Wonderstruck, mélo spielbergien sursignifiant
Aujourd’hui, à Cannes, était présenté en Sélection Officielle, Wonderstruck, de Todd Haynes qui revient en compétition après le bouleversant Carol. Beau mais trop appuyé.
Fin des années 70, Minnesota. Au lendemain de la disparition de sa mère, le jeune Ben rêve de retrouver ce père qu’il n’a pas connu. Fin des années 20, dans le New Jersey, Rose voue un culte immodéré pour une actrice en vogue. Lorsque Ben retrouve, dans les affaires de sa mère, des objets qui pourraient le mener à son père et que Rose apprend que l’actrice qui l’émerveille se produit bientôt sur les planches, les deux (désireux de comprendre et de se faire comprendre) prennent le large, direction New-York… à cinquante ans de différence…
Deux époques, deux trajectoires. Basé sur le roman de Brian Selznick (l’auteur d’Hugo Cabret qui a inspiré Scorsese), lequel adapte ici ses propres écrits, Wonderstruck est un récit initiatique à hauteur d’enfant que n’aurait pas renié Spielberg. Sur le papier, le film trouve son originalité dans la symétrie de sa narration… Une proposition scénaristique qui permet à Todd Haynes de varier les propositions visuelles (passant du noir et blanc à la couleur), privilégiant les plans amples et contemplatifs. Pour conjuguer les deux parcours, le long-métrage s’appuie largement sur un sound design et une bande-son très marquée qui dépasse de loin le simple habillage, de l’emprunt à David Bowie à la partition de Carter Burwell (déjà à l’œuvre sur Carol).
Pourtant, Wonderstruck ne dépasse jamais son statut de petit objet pop et demeure une jolie proposition qui se regarde et s’écoute plus qu’elle ne surprend son spectateur. Plutôt que de le laisser déambuler dans l’enchevêtrement de ses intrigues… que l’on devine forcément liées, plutôt que de ménager et de laisser infuser ses effets (souvent appréciables), le long-métrage prend le parti de le prendre par la main et de trop appuyer son propos, quitte à rendre le récit sursignifiant dans son dernier tiers, alors que l’on en a déjà aperçu les coutures. Un très beau film à défaut d’être un très grand.