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TOM FIRE, entre vieille et nouvelle école…

Texte Godefroy Gordet
Photo Diane Sagnier

 

Alors que les années 80-90, une époque où l’on tournait le dos aux DJs, sont révolues, que la musique électro, inspirée des décennies passées, connaît un renouveau croissant, voilà qu’un nom s’envole de plus en plus en haut, celui de Tom Fire. Lancé il y a 4 ans en solo, Tom Fire a été formé au conservatoire de musique classique, où il y apprend le piano et la contrebasse. Lancé dans une école de jazz en parallèle, au conservatoire toujours, il suit une classe de musique assistée par ordinateur. A tout juste 13 ans, il découvre les synthés et les ordinateurs, pour ne jamais plus les lâcher. Arrangeur, musicien et ingénieur du son à l’origine, pendant une quinzaine d’années il bichonnera les prod’ de groupes variés, tels que, Java, No One Is Innocent, Winston Mc Anuff, La Caravane Passe, MC Solaar, et bien d’autres, avant de développer son projet perso. Producteur/compositeur à l’ancienne, installé dans son studio parisien, l’artiste invente une musique mêlant dub, pop, électro, riddim, pour donner à entendre un style aux couleurs très particulières. Après The Revenge, un premier disque tonitruant, le Parisien revient avec Low Fidelity, un disque très réussi développé entre pote, «un album familial, avec de bonnes vibes, et aucune tension dans la production»…
_DSC3115 copy (Diane Sagnier)

  • Tu bosses dans la musique depuis toujours. Ton projet solo il est arrivé tard?

Oui plutôt. J’ai beaucoup bossé pour d’autres gens et je n’avais pas trop de temps pour me lancer. Ce sont aussi mes rencontres qui m’ont poussé à développer mon projet. Wagram, mon label, avec qui j’avais déjà bossé sur les albums de Winston Mc Anuff, la Caravane Passe ou Java, m’a beaucoup soutenu. J’ai toujours fait des productions personnelles mais, à part certaines sorties sous d’autres noms, elles sont toujours restées dans mon ordinateur. 

  • Donc pendant une quinzaine d’années tu as accompagné des types comme R-wan, Java, Winston Mc Anuff, Yale Naim, La Caravane Passe, ou Mc Solaar… Travailler avec ce genre d’artistes, tu penses que ça a influencé ta propre musique?

Non pas forcément. C’était des projets différents. Par contre ça m’a appris le métier de production, le mixage, les arrangements… Mais quand je réécoute mes premiers morceaux, ils sont un peu dans la même vibe que ceux que je fais maintenant sous Tom Fire.

  • Brainwash ton premier EP est un énorme succès. Tu avais besoin de commencer avec un titre aussi évocateur voire un peu provoc?

Il y avait 4 titres sur l’EP. Brainwash est le premier titre que j’ai fini. Pour cette chanson, j’ai bossé avec Matthew McAnuff le fils de Winston. Il passait déjà sur Nova, alors qu’on n’avait même pas encore de cover, ni de titre pour l’EP. Ça a été très vite. On s’est dit qu’il fallait sortir un album rapidement.

  • Ce qui a amené ton premier disque The Revenge… Sur cet album tu sors quelques tubes dont Little Man, Legalize It avec Derajah et Brainwash avec Mc Annuf. L’un plutôt électro minimale, l’autre plus reggae/ragga et le dernier entre dub et pop. C’est important pour toi de ne pas rester figé dans un style précis?

C’est important pour moi de ne pas rester dans un style musical. J’écoute plein de trucs, et j’ai envie de faire plein de trucs. Je ne me mets pas du tout de barrière. Je bosse avec les gens qui m’inspirent. J’aime beaucoup bosser avec des chanteurs. La chanson va toujours un peu plus loin…

  • Le 4 septembre tu as sorti Low Fidelity, comment tu te sens 20 jours après la sortie de ce deuxième album?

Ça s’est bien passé. La sortie physique est une étape. Le jour où le disque arrive dans les bacs c’est très important, mais il n’y a pas que ça. Le disque a déjà tourné en radio. Nova et Skyrock ont passé un morceau, j’ai fait beaucoup de promo, donc en fait, ça fait 4 mois que je suis en «sortie»… Aujourd’hui, je peux partir en concert, chercher des nouveaux chanteurs, faire de nouvelles rencontres pour faire de nouveaux morceaux… Donc ce n’est pas une finalité, c’est un départ!

