Regarder la vidéo en entier
Accéder directement au site
BOLD Magazine BOLD Magazine

Virgil Abloh : « Le détournement est le fil rouge de cette collection »

Texte : Sarah Braun
Crédit photo : Fabien Montique / Victor Malecot

Vendredi 29 septembre 2018, 16h45. Paris, 13e. Cité de la Mode. Semaine de la mode parisienne. Nous avons rendez-vous avec le créateur le plus influent du moment, l’un des plus controversés également. Une légende presque.

Dans l’antre de l’institution dédiée à la mode et au design a surgi de terre un pop-up destiné à mettre en scènes les pièces qui composeront l’une des collaborations qui a fait le plus de bruits ces derniers mois : celle entre IKEA et le designer Virgil Abloh. Fondateur du label Off-White, qui flirte entre l’exubérance de la haute couture et les codes urbains du street wear, promu directeur de l’homme Louis Vuitton, architecte, DJ et proche de Kanye West, l’Américain est un Baudelaire des temps modernes, celui qui a fait du prosaïsme du quotidien un objet de désir ultime, celui qui transforme en or, tout ce qu’il touche. Arrivé en toute discrétion, il découvre en même temps que la presse et une poignée de happy few conviés les atours de l’underground boutique éphémère – qui, victime de son succès verra ses portes se fermer plus tôt que prévu le lendemain –, avant de donner une conférence de presse. Chanceux, nous avons le luxe de pouvoir lui poser quelques questions, sept minutes à peine avant que celui-ci ne s’envole vers le défilé Celine, à quelques encablures de là. Avant de revenir s’enjailler à cette petite fête donnée en son honneur. Il n’était pas loin de minuit quand le géant de la mode est revenu (il est tout simplement immense, ndlr.) s’amuser aux côtés des Djs qui officiaient aux platines. Entretien avec le prolifique et pourtant très humble créateur tentaculaire.

Vous n’en êtes pas à votre coup d’essai avec IKEA.  Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette collaboration ?

Honnêtement ? La collection « MARKERAD » est sans hésiter le projet le plus rigoureux sur lequel j’ai été amené à collaborer. Au cours d’une carrière, vous avez peu d’opportunités de travailler avec les meilleurs. Le concept même d’IKEA prouve que, lorsqu’on s’en donne les moyens, il est possible de faire quelque chose de vraiment cool, pour un public de masse et à un prix abordable. C’est juste inouï.

On trouve aussi du Ikea chez vous ?

Bien sûr, tout le monde possède des meubles ou des objets de décoration IKEA ! C’est formidable de voir qu’une telle enseigne sache susciter le désir, quels que soient ton âge, ta génération ou ta classe sociale.

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour cette collection ?

Le travail a été le même que lorsque je dessine des vêtements et des accessoires. Tout m’inspire, la rue, un graffiti, un mouvement. Le quotidien est une source inépuisable d’inspiration.

Le premier volet de votre collaboration se compose de quatre tapis. Lequel a votre préférence ?

« Still Loadin », il incarne à merveille toutes mes croyances en matière de design et de création. Il signifie que les choses sont perpétuellement « en cours », en mouvement. Les réseaux sociaux sont une belle illustration du fait qu’il se passe constamment quelque chose. Tout se construit au fur et à mesure et donne à penser, à parler, à communiquer… Ce tapis rend tangible cet instant de latence dans la communication, et est un prétexte pour échanger. Il stimule l’imagination.

Ces tapis ont-ils vocation à devenir des œuvres d’art ?

Le détournement est le fil rouge de cette collection, et le tapis en est la pierre angulaire. Il peut être utilisé dans sa forme la plus prosaïque et être placé sous une table ou au milieu d’un salon. Il peut également être accroché au mur et devenir une œuvre d’art. Tu peux aussi le laisser emballé dans un coin de ton entrée ! Libre à quiconque d’y voir un simple objet fonctionnel ou de l’art. Qu’est-ce qui différencie l’un de l’autre, finalement ?

C’est également un précepte qui s’applique parfaitement au cabas, baptisé SCULPTURE ?

Exactement, il est possible de voir une part d’art en chaque objet. Quand j’ai commencé à dessiner les premières pièces, je voulais apporter une dimension artistique aux objets que nous possédons déjà. Qui n’a pas un vieux cabas IKEA qui traîne chez lui ?

Vous êtes architecte de formation, dessiner un building vous tenterait ?

Tout est possible. Rien de prédestinait à ce que je fasse carrière dans la mode. J’ai commencé par dessiner des chaises… Tout est questions d’opportunités et de savoir les saisir.


L’intégralité de l’interview est à retrouver dans le Bold 57 disponible ICI