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Face à la pandémie, la scène clubbing se tourne vers le numérique

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Alors que les établissements du monde de la nuit demeurent inlassablement fermés depuis le début de la pandémie, la résistance s’organise en ligne sous la forme d’événements comme les rave parties virtuelles.

Depuis neuf mois maintenant, discothèques, bars de nuit et salles de concert sont à l’arrêt dans de nombreux pays. Face à cette situation, des fêtes clandestines apparaissent, telles que celles organisées à Lieuron en Bretagne et à Llinars del Vallès en Espagne durant le Nouvel An. Des rave parties vivement critiquées par l’International Nightlife Association, soulignant que ces rassemblements illégaux ne font que “pénaliser le monde de la nuit et retarder la réouverture” des discothèques. 

Ces rave parties controversées sont au cœur du nouveau projet de l’agence Hyperactive, BBL CLB. Cette initiative digitale, qui se tiendra en ligne dès le 11 février, se présente comme un événement hybride entre “la fête clandestine et le théâtre immersif”. Le principe est simple : les clubbers devront partir à la recherche de la localisation du mystérieux BBL CLB avec leur groupe d’amis. Ils seront confrontés à plusieurs scénarios possibles comme dans “Bandersnatch”, l’épisode interactif de la série britannique “Black Mirror”. Une fois leur recherche terminée, ils pourront découvrir des sets de DJs tels qu’Âme, Alan Fitzpatrick, Sam Divine, Eats Everything, 24hr Garage Girls, Nu:Tone et wAFF. 

Si les livestreams de DJs se substituent aux soirées en discothèques, des initiatives comme BBL CLB essaient de reproduire cette sociabilité festive propre au monde de la nuit. C’est également le pari de Club Quarantäne, une discothèque virtuelle dont la première rave 2.0. avait duré 42 heures. Autre particularité de ce lieu atypique : les bons (et les mauvais) moments d’une soirée en discothèque y sont fidèlement reproduits. Et ce qu’il s’agisse de se faire la queue devant l’établissement, se faire questionner par le videur concernant la programmation de la soirée, ou encore se trémousser sur la piste de danse. Parmi les DJs ayant participé aux événements du Club Quarantäne se trouvent Helena Hauff, Skee Mask, Marcel Dettmann, Ash Lauryn, Dax J, Dixon et KI/KI.

Social dis-dance

Face à la multiplication de ces initiatives numériques, certaines discothèques ouvrent leurs propres clubs digitaux pour continuer à faire danser leurs habitués malgré la pandémie. Le Bootshaus a fait ce choix en lançant une version en réalité virtuelle de son fameux club situé en Allemagne à Cologne, accessible via la plateforme Sansar ou les réseaux sociaux. L’intérieur de l’établissement y est reproduit à l’identique, permettant aux avatars des clubbers de se déplacer et d’interagir au bar comme sur le dancefloor ou sur les banquettes. Et le tout