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Vive les vins d’hiver

Par Fabien Rodrigues

Lors du passage à la nouvelle année, deux tendances se confrontent et se complètent de plus en plus : les plaisirs de la table pendant les fêtes, avec des bonnes choses à manger et – le plus souvent – à boire, suivis du désormais fameux dry january, pendant lequel tout alcool est proscrit. Difficile dans ce cas de définir la notion de « vin d’hiver », mais l’émergence de nouveaux produits portés par les cavistes ainsi que le savoir-faire artisanal des vignerons luxembourgeois va pouvoir nous aider à faire une shopping list, certes joyeusement schizophrène, mais pointue et pleine de goût…

On ne boit pas les mêmes vins en fonction des saisons, cela va sans dire ou presque. Et si la Moselle luxembourgeoise offre aux amateurs de bons vins tout ce qu’il faut pour déguster de bons crus tout au long de l’année, l’hiver est propice à l’essai de cuvées spéciales, du cru précédent tout juste mis en bouteille, mais aussi à l’essai de nouvelles choses, avec peut-être moins d’alcool !

Un petit peu de douceur…

Deux types de vins « spéciaux » sont assez typiques de la saison hivernale et amènent un peu de rondeur et de douceur autour d’une table de fêtes. Les « vendanges tardives » en sont un parfait exemple. Pour ces cuvées très prisées, une sélection soigneuse de raisins mûrs est effectuée dans les vignes – de Pinot blanc, de Pinot gris, d’Auxerrois, de Gewürztraminer et de Riesling au Luxembourg. À partir de ces raisins mûrs, dont une partie contient en général du Botrytis, aussi appelés « pourriture noble », on obtient des vins riches en sucre et en alcool, de type moelleux, avec des arômes puissants comme le miel, les fruits secs ou le caramel souvent très appréciés en accompagnement d’un plateau de bons fromages par exemple. En matière de productions locales, 2018 fut une bonne année pour les vendanges tardives ; on pense ainsi volontiers au Riesling des Caves Legill, au Pinot Blanc du Domaine L&R Kox ou au Pinot Gris du Domaine Krier-Bisenius

Un autre vin particulièrement synonyme de froid et de rareté, dont on a même peur qu’il disparaisse suite aux changements climatiques actuels, est le vin de glace, ou « Eiswein », produit à partir de raisins congelés naturellement à une température extérieure qui descend sous le palier des -7°C. Quand ce phénomène arrive, une partie de l’eau contenue dans les baies cristallise. Ces raisins gelés sont pressés de manière à obtenir un moût à haute teneur en sucre. Le vin résultant est très concentré, aromatique et liquoreux, avec les cépages – au Grand-Duché toujours – Pinot Blanc, Pinot Gris et Riesling. Mais la douceur des hivers empêche depuis quelques années déjà cette production… Il faudra donc s’aventurer sur d’autres terroirs, comme l’Autriche, pour s’y essayer !

Un cru à stocker 

L’arrivée de l’hiver concorde avec la mise en bouteilles, dans les domaines viticoles, du cru de l’année précédente. Un moment d’enthousiasme pour les viticulteurs qui apportent leurs dernières touches à leurs élixirs et voient leur dur labeur enfin récompensé, comme pour Nicolas Schmit-Fohl, pour qui « notre Chardonnay SF 2022 est sûrement le meilleur que l’on ait produit jusqu’à maintenant. Ça fait vraiment plaisir de goûter ça, notamment dans cette gamme SF premium issue de nos meilleurs raisins et pour du Chardonnay, que notre domaine a été le premier à faire pousser sur les bords de la Moselle Luxembourgeoise. »

Du côté de Remich, au sein des Caves Gales et Caves St-Martin, on a également hâte de faire découvrir les productions de 2022, comme l’explique Georges Gales : « 2022 est un millésime ensoleillé, avec des vins élégants au fruit intense, à l’instar de notre Auxerrois – qui est un cépage que nous apprécions travailler tout particulièrement. Mais je suis toujours aussi fan de notre cuvée Pas de deux, symbole d’un savoir-faire acquis avec amour et fierté depuis 4 générations, un assemblage qui réunit l’essence des plus grands terroirs mosellans, dans un millésime d’anthologie. Élevée en barriques neuves, elle est synonyme de puissance et de profondeur ! »

