ne sonnait pas du tout comme ce que j’avais l’habitude de sortir. Donc c’était super intéressant de faire cette rencontre en s’éloignant un peu des barrières de styles. Ne pas me mettre dans un style défini c’est un truc auquel je tiens beaucoup.

  • C’est quoi le moment marquant de ton parcours sur ces cinq dernières années?

Pour moi c’est ma grosse tournée live et ma tournée à l’étranger qui m’a permis de prendre vachement de recul sur ma musique. J’ai passé trois semaines en Asie tout seul, ce qui m’a permis de composer Opening sans penser au format ou à la musique que je faisais avant. J’ai pu faire vraiment la musique que je voulais.

  • Opening est sorti le 6 avril dernier, quels sont les retours?

C’est super, je suis hyper content. Les gens comprennent ce que j’ai voulu faire. Que ce soit un album qui s’écoute d’une traite, que ce soit un objet entier.

  • Tu sors Opening sur le label collectif Combien Mille que tu as monté en 2011, tu peux nous parler de cette démarche d’autoproduction?

J’ai monté ce label dès le début pour être autonome et surtout être rapide. Quand je composais de la musique seul, ça me paraissait évident de ne pas avoir 36 intermédiaires avant de sortir ma musique. Ça c’est le truc de la «génération laptop», on compose avec des machines, on va vite, donc c’est normal de vouloir sortir rapidement notre musique. J’ai gardé le label car c’est quelque chose auquel je tiens. Je sors ma musique dessus, j’ai sorti des EP de collaboration, l’un avec Stwo et l’autre sous le nom de Kuage. Le label se développera petit à petit mais pour l’instant je suis concentré sur ma musique. 

https://www.youtube.com/watch?v=3HF7QmofqPI

  • Ce qui est énorme dans Opening c’est que tu réinventes ton propre style. L’album est hyper aérien, on plane à l’écoute, on voyage, comme si l’on visitait de nouveau monde à chaque titre. Quel genre de film tu te tournes pour créer ta musique? Quels genres d’images t’influences?

C’est intéressant comme question car ce que j’explique souvent c’est que pour moi cet album c’est vraiment de la musique avant tout. C’est pas la bande son d’un film imaginaire. Ça évoque des images, car la musique évoque toujours des images et à moi aussi, mais les images ne sont pas là avant de composer la musique. Je tiens vraiment à faire des mélodies, à écrire des harmonies qui me plaisent et me touchent. C’est vraiment la sensation esthétique de la musique qui m’intéresse. Je ne veux pas essayer de reproduire des images en musique. Une fois que la musique est finie, des images vont forcément apparaître.

  • Du coup, avec ce genre de musique hyper «visuelle», on te verrait bien faire plus de clip… Tu prévois quelque chose pour cet album?

Là je suis en train de travailler sur un clip mais y en a pas encore qui sont sortis. J’ai confié ça un mec. Le clip va être tourné bientôt. 

  • En petit comité ou plutôt en grosse prod’?

Entre les deux (rire). Je bosse avec une boite qui s’appelle Anniki.

J’ai habité un an en collocation avec Adrien. Naturellement on s’est mis à faire de la musique. C’était une période où on écoutait beaucoup de techno, de sons club, des trucs qu’on écoutait pas avant. Logiquement on a commencé à composer des morceaux plus orientés dans ce sens et à monter un live qu’on a fait tourner récemment.

  • Un live qui se greffe un peu à Superpoze…

Oui carrément. Ça m’a beaucoup apporté de faire Kuage. Même par rapport à mon projet solo, ça m’a ouvert sur des structures de morceaux différentes, une construction live différente… C’est un truc très important pour moi et ce n’est pas fini, on a de nouveaux morceaux, on va encore sortir un EP, je ne sais pas encore quand mais ce n’est pas terminé.

  • Comment tu fais pour prendre de la distance par rapport à Superpoze?

Quand j’ai des idées et qu’elles me paraissent évidentes pour être travaillées avec Adrien par la suite, je les garde. Mais là par exemple pour l’album, j’ai pas fait morceau par morceau, j’ai vraiment fait tout d’un coup. Les morceaux ont été lancés ensemble donc ça ne pouvait être que du Superpoze. 

  • Tu as été jouer jusqu’en Russie. Où rêves-tu de jouer?

Oui en été 2013 j’étais en Russie. Mais j’ai envie de jouer partout où je ne suis pas allé. Après il y a des pays que j’adore. J’ai toujours été fasciné par la Scandinavie, les pays du Nord, la Norvège, la Finlande, l’Islande. Je suis déjà allé en Norvège mais pas dans les autres… Ce sont des pays où j’aimerais vraiment aller.

  • Tu entames une tournée en France et en Belgique…

Ma tournée vient de commencer. A la fin de la semaine je joue à Marseille et à Lyon. Le 5 mai à Paris à la Maroquinerie, ensuite à Bruxelles et je fais des festivals en Belgique.

  • Tu fais notamment une scène au Festival Dour aux côtés de nombreux grands artistes de la scène musicale alternative d’aujourd’hui… Dour c’est un passage obligé pour les beatmaker de ta génération?

Je pense. J’ai eu de la chance de le faire il y a deux ans. Je suis hyper content d’y retourner. C’est un festival qui est important, la programmation est super et l’ambiance est folle. J’ai toujours hâte d’y aller. 

  • La scène ça représente quoi pour toi?

Ça représente une bonne partie de ce qu’est ma musique. C’est là que je finis les morceaux, où je leur donne une autre lecture. Quand tu enregistres un album, à un moment tu abandonnes. Un morceau n’est jamais fini, ça peut toujours être relifté, changé. Le live ça permet de réécrire les morceaux. C’est important.

  • Ça te botterait de venir jouer dans le coin un de ces jours?

Oui j’adorerais, j’attends qu’une invitation!

  • J’ai tes coordonnées pour organiser ça alors (rire)!

Ok, ça marche on fait ça (rire)…

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