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THE YOUNG GODS présentent “Data Mirage Tangram” à Arlon

Texte : Loïc Jurion ; Carl Neyroud
Photos : Carl Neyroud / Deadly Sexy Carl
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Vendredi 29 novembre, à l’Entrepôt d’Arlon, le public avait répondu présent à l’invitation lancée par The Young Gods pour la promotion de leur 12ème albums studios Data Mirage Tangram (paru en février 2019). L’affluence a frôlé le Sold Out pour cette étape de la deuxième série de tournée qui démontre le succès de ce nouvel opus.

A l’Entrepôt, on fait bien les choses, alors, le très intéressant Faust Project était missionné pour ouvrir cette soirée de rock « hybride ». Et, il a facilement transformé « l’essai ». Seul avec sa guitare et ses séquenceurs, lunettes noires et des projections du plus effet en arrière scène, il nous a immergé dans son univers dense, à haute teneur en bpm aux accents EBM (#vivelesacronymes).

Depuis quelques 3 décennies, le charismatique fondateur du groupe, Franz Treichler, utilise des machines pour s’affranchir des contraintes de la guitare. Le tour de force de ces 2 premières décades était de réaliser de puissants live libérant des avalanches de guitares sans que cet instrument ne soit présent sur scène. La formation évolue puisqu’en 1997, Bernard Trontin prend place derrière les futs. Puis, Cezare Pizzi qui était « programmateur » au début de l’aventure est revenu en 2012 pour compléter ce triangle magique. Ainsi, le nouveau, ce nouveau socle rythmique qui s’entend à merveille a permis une nouvelle façon de composer. Les nouvelles compositions signent le retour « physique » de la guitare sur scène et, pour notre plus grand bonheur, Franz Treicher, va nous démontrer sa virtuosité à la 6 cordes en réalisant une prestation de haute volée. Sur scène, la magnifique batterie trône au milieu, tandis que sur sa droite est implanté l’ampli guitare et sur sa gauche on trouve le sampler, l’arme de « Vibrations » massives du groupe.

La première partie du set voit le trio nous offrir l’intégralité des titres du nouvel album. Mais ils sont joués dans un ordre différent. Une manière de nous rappeler que le Tangram est ce jeu géométrique, composé de 7 triangles permettant de créer un grand nombre de combinaison de silhouettes. La guitare douce et hypnotique de la bien nommée Entrée en matière qui ouvre le show nous caresse pendant presque 9 minutes. Dès le 2ème titre, Figures sans Noms, le nouveau groove joué par le sampler de Cesare Pizzi commence à faire osciller les épaules du public. Les têtes bougent sur les sons organiques produits par les machines (et pilotés par un ingénieur de génie) épaulées par une batterie à l’équilibre parfait.

Le riff hypnotique joué à la wah wah de Tear Up The Red Sky plane au-dessus d’un flot de lave en fusion créé par la section rythmique batterie / sampler. Si la guitare est effectivement magistralement de retour sur scène, c’est aussi pour mieux « flouter » les cartes avec le sampler. L’instrument à cordes et la machine s’échangent, se mélangent, s’enlacent, fusionnent pour former un ensemble protéiforme à la puissance impressionnante parsemée de magnifique envolée mélodique . Le voyage est déjà bien entamé quand la démonstration de force arrive avec All my Skin Standing : les incantations chamaniques de la voix nous enrobent de douceurs. « Au fur et à mesure » est scandé dans les hauts parleurs, jusqu’aux coups de rasoir des riffs de guitares qui viennent déchirer ce cocon confortable qui était en construction. Des Larsens très « Earthling » viennent s’accrocher tout en haut de cet édifice. Le sampler s’étire alors de toute sa longueur pour se lover autour de nos épaules, « au fur et à mesure » est répété jusqu’à la conclusion de ce trip de presque 14 minutes.

A chaque fin des chansons, les applaudissements sont de plus en plus forts. Le public répond présent à ce menu complexe et on sent que ce retour touche le groupe. C’est alors qu’ils vont nous présenter 2 perles de leur riche répertoire avec About Time (issue de Super Ready / Fragmenté), Kissing The Sun(extraite de Only Heaven) dans des versions avec la configuration instrumentale actuelle : The Young Gods #2019 ça envoie du bois !. Nous avons la chance de vivre ces deux magnifiques relectures qui vont nous amener à la 7ème et dernière pièce du tangram avec You Gave Me a Name qui conclue ce set tout en maitrise et en puissance.

La concentration des 3 musiciens aura été maximale durant le show. Lors du retour sur les planches pour le premier rappel, Franz TREICHLER communique avec la salle. Il se rappelle que la dernière venue à l’Entrepôt d’Arlon remonte à environs 8 ans (et une bonne partie du public était déjà présente…). Pour fêter ce retour dans une salle où ils se sentent bien, le groupe nous offre une magnifique version de Tenter le grillage (tirée de l’album Everybody Knows de 2010).

Le 2ème rappel sera gagnant voire même carrément triomphal. « Gasoline Man » et « Skinflowers » nous replongent violemment à l’ère où le groupe jouait sur scène sans guitare. Les fans de la première de la première heure sont à leurs combles avec ces perles des années 90 royalement exécutées. L’ovation devient alors générale pour saluer la performance d’une centaine de minutes où les Young Gods nous auront fait voler vers les cimes des montagnes pour nous plonger ensuite vers les profondeurs abyssales d’un rock en perpétuel mutation avec ce groove électronique imparable. Le groupe quitte la salle sous les applaudissements du public qui vient de vivre une prestation de 3 grands musiciens maitrisant parfaitement leurs sujets.

Les lumières se rallument et les regards se croisent avec des étoiles plein les yeux. Quelle chance de pouvoir vivre ce concert de virtuoses avec une telle proximité et un son d’une telle pureté… Quelques instants plus tard, lafter show sonorisé par Sébastien Vecrin diffuse sa sélection de vinyl quand chacun des membres du groupe vient échanger avec le public. Franz aura même l’occasion de croiser un ancien membre de Dole se remémorant les temps où ces 2 groupes étaient sur le label PIAS. C’est peut être un peu grâce à ce label belge qui leur a fait confiance en premier que les Young Gods aiment venir se produire dans le Royaume…