Et pour les aficionados de nouveautés bien faites, il ne faudra pas oublier de goûter ce que donne le nouveau cru de Racines Rebelles, la gamme élaborée par la viticultrice Kaja Kohv chez Abi Duhr à Grevenmacher et qui et en lumière de manière très réussie des cépages moins nobles comme l’Elbling, travaillé « sur peau », dans un respect strict des règles de la biodynamie…

Dry January, oh oui !

Après les excès des fêtes de fin d’année, le mois de janvier sans alcool, plus connu sous son sobriquet anglais Dray January, s’est imposé au fil des années pour perdre quelques kilos, se racheter quelques points de vie et se donner l’impression que l’on prend soin de soi… Marronnier, certes, mais qui devient de plus en plus branché avec l’essor des vins désalcoolisés ou même sans alcool, qui séduisent de plus en plus de consommateurs ! Au Luxembourg, on a pu voir cet intérêt grandissant, notamment de la part des pouvoirs publics avec le voyage d’études sur les vins désalcoolisés effectué en août dernier en Allemagne par Paulette Lenert et Claude Haagen, respectivement ministres sortants de la Santé et de la Viticulture, accompagnés par une délégation de viticulteurs et de représentants de l’Institut viti-vinicole.

Du côté de la Vinoteca, sur la place du Théâtre à Luxembourg, qui aime toujours proposer à sa clientèle ce qui se fait de plus pointu et actuel, l’engouement quant à ces vins qui titrent peu ou pas du tout est clair. « C’est une croissance incroyable dans le marché des boissons et un secteur qui se diversifie de plus en plus et nous avons rentré une jolie gamme. Les vins pétillants sont particulièrement intéressants, mais pas que ! Les techniques pour désalcooliser sont au point et la sensation du manque d’alcool ne se ressent pas… Il y a vraiment de belles choses à découvrir pour les personnes qui font attention pendant un temps ou qui ne boivent pas d’alcool du tout. Et arrivent de plus sur le marché des jus de fruits extrêmement poussés dans la fabrication, qui remplacent même de plus en plus le vin sur des accords mets – boissons, comme l’enseigne Retter et ses jus ‘édition sommelier’ qui cartonnent dans beaucoup d’établissements étoilés ! », confie ainsi à ce sujet Arnaud Vaingre , associé à la Vinoteca.

De même pour la Cave des Sommeliers de Pascal Carré qui a toujours montré un intérêt pour toutes les nouvelles boissons sans alcool. On peut s’y approvisionner dans la gamme bio française French Bloom par exemple pour le vin, mais on aime aussi beaucoup la série belge sans alcool et sans sucre de No Ghost in a Bottle, plutôt orientée « spiritueux » pour le coup, mais qui se décline en quatre versions très tentantes…

Au Luxembourg, quelques maisons viticoles se sont déjà mises au diapason, en produisant des vins sans alcool, comme Schlink ou Pundel. Même les Domaines Vinsmoselle ont leur cru sans alcool ! Alors, pourquoi ne pas s’y essayer dès la nouvelle année ? Et pour celles et ceux qui aiment encore qu’une bonne dégustation soit accompagnée d’une subtile ivresse, le pétillant naturel, ou « Pet’ Nat’ » est une alternative qui peut mettre tout le monde d’accord s’il est bien travaillé et qui est devenue un véritable phénomène foodie en quelques années à peine, notamment grâce à l’essor en la matière des producteurs de pays qu’on n’attendait pas forcément sur une tendance vin, comme la Slovénie ou encore la République Tchèque avec la superstar Milan Nestarec. Pour en mettre quelques bouteilles au frais, on ira s’approvisionner chez des cavistes spécialisés comme The Store, quartier Gare, ou encore La Grocerie dans le Grund ! 

Ce format est également à retrouver dans le Bold Magazine #83, à lire en ligne ici!

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