The X : Yacko et Sarah font de la musique et la fête
Né en pleine apocalypse Covid, le duo The X est venu bousculer la scène luxembourgeoise avec ses synthés crasseux et son énergie rock sans compromis. Entre riffs explosifs et boums boums qui tabassent, le seul mot d’ordre de Sarah Kertz et Yacko est zéro règle. Ici, on fait ce qu’on veut, on joue ce qu’on aime et on ne suit aucune tendance. Prêts à plonger dans leur chaos créatif, entre afters sauvages et expérimentations sonores ? Entretien avec deux cybers keupons !
Il paraît que votre projet est apparu lors du confinement, d’ailleurs, vous avez eu le Covid combien de fois ?
Très innovant, on adore quand la première question est dans le top 10 des questions les plus chiantes qu’on puisse poser pour lancer une interview. Just kidding ! Ironiquement, on a tous les deux chopé cette saloperie après avoir reçu la « deuxième dose ». Mais bon, on en a profité pour terminer Donkey Kong sur la Super Nintendo.
On dit LE ou LA Covid ? Et est-ce vraiment une invention du gouvernement pour tous nous contrôler ?
Ça doit être they/them Covid, mais pas sûr… En ce qui concerne le gouvernement, le capitalisme fait déjà un très bon travail pour nous contrôler, puisqu’on veut tous ce nouvel iPhone avec ses 17 caméras.
Si Yacko s’autorise à chanter, est-ce que Sarah s’autorise à triturer les potards des synthés ?
C’est ça, on fait ce qu’on veut. On adore changer de rôles sur scène : parfois on joue d’un instrument, parfois on chante. Il n’y a pas de règles, pour personne. Ça dépend vraiment du morceau. On choisit toujours ce qui est le mieux pour la composition, tout en gardant le côté live à l’esprit.
Yacko, j’ai toujours cru que tu étais le meilleur guitariste du pays, pourquoi tu délaisses ta guitare au profit de synthés analogiques ?
Eh bien merci, je fais de mon mieux ! Je suis toujours sur scène en tant que guitariste dans un groupe de punk hardcore français avec lequel je tourne pas mal. Mais bon, on ne gagne pas sa vie en jouant de la guitare, haha. Il fallait que je trouve autre chose pour financer mes gin-tonics. Blague à part, j’ai toujours été fan de musique électronique, mais à l’époque, les styles ne se mélangeaient pas si facilement, alors je n’osais pas sortir mes compositions. Avec l’âge, la liste des « I don’t give a fuck » s’allonge : certains commencent à se balader en Birkenstock en ville – moi, j’ai commencé à sortir des morceaux avec The X.
Vous avez gardé tes influences « rock » dans The X ?
Le côté punk, rock, ou même métal restera toujours une influence dans nos compositions pour The X. Parfois, un riff de métal peut être « transformé » en une ligne de basse acid techno, ou des accords de guitare peuvent soutenir un synthé dans un refrain. Ce que je recherche dans ma musique, c’est l’innovation, la création de nouveaux sons qui m’inspirent. Les possibilités avec les synthétiseurs sont quasi illimitées. Jimi Hendrix combinait un Fuzz Face avec une wah-wah pour imiter des bombes qui tombent dans son interprétation de « The Star-Spangled Banner ». Pink Floyd expérimentait avec des magnétophones pour créer des boucles sur « Dark Side of the Moon ». Suzanne Ciani a été une pionnière des synthétiseurs avec son synthétiseur modulaire. Ce sont ces artistes qui m’inspirent à explorer les possibilités sonores.
Quel est le bpm idéal de The X ?
Il n’y a pas de BPM idéal pour nous, mais ces derniers temps, nous n’avons rien composé en dessous de 130 BPM. Notre premier maxi était bien plus lent, moins sombre et agressif. La rapidité avec laquelle on passe d’une chose à une autre dans la société – scandale après scandale, guerre après guerre, connerie après connerie – a certainement une influence sur notre façon d’écrire des morceaux.
Vous avez sorti deux maxis, j’imagine que l’album doit déjà être quasi fini sur vos disques durs.
Depuis l’ère du streaming, la façon de sortir de la musique a beaucoup changé, surtout depuis que ce « con » suédois a fait croire aux gens que toute ta famille peut écouter toute la musique actuelle pour 10 euros par mois… désolé, je m’égare. Selon nous, le format album fonctionne mieux pour les grands artistes soutenus par de grands labels. On a tellement de compositions qu’on pourrait facilement sortir un, voire deux albums, mais pour l’instant, ça ne nous intéresse pas vraiment. On garde pas mal de morceaux pour nos lives, car on adore l’idée que les gens doivent venir à nos concerts pour plonger plus profondément dans notre univers. Ce n’est pas juste une chanson sur une playlist de streaming : si tu veux la dose complète, il faut aller plus loin, il faut nous suivre dans le terrier du lapin.
Vous avez des dates de prévues ?
