Toutes mes copines ont des gosses
A l’heure où vous lirez ces quelques lignes, je m’apprêterai à pleurer mes 33 ans…
Non, non je n’ai aucun souci avec mon âge. Ni aucune prétention christique, d’ailleurs. Alors que ma préoccupation première est de savoir dans quel bar je bois un verre jeudi soir, quelle série je vais m’envoyer dans son intégralité ce week-end, dans quel nouveau livre je vais me plonger, et avec qui je vais bruncher dimanche prochain au Paname, toutes mes copines me parlent couches, layette et régurgitation (j’ignorais jusqu’alors à quel point le sujet pouvait être passionnant. Et encore moins mignon). Être la dernière à être encore célib’ n’était déjà pas assez, cet été, je suis devenue la seule à ne pas avoir d’enfant…
A ma décharge, la fibre maternelle, c’est pas un héritage. Quand mes parents ont pleuré en apprenant que ma mère était enceinte – je songe sérieusement à leur envoyer mes factures de psy plutôt qu’à la CNS – ou qu’ils ont tenté de me scotcher ma couche la première fois qu’ils m’ont changée, je ne me suis jamais vraiment projetée dans une vie de famille. J’étais d’ailleurs plus Barbie hésite entre Ken et Allan que poupon, marchande et dînette. Bon je dois admettre que j’ai également un léger souci avec l’idée de la grossesse, et d’ailleurs, pour moi, la maternité, ça relève franchement du mystère. (J’ai boycotté les cours de sciences naturelles sur le sujet…) Comment on fait un bébé, j’ai une vague idée. Très, très, très vague, hein (papa, si jamais tu me lis). Non, non, moi, je suis le genre de fille qui te demande si, «en fait, le bébé naît à la fin des huit mois ou des neuf mois?» Et qui ne te posera absolument aucune question sur l’accouchement et refuse de prononcer le mot «allaitement». Je suis aussi celle qui oublie que le petit dort et qui arrive en braillant. Et qui panique si tu lui demandes de le porter. Rien d’étonnant à ce qu’aucune de mes copines ne m’ait proposé de lui garder sa huitième merveille du monde durant un après-midi. Et encore moins d’être marraine…
Du coup, cette différence de situation familiale fait que je ressens un léger décalage… A force, je m’étais habituée à être la seule célibataire aux dîners. (Je pense qu’ils continuent à m’inviter parce que je cuisine vraiment très bien et que je suis marrante.) Mais quand toutes mes copines ont des vies d’adulte, bien réglées, j’ai l’impression d’être une éternelle attardée adolescente. Anticipation et prévoyance: zéro. Je vis au jour le jour. Et quand je pars en vacances me mettre au vert, je réussis toujours à trouver le seul bar du village avec des fêtards. Ok, choisir de partir en Bourgogne n’était peut-être pas la meilleure idée à la base. «Tu t’es bien reposée en vacances?» Tu parles. Pour toute réponse, je me suis contentée d’un «c’est vraiment magnifique». Et puis, il y a la sempiternelle question du lundi matin. «T’as fait quoi ce week-end?» Là, elles entrent dans un récit dithyrambique des progrès de Jipé qui a recouvert le tapis du salon de pâte à modeler «ce petit va faire finir artiste, j’en suis sûre» (hum… comment te dire?), te racontent leur épopée au Parc Merveilleux «si tu l’avais vu jeter du pain aux biches! Il sera vétérinaire» (Grosse nouvelle!) ou la séance ciné La Reine des Neiges. (Merci, je vais avoir la chanson dans la tête toute la semaine). Wouaouh. Mor-tel. Avant de me demander: «et toi?» «Oh, je suis juste un peu sortie vendredi…» Sauf que, ce que tu ne sais pas, c’est que cette soirée s’est terminée aux alentours de 6h du matin, avec un after à 10 chez moi, et dont il m’a fallu tout le reste du week-end pour m’en remettre… Hystérie des voisins qui réclament de pouvoir terminer leur nuit – et commencer leur week-end, eux, comme la plupart des gens profitent du samedi et du dimanche pour se reposer – en paix. Et moi de répondre «Ben, quoi, vous n’avez jamais été jeunes?» Ah merde… c’est vrai que je vais fêter mes 33 ans…