Belgique : des psychiatres prescrivent des visites au musée
Aller au musée pour se soigner. L’idée peut surprendre mais elle fait de plus en plus son chemin. A Bruxelles, des professionnels de santé mentale peuvent dorénavant conseiller à leurs patients souffrant de dépression, d’anxiété ou de stress d’aller au musée, dans un but thérapeutique.
Pendant six mois, ce projet pilote permet aux psychiatres de l’hôpital Brugmann d’envoyer leurs patients dans l’un des nombreux musées de la capitale belge. Ces prescriptions muséales leur donnent la possibilité d’aller profiter gratuitement d’une exposition avec quelques amis et membres de leur famille. Ils peuvent notamment se rendre au musée de la mode et de la dentelle, au musée des égouts, au musée GardeRobe MannekenPis ou encore la Centrale for contemporary art.
Cette initiative s’inspire d’un programme lancé en 2018 par l’association Médecins francophones du Canada. Il avait permis à ses milliers de médecins membres d’envoyer gratuitement leurs patients souffrant de dépression, de diabète ou de maladies chroniques au Musée des beaux-arts de Montréal. Il a depuis donné naissance à des initiatives similaires en Suisse et en France.
Le projet pilote belge cherche à évaluer l’impact des institutions culturelles sur la santé mentale et le bien-être. La communauté scientifique s’accorde déjà sur les multiples vertus thérapeutiques de l’art et, par extension, de la “muséothérapie”. Des chercheurs de l’université de Pennsylvanie ont ainsi récemment découvert que le contact avec des œuvres d’art contribue à réduire considérablement l’anxiété et le stress.
Les visites au musée ont également fait leurs preuves dans la prévention et la prise en charge des symptômes comportementaux et psychologiques liés à la démence. Une équipe de chercheurs australiens et sud-africains a découvert que ces thérapies culturelles permettent d’améliorer les fonctions cognitives des personnes souffrant de démence.
Une chose est sûre : aller au musée est bon pour la santé. Cette activité apaise les douleurs et les souffrances chroniques, tout en luttant contre l’isolement des personnes les plus vulnérables. “Tout peut avoir une valeur thérapeutique si cela aide les gens à se sentir bien et à entrer en contact avec eux-mêmes”, a confié le Dr Johan Newell, psychiatre à l’hôpital universitaire Brugmann, au Guardian. “[Les visites de musée sur ordonnance] sont juste un outil supplémentaire qui pourrait aider les gens à sortir de chez eux : à socialiser à nouveau et à se reconnecter avec la société”.
Delphine Houba, adjointe au maire de Bruxelles en charge de la culture, voit aussi dans cette initiative une façon de renforcer l’accès à la culture. “Nous savons que, même avant le Covid, il [n’était] pas facile pour certaines personnes de pousser la porte d’un musée, elles ne se sentent pas à l’aise, elles ne pensent pas que c’est pour elles. Et je veux vraiment montrer que les lieux culturels sont pour tout le monde”, comme elle l’avait expliqué à The Observer.