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Donkey Rock Festival : sincérité à taille humaine

Photos : Donkey rock
Itw : Thibaut André & Carl Neyroud
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Christophe Di Iorio œuvre à la programmation et au bon déroulement du Donkey Rock Festival dans le paisible village de Sélange qui, chaque année en été depuis 2006, prend une décharge de décibels le temps d’un week-end. C’est le genre d’événement local à l’humeur festive et à taille humaine qu’on aime et qu’on vous invite à découvrir. La team musicale de Bold Magazine a rencontré Christophe pour vous.  Notre « couteau suisse » régional se livre.

Comment se déroule la programmation du Donkey Rock et quelle est votre philosophie ?

Je m’occupe personnellement de la programmation, seul en fait. On n’a pas d’équipe dédiée. Maintenant, je demande régulièrement l’avis de personnes qui sont dans la musique. Si on n’a pas d’équipe de programmation, c’est pour deux raisons. La première, c’est que le Donkey Rock est le prolongement d’une manifestation qui existait depuis quarante ans, en fait une course d’ânes (NDLR : véridique !) organisée par un club de tennis de table. Il y a là-dedans des gens dévoués qui se décarcassent mais qui n’ont pas la fibre musicale à la base. Ils ne sont donc pas spécialement intéressés de donner leur avis sur la programmation. Les avis viennent souvent de personnes extérieures. La deuxième raison, on estime que, plus on est nombreux, plus c’est compliqué. Vu que c’est moi tout seul, c’est plus facile de m’accorder avec moi-même. Je ne sais pas si on a une philosophie mais on défend des valeurs qui sont celles du rock. On est ouverts à différents styles mais le festival aura toujours une connotation rock. On veut également accueillir groupes et festivaliers dans des conditions optimales que ce soit au niveau des lights mais aussi du son. On cherche à promouvoir un festival à taille humaine mais qui soit aussi le plus pro possible.

Y a-t-il des activités ou disciplines autres que musicales lors du festival ?

Il y aura quelques petites animations, principalement le dimanche qui est une journée beaucoup plus familiale. Il y aura des stands pour les enfants comme des stands de grimage et de coiffure rock’n roll par exemple. Sinon, il y aura aussi une zone ludique où les gens pourront se photographier en mettant leur tête dans un cadre avec un âne et ainsi de suite. Le camping est aussi une activité ludique puisque pas mal de gens viennent s’y amuser également.

Pourquoi avoir opté également pour une mini-version hivernale telle que le Winter Donkey en janvier chaque année ?

C’était à la base une petite frustration de ne pas pouvoir accueillir certains groupes en été pour différentes raisons telles que le style, l’agenda… La version winter nous permet d’accueillir des styles différents. La seconde raison est que nous organisons une fête de Nouvel An dans la salle du tennis table avec un aménagement conséquent en termes de décoration. C’était énormément de travail pour une seule soirée. Sur base de cette organisation, cela nous a permis de présenter une mini-version du Donkey avec peu d’organisation par rapport à la version estivale. C’est assez facile à gérer et cela nous permet de profiter beaucoup plus de la soirée en fait.

Le Donkey Rock évolue dans la catégorie des petits festivals indépendants. Il existe depuis maintenant douze ans et en est donc à sa treizième édition cette année. Comment se déroule la vie d’un tel festival dans l’environnement compétitif actuel, particulièrement en matière de recherche de financements et de booking des artistes ?

 Il faut bien avouer que c’est de plus en plus compliqué. Les cachets des artistes sont de plus en plus élevés du fait de la baisse des ventes d’albums via le téléchargement et les réseaux sociaux. Mais ça présente aussi plein d’avantages car ça leur permet de se mettre en valeur. D’un autre côté, les concerts sont la principale source de revenus des artistes maintenant. A côté de ça, il y a des gros festivals qui mettent des exclusivités sur certains groupes pour que des petits festivals comme nous ne puissent pas les programmer. C’est la chose contre laquelle je me bats depuis toujours. Je n’ai jamais demandé la moindre exclusivité par rapport à d’autres organisateurs et je ne le ferai jamais. Ca va à l’encontre de la culture.

Egalement, je n’ai pas peur d’en parler, on a un vrai problème avec les agences de booking en Belgique qui nous snobent beaucoup par rapport à des agences étrangères qui nos prennent beaucoup plus au sérieux. En général, on a du mal à accueillir des groupes belges avec une certaine renommée alors que nous sommes prêts à remplir toutes les conditions. Ce problème s’est néanmoins atténué cette année car on présente une affiche essentiellement belge. Mais, en général, c’est fort compliqué de programmer du belge en Belgique. C’est dommage et assez incompréhensible.

Quel est ton coup de cœur parmi les groupes et artistes à l’affiche de cette édition 2018 ?

 C’est toujours délicat de citer des groupes. On pourrait s’en mettre d’autres à dos. Mais je dois dire que Lysistrata est l’une des plus grosses claques que j’ai prise récemment, la même que lors des concerts de Sonic Youth et The Horrors. Je pense que ça va être un des grands moments du festival.

Quel est ton vœu le plus cher à réaliser pour le Donkey Rock dans les années à venir ?

 Que l’on puisse continuer à évoluer, à accueillir des têtes d’affiche à la renommée plus forte et, surtout, pouvoir continuer à exister. A l’heure actuelle, les subsides se font rares, les groupes sont chers et le public n’est pas très friand de découverte. On nous impose toujours plus de contraintes en matière de sécurité également. J’ai l’impression que le but est de décourager les organisateurs. Dès que tu as les mots « rock » et « festival » dans le nom de l’événement, tu es catalogué comme organisation à risque, alors que c’est tout le contraire ici.

Mon plus grand souhait est donc de continuer à organiser cette belle fête qui nous a apporté beaucoup de satisfaction et de rencontres intéressantes. C’est une grosse page de notre vie. Je ne veux pas devenir un gros festival. Nous sommes des bénévoles avec peu de moyens. Nous souhaitons continuer à exister en gardant notre philosophie et notre ligne de conduite avec un événement à taille humaine et un public qui nous suit.

info : Donkey rock