Non, en ce moment, on travaille sur beaucoup d’autres choses. On adore créer des clips pour nos compositions, raconter une histoire plutôt que de simplement sortir des morceaux. Au Luxembourg, si tu joues trop souvent, au bout de trois fois, tu te retrouveras avec ta grand-mère et son teckel comme seuls spectateurs, surtout si tu oses demander de l’argent pour tes concerts (rires) !
Sur votre rider, vous avez déjà demandé un truc complètement absurde, juste pour tester jusqu’où les organisateurs iraient ?
Non, mais une fois que Diddy sera notre manager, ça changera !
C’est comment de faire un after show avec vous deux ?
Les after-parties sont comme notre musique : intenses, sombres, parfois folles. Il faut le vivre soi-même pour comprendre, mais il y a un risque que tu te réveilles sans savoir à qui appartiennent les sous-vêtements que tu portes. On adore faire la fête avec des gens déjantés.
Ce serait quoi le plateau idéal avec que des artistes luxembourgeois ?
Sans doute, l’idéal serait un festival en intérieur, dans un club, avec nos potes de Them Lights, Ryvage et Foreigners, suivi d’une grosse after-party avec Steve K. aux platines.
Quel serait votre featuring de rêve ?
La liste est longue, mais pouvoir travailler avec Justice, Boy Harsher, Gesaffelstein, Sextile, Ho99o9, Bambie Thug ou encore Prodigy serait un bon début. Il y a tellement d’artistes intéressants de différents styles qu’il est difficile de répondre de manière définitive. Ce serait aussi intéressant de collaborer avec des groupes qui ne font pas du tout le même style, comme Travis Scott ou Depeche Mode. Dans tous les cas, le morceau serait sale, sombre et dansant.
Vous avez des morceaux très orientés electro dancefloor. Vous aimeriez être remixé par quel DJ ?
On aime beaucoup de DJs comme I Hate Models, Rødhåd ou encore Vitalic (son remix de « 1982 » de Miss Kittin passe au moins une fois par semaine à la maison). Peu importe le morceau, ce serait génial de découvrir ce qu’un DJ avec une approche techno pourrait faire de nos titres.
D’ailleurs, ça ne vous dit pas de faire des DJ sets ?
Carrément !
C’est quoi la définition exacte de votre son ?
On n’aime pas les définitions. Je suppose que ton meilleur travail, c’est quand tu arrives à émerveiller un public avec ce que tu fais, même s’il ne comprend pas exactement ce qui se passe — un peu comme un magicien.
À quoi ressemble le public idéal de the X ?
Un public qui a envie de faire la fête, de danser, qui ne craint pas de se laisser aller.
Vous répétez chez Mulles ? Ça existe toujours ?
On avait notre QG à côté de chez Mulles, appelé le Rabbit Hole, où on répétait, construisait des décors pour nos lives et où on faisait simplement la fête avec des potes. Malheureusement, cet endroit n’existe plus depuis deux mois. RTL a fait un très bon reportage sur Mulles. C’est là qu’on s’est connus, donc on doit tout à cet endroit magique.
Pouvez-vous chacun donner la définition de l’autre ?
Yacko est un extra-terrestre, toujours en train de travailler et de faire des plans. Il voit des choses chez les gens et dans les situations que personne d’autre ne remarque, comme un savant fou.
Sarah est une excellente chanteuse, née pour être sur scène. Elle a ce don de toujours trouver la bonne mélodie, un grand sens du rythme et en plus, elle m’empêche de tuer des gens au quotidien. Nous formons une super équipe !
Sur scène, c’est quoi un bon concert ?
Il y a des moments où tout est simplement parfait : la vibe, le son, le jeu et un bel échange d’énergie avec le public. Le plus important, c’est de s’amuser, et tu peux être sûr qu’on s’éclate !
On danse comment sur du The X ?
Un mélange de violent dancing à la hardcore new-yorkaise, de mouvements de danse techno de Détroit, et de l’extase de Woodstock.
Si The X était la bande originale d’un film, ce serait lequel ?
Climax de Gaspar Noé.
C’est comment un désaccord entre vous deux, ça finit en bagarre violente ?
Hahaha, non, jamais ! Même si parfois on n’est pas d’accord, comme tout le monde, ce sera toujours us against this cruel world !
Si vous deviez choisir une ville où vous pourriez faire un concert secret, ce serait où ?
Tokyo ou Berlin. On adore ces grandes villes où toutes les énergies se mélangent, c’est très particulier. Tokyo pour sa vibe futuriste et Berlin pour les fous furieux sur le dancefloor.
Vous pourriez sacrifier votre son pour gagner un max de fric ?
Le but, c’est vendre son art, mais pas son âme. Il y a certainement un juste milieu. On ne peut pas forcer les choses, il faut suivre le flow. Comme le disait Bukowski : « Stop trying ».
Ce portrait est également à retrouver dans le Bold Magazine #88, à lire en ligne ici!
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