Regarder la vidéo en entier
Accéder directement au site
BOLD Magazine BOLD Magazine

Le Magazine

Bold#56

MADELEINE DE PROUST SAUCE WASABI

Alors que la fin d’année cinématographique a été marquée par les phénomènes A Star Is Born et Bohemian Rhapsody, mon début d’année l’a été par le dernier OAV Dragon Ball issu de la mythique saga d’Akira Toriyama. Grand fan de l’œuvre originale en tant que néo-trentenaire que je suis – je précise la temporalité, ça me rassure –, j’ai pris un plaisir incommensurable à me rendre à l’avant-première du film au Kirchberg. 

Dans une salle pleine à craquer, mélangeant génération Club Dorothée et de « vrais adolescents », le film m’a procuré des émotions comme je n’en avais pas ressenties depuis longtemps dans une salle obscure – ce type de salle obscure, pas celles du Saumur, je préfère préciser. Loin de moi l’idée d’évoquer ici les qualités et les imperfections du film, je vais surtout en profiter pour revenir sur le rôle que doit avoir une œuvre culturelle, quelle qu’elle soit. 

Si la Street Culture gagne depuis peu ses lettres de noblesse – merci Basquiat, Banksy et consorts – et que la Pop Culture commence tout doucement à ne plus être considérée comme une sous-culture (je n’ai jamais été de ceux qui considèrent que des formes culturelles valent mieux que d’autres), j’ai été agréablement surpris de voir qu’une œuvre comme Dragon Ball, pouvait, plus de trente ans après, réunir plusieurs générations et perdurer de cette manière dans le temps. Souvent galvaudée, la Pop Culture a trop fréquemment été considérée comme un produit standardisé et simpliste destiné à un public de masse, peu enclin à la réflexivité et cherchant avant tout à se divertir
(voire à s’abrutir). 

Mais finalement, pourquoi le fait de profiter de temps à autre d’une œuvre dans le but de se divertir serait un problème ? Bohemian Raphsody en est l’exemple parfait. Adulé par le public, démoli par une presse semblant mieux connaître Queen que Freddy Mercury lui-même, le film met le doigt sur la condescendance de certains face à des œuvres, qui, malgré leurs imperfections, ont au moins le mérite de procurer au public des émotions et parfois une énorme nostalgie. 

Évidemment, il est toujours plus gratifiant de vanter les mérites de la dernière Palme d’or à Cannes, et ce, même si l’on n’a pas forcément compris tous les ressorts narratifs du film. En même temps, quelle importance, le public non plus. 

Comme dans les autres formes de création culturelle, il serait donc bon que certains admettent que l’ambivalence de la Pop Culture dans ce qu’elle propose de bon
et de moins bon en fait sa richesse.

Et puis, n’oublions pas que, comme le disait Pierre Desproges : « Qu’importe la culture. Quand il a écrit Hamlet, Molière avait-il lu Rostand ? Non. »

Mathieu Rosan

Consulter le numéro en ligne Télécharger le numéro en PDF
Revenir au Magazine