Une échappée belle en Alsace pour le plein de Spass

Le marché de Noël à Strasbourg, check. La route des vins et le Haut-Kœnigsbourg : check. Les jolies petites rues de Colmar : check… L’Alsace est depuis bien longtemps un terrain de jeu fertile pour une escapade réussie le temps d’un long weekend. Mais loin de se contenter de leurs atouts intemporels, nos voisins alsaciens continuent d’innover et de rayonner grâce à un patrimoine culturel, bien-être, gastronomique et historique sans cesse renouvelé… Du verre soufflé, des tables étoilées, de jolies villes bien cachées et de quoi se prélasser : si l’on s’y dirige en général plus volontiers avant les fêtes, la nouvelle année est une saison plus que propice pour une belle échappée alsacienne. Ça tombe bien, Bold est allé défricher le terrain pour vous…
Révéler qu’il suffit de deux petites heures en voiture direction l’Alsace pour être dépaysés en amoureux, en famille ou entre potes ne relève clairement pas de la révolution touristique, on en est bien conscients. Traditions, sites historiques, villes pittoresques, hôtels-spas de renom et grandes tables forment depuis quelques décennies déjà un combo gagnant qui attire non seulement les visiteurs du Luxembourg et de la Grande Région, mais qui sait aussi les faire venir de bien plus loin.
Si les bases sont déjà bien installées, qu’est-ce qui pourrait donc bien faire revenir sur place et surprendre les aficionados de la région ? Probablement ce petit supplément d’âme qu’apportent de belles histoires, une plongée au cœur d’un savoir-faire unique, une nouveauté notable ou encore une bonne dose d’art et d’artisanat, qu’elles soient une destination ou un pit stop bien trouvé sur le chemin d’un séjour mémorable…

LALIQUE, PARANGON DU GRAND ARTISANAT…
L’adresse n’est pas inconnue, ni la marque – au contraire. Lalique et sa célèbre Villa, nichée dans un superbe parc à quelques minutes de l’incontournable Petite-Pierre, sont des noms qui résonnent sans mal dans l’esprit des amoureux de luxe et de haute gastronomie. À l’instar d’autres tables alsaciennes de prestige comme l’Auberge de l’Ill ou Olivier Nasti, son restaurant peut se targuer de deux étoiles au Guide Michelin, d’une réputation éprouvée et d’une cave qu’il faut voir pour croire qu’elle est bien réelle ! Mais outre cette expérience à table – destination en soi pour de nombreux gastronomes – un séjour à la Villa René Lalique bien organisé démontre avec brio toute l’excellence du savoir-faire séculaire qui se cache derrière ce prestigieux patronyme. C’est ce que j’ai pu découvrir sur invitation de la Maison, des méandres de la manufacture au confort exclusif d’une douce suite…



Tout d’abord, notons que la maison que René Lalique avait fait bâtir en 1920 a soufflé ses 100 bougies en 2020. L’établissement, tout jeune centenaire donc, impressionne toujours sans mal qui y fait son arrivée, surplombant le parc qui l’entoure, le tout étant niché aux pieds du parc naturel des Vosges du Nord. Membre de la collection Relais & Châteaux, la Villa cinq étoiles bénéficie de six suites et semble dotée d’une jeunesse renouvelée avec le chef Paul Stradner, désormais à la tête d’une gastronomie engagée et fidèle aux produits du Rhin… Après plusieurs années passées au côté du chef triplement étoilé Jean-Georges Klein avec qui il partage les valeurs d’une « cuisine de goût plutôt que des assiettes complexes », le chef Stradner y privilégie l’excellence dans une forme de simplicité, de vérité, célébrant d’abord le terroir et les artisans d’exception qui l’entourent. C’est d’ailleurs évident lorsque l’on ouvre la carte du restaurant, dans le cadre étincelant de la grande salle de réception qui en impose – soyons clairs : une carte de l’Alsace y mentionne les nombreux producteurs et artisans locaux avec qui le chef travaille au quotidien pour réaliser sa vision et mettre en œuvre son savoir-faire en cuisine.


Le résultat dans l’assiette est à la hauteur de la promesse, avec des créations signature comme « L’œuf parfait colza », la « Lisette, cèpe, oseille et plancton » ou encore « L’omble chevalier de Sparsbach », véritable trésor d’Alsace, préparé de trois façons : mariné, cru et fumé sur place… Le menu étant régulièrement mis à jour, il semble superflu de s’attarder sur les détails d’une édition passée. Mais une chose est sûre : À l’image des trois F – la Femme, la Faune et la Flore, qui caractérisent les sources d’inspiration de René Lalique, le chef Stradner mise sur trois A pour exprimer avec brio ses racines culinaires : l’Autriche (son pays natal), l’Allemagne (où il a œuvré de longues années) et l’Alsace (région qui l’a adopté). Et il peut compter sur une petite dizaine de ruches et le jardin potager du domaine, qui viennent alimenter la cuisine et apporter une touche « du potager à l’assiette » plutôt appréciable…



Mais avant le volet sommeil, impossible de ne pas descendre les quelques escaliers qui mènent à la cave et où nous attend Romain Iltis, Meilleur Ouvrier de France 2015, élu Meilleur Sommelier de France en 2012, Wine Director du Lalique Group, Chef Sommelier et gardien de ce trésor – reprenons notre souffle – pour un dernier verre. « Trésor » car oui, la cave de la Villa René Lalique incarne un univers à part entière. Précédée d’une œuvre signée de Lalique et de l’artiste anglais Damien Hirst – Eternal, qui déroule 14 panneaux de cristal – elle se dévoile dans un volume aussi spectaculaire que contemporain.


