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Un “Fidelio” de haut vol au Grand Théâtre

Texte : Karin Santer

Le Grand Théâtre programme cette semaine l’unique opéra de Beethoven : Fidelio.

C’est en date du 20 novembre 1805, au Theater an der Wien, que s’est tenue la première représentation de Fidelio, unique opéra de Ludwig van Beethoven, composé en 1804 et qui connut sa version définitive en 1814. Cet opéra, créé non sans mal, met en scène et en musique un fait divers réel, survenu pendant le Révolution Française, sous la terreur révolutionnaire : l’histoire héroïque d’une jeune femme, Léonore, prête à tout pour sauver son époux, Florestan, injustement incarcéré dans la prison de Tours. Cette femme va se déguiser en homme, allant jusqu’à se travestir comme geôlier pour être engagée et risquer sa vie pour libérer son époux.

Deux siècles plus tard, cet opéra, résolument engagé, dont les thèmes principaux sont la dénonciation de l’arbitraire, l’appel à la liberté et à la justice, ainsi que l’amour primant sut tout, est toujours d’actualité.

Une vraie réussite

Cela débute dès la mise en scène d’Achim Freyer, qui oscille constamment entre moderne et classique. Le décor se compose d’un simple échafaudage sur lequel évoluent les personnages à différents niveaux sur l’espace de la scène. Un voile sur lequel défilent différentes images, dont même un avion, crée l’harmonisation scénique moderne. Dans un souci d’épure, les couleurs gris et blanc dominent et le metteur en scène recourt à des masques alors que pour lui « Léonore est une figure blanche dans l’obscurité de l’existence. » Ce metteur en scène ainsi que la scénographe Pétra Weikertel sont parvenus à une symbiose parfaite entre acteurs, rythme de l’intrigue et musique.

L’Orchestre Philharmonique de Luxembourg et le Arnold Schoenberg, dirigé par Mark Minkowski, assure les multiples mouvements de cet opéra, dans un premier temps sombre et grave, évoquant l’atmosphère carcérale, accentuant durant tout le concert, tant sur la dramaturgie du scénario que sur la passion des personnages principaux, pour enfin changer de tonalité, et se tourner vers la joie lors de la libération de Florestan. Un final qui n’est pas sans évoquer l’Hymne à la joie de la 9e Symphonie.

La réussite de Fidelio tient ainsi non seulement à la présence de l’OPL, mais également à l’impressionnante distribution quant aux chanteurs lyriques qui ont su jouer tous les registres, tant dramatiques, que douloureux, passionnés voire exaltés. Le baryton-basse Evgeny Niktin dans le rôle de Don Pizaro, le basse Franz Hawlata dans le rôle de Rocco ainsi que le ténor Michael König, interprétant Florestan ont offert une puissance vocale exceptionnelle. Quant à la soprano Christiane Libor, son interprétation de Léonore était magistrale.

Une grande version de Fidelio, incontestablement une référence.


À voir le 7 décembre 2018 à 20h heures au Grand Théâtre.