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Dieu Pourvoira, cirque contemporain

Texte Kim Wald

Bon. Les arts du spectacle. Pas de la tarte. C’est même un des arts les plus exigeants, les plus riches, les plus difficiles de nos jours. Je m’explique… Le théâtre à l’époque, c’était unité de temps, de lieu, d’action, c’était décor simpliste, costumes évidents, début, milieu, fin et dans cet ordre. Maintenant, ben, c’est la liberté sur toute la ligne. Seule exigence: la scène. Et encore! Avec les technologies vidéo actuelles, chaque pièce peut se transformer en art total. C’est ce que la troupe de cirque et d’arts de la rue de Bogota nous montre ici dans ce spectacle… inclassable!

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Donc Dios Proveera, c’est tout ça: exigeant, riche, difficile. Moi je suis une émotionnelle, une instinctive, je ne réagis qu’aux émotions, je n’écoute jamais mon cerveau. Je peux analyser ce spectacle, mais à quoi bon? J’y vais, tu y vas, nous y allons tous pour les grands frissons, pas pour un doctorat! Alors le grand frisson? Ben non, pas vraiment.

Je peux dire qu’un spectacle, qu’un film, qu’une œuvre m’a plu, si je reste bouche bée, plus de pensées, rien, juste de l’émerveillement, de l’angoisse, de la tristesse, de la joie, tout ça en même temps, une émotion si intense qu’elle surpasse tout. L’art dans ce qu’il touche à ce qui est de plus basique, de plus essentiel, de plus sauvage en nous. Là, j’ai eu quelques petits frissons, je me suis effrayée, j’ai ri, j’ai contemplé la force physique, mais le renversement de l’âme, la catharsis, le sublime, ça… non. Dommage. Car avec une créativité pareille, l’œuvre aurait pu être grandiose. Mais elle est décousue, chaotique, sclérosée.

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C’est du cirque, soit, donc les numéros s’enchaînent sans véritable lien, mais créer de la fluidité aurait permis à Dios Proveera de gagner en profondeur. Là, on est jeté d’un filet à un autre, d’une scène à une autre, d’une musique baroque au clavecin à de la techno, d’une performance musicale, à de la jonglerie, ou un clown protéiforme que j’applaudis et qui porte le spectacle presque à lui tout seul, de l’absurdité d’un superman, à de l’art vidéo, des jeux de lumière, à des sons de guerre, de la flagellation, à de l’humour, jusqu’au un message christique final…

Bref, une histoire dont on ne comprend rien finalement, exceptée qu’elle se passe dans un cadre urbain particulièrement violent, la rue, des jeunes, de la danse, puis soudain on arrive dans une forêt avec les premiers colons, l’histoire de l’Amérique du Sud, remplie de contradictions, de légèreté, de croyances, de luttes. Tableau époustouflant tout de même lorsque les danseurs et acrobates, habillés en policiers antiémeute, se déshabillent, lentement face au public, et tandis que la lumière baisse, se dénudent entièrement et restent là. Un symbole de la nudité comme puissance révolutionnaire. J’ai rien compris au micmac, mais c’était bien quand même!

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