Un « havre unique », comme le qualifie la Maison, de 60 000 bouteilles, tapissé de parois de verre, et qui s’articule autour d’une table d’hôtes magistrale. La carte des vins, forcément exceptionnelle, réunit ici les terroirs du monde entier, dont 1000 vins notés entre 90 et 100 par le célèbre guide Parker et plus d’une centaine auréolée de la note maximale de 100 points. On peut également compter pas moins de 650 vins de la région, ainsi qu’une très belle sélection des États-Unis, de Bordeaux, et en particulier des Sauternes centenaires provenant de la cave familiale du Président Directeur Général de Lalique, Silvio Denz, et conservés depuis plusieurs générations…
Il est temps de quitter le luxe joyeusement indécent de la Villa René Lalique pour une visite de la manufacture toute proche. Et c’est effectivement là que l’on comprend aisément la réputation, la stature et l’image de marque haut de gamme du nom Lalique… De souffleurs de verre aux personnes responsables d’apposer la signature finale sur une création prête à être emballée et envoyée aux quatre coins du monde, un ballet absolument dingue de professionnels qualifiés, attelés aux tâches les plus précises et hypnotiques, fait naître une constellation d’œuvres de cristal, héritage de la vision de René Lalique qui continue à porter la prestigieuse Maison depuis 1888.



PÉPITES CACHÉES AU PIED DU MONT SAINT-ODILE
À une petite heure de là, la ville d’Obernai n’est peut-être pas la plus connue d’Alsace, mais sa taille humaine et son charme en font sans mal une destination plus que sympathique le temps d’un weekend dans le coin. Son centre-ville est en outre tout ce qu’il y a de plus pittoresque, avec ses belles maisons à colombages, ses remparts, son beffroi, sa place du Marché ou encore la Halle aux blés…

Située en plein sur la route des vins, Obernai est aussi un point de départ et de repos pour une petite série de dégustations auprès des vignobles locaux, mais aussi à la distillerie Lehmann, « plus vieille distillerie d’Alsace » fondée en 1850 par Joseph Lehmann dont la pratique se transmet depuis six générations de père en fils. Distinguée par le prestigieux label EPV – Entreprise du Patrimoine Vivant,
la société familiale se caractérise ainsi par la détention d’un patrimoine spécifique et par un savoir-faire rare reposant sur la maîtrise des techniques traditionnelles… Au fil des années et aujourd’hui plus que jamais, Lehmann est une véritable référence pour les amateurs d’eaux-de-vie de grande qualité, dans le secteur gastronomique comme chez soi, notamment grâce à leur éventail de classiques très apprécié, à la gamme premium « Réserve de Famille » ou encore à quelques saveurs relativement audacieuses comme le cédrat, le céleri, le sorbier des oiseaux ou encore…le gratte-cul !
Les alentours d’Obernai offrent tout ce qu’il faut en matière d’hébergement, mais soyons honnêtes, on est quand même là pour prendre du bon temps et soin de soi. L’Alsace est connue pour certains de ses hôtels-spas très réputés, comme La Cheneaudière, et l’un d’entre eux peut faire valoir depuis peu un renouveau remarquable à quelques kilomètres à peine d’Obernai : le 6717 Nature Hôtel & Spa, à Ottrott, dont l’histoire remonte à 1986 lorsque Désiré Schaetzel acquiert le Couvent des Sœurs Bénédictines des Pays-Bas pour le transformer en un hôtel de charme 4 étoiles, Le Clos des Délices. En 2021, après des années de recherche et de visites d’hôtels à travers l’Europe, le propriétaire Monsieur Schaetzel donne vie à un projet ambitieux : l’extension et la création du 6717 Nature Hôtel & Spa, via un investissement colossal de 13 millions d’euros qui vise à atteindre l’objectif des 5 étoiles.


Coup de cœur du Jury 2022 aux Villégiature Awards, l’établissement offre une combinaison particulièrement appréciable d’immersion dans la nature, de randonnées, de détente et de plaisirs de la table. On y craque tout particulièrement pour les nouvelles suites aux dimensions plus que confortables et au design contemporain, comprenant de belles terrasses avec vue et des salles de bain dignes de figurer dans une production cinématographique ! On enfile un peignoir et direction le spa, qui bénéficie d’un bassin intérieur et extérieur, de bains à remous, d’un espace hammam très cosy et d’une véritable aventure thermoludique dans un parcours climatique coloré et olfactif…


Après tant d’émotions, place à la gourmandise avec La Table du 6717, dirigée par Audrey Stippich et Régis Dell, dont la cuisine est guidée par les saisons dans une approche gastronomique décomplexée. De belles salles lumineuses, une terrasse ombragée lors des beaux jours et une vue sur la jolie cascade extérieure – au bord de laquelle des sessions de yoga sont proposées – composent la cadre très confort du restaurant, dont l’expérience est renforcée par la sympathie absolue du personnel (coucou Sylvère !). À noter qu’Audrey Stippich s’est vu décerner en novembre 2023 le premier prix lors du concours culinaire du Meilleur Foie Gras organisé par la Fédération des Chefs d’Alsace, et que l’établissement propose aussi des formules détente et gastronomie variées pour les clients ne résidant pas à l’hôtel… Joie !

Ce format est à retrouver dans son intégralité dans le nouveau Bold Magazine #90, à lire en ligne ici!
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