C’est souvent dû au hasard. Winston, je travaille avec lui depuis 10 ans donc je le connais bien. J’avais travaillé avec son fils sur le premier album et là j’avais envie de bosser avec lui. J’avais un titre que j’étais en train de faire, il est passé chez moi à minuit, il a pris un micro et tout s’est fait de manière spontanée. Linval Thompson est un Jamaïcain qui vit à Paris, du coup mon label a réussi à nous rassembler pour qu’on travaille ensemble. Soom T, j’avais envie de bosser avec elle depuis sa première tournée. Je l’avais vue lors d’un festival et j’avais beaucoup accroché. Encore une fois, mon label nous a rencardés. Avec Soom T ça a été hallucinant parce qu’en une après midi, on a fait quatre chansons, Take a Walk et The Good Love qui sont sur le dernier album, Down qui est sorti l’année dernière et une qui n’est pas encore sortie. On s’est vraiment bien entendu et du coup je viens de finir son dernier album solo. J’ai recroisé Mélissa Laveaux à un festival à La Réunion et je lui ai proposé une collaboration. Flavia Coelho est une amie depuis longtemps. On se voit beaucoup, on va voir des concerts, on s’fait des bouffes… Depuis le premier album c’est vraiment devenue une proche. Ce sont tous des potes aujourd’hui…

  • Dans ton clip Last Night, qui est un peu la vidéo de lancement de l’album, on te voit déambuler dans Paris à la rencontre de tout tes featuring. Cette vidéo reflète l’histoire que tu nous racontes dans l’album?

Ce qu’on ne voit pas dans la vidéo, c’est que je bosse beaucoup plus que ça. Je passe pas mon temps à boire des Mojitos et à sortir dans les boîtes parisiennes. Je fais beaucoup de morceaux. Sur le dernier album pour garder 11 titres, j’ai dû en faire 60. La création des morceaux est relativement rapide, en 1h j’ai déjà une maquette correcte, très proche du morceau finale. Ensuite, je mets des mois à finir un morceau.

  • Sur scène, Tom Fire c’est quoi?

C’est assez modulable. Parfois je suis avec un batteur, d’autres fois, certaines des chanteuses viendront sur scène avec moi et parfois ce sera une formule plus électro, un peu comme un «live machine». Le live est forcément plus électro. Tu as quelques cartouches pour faire des morceaux pépères, mais sinon, il faut envoyer du bois. C’est un peu une norme aujourd’hui.

  • Il paraît que tu bosses sur des machines des années 70/80?

Pour les connaisseurs, comme tout musicien qui fait de l’électro, je me suis rendu compte que les vieilles machines sonnent mieux que les nouvelles. J’ai beaucoup de machines des années 70-80. En termes de boîte à rythme, j’ai une Roland TR-808, une Roland TR-707, une E-MU SP-1200. Après j’ai des synthé modernes, mais fabriqués à l’ancienne. J’ai acheté un synthé Murmux. Un synthé fabriqué en Grèce à Athènes. J’ai le modèle numéro 6! J’ai également acheté un synthé fait main par un mec en Arizona dans son garage. Je suis assez geek, je regarde beaucoup de vidéos de présentation de machines et souvent je contacte les gars pour leur acheter des machines. J’aime bien les vieilles bécanes analogiques. Tout ce que j’enregistre se fait en dehors de l’ordi, après je travaille avec un ordi’ pour le mixage et les arrangements.

  • On peut dire que tu fais encore partie de ces compositeurs à l’ancienne…

Je travaille dans un mélange entre les années 80 et maintenant. Ensuite dans l’ordi’ j’ai le dernier cri, les derniers plugin de mixage, des compresseurs etc. Mon travail est vraiment un mélange entre old school et new school.

  • La nouvelle école justement tu en penses quoi?

En ce moment il y a des trucs terribles. Toute l’école Flume, je trouve ça hyper bien. Je sais qu’il bosse juste avec un Laptop sur Appleton. J’ai plein d’admiration pour ça parce que je ne peux pas travailler comme ça. J’adore aussi Major Lazor. J’étais voir Odesza en concert dernièrement. Je suis très fan également de Kaytranada. Personnellement je ne suis pas attaché à un style de production. Je ne suis pas du genre à dire qu’il faut tel ou tel type de machine. Chacun a sa manière de faire. Je n’ai pas ce côté puriste dans l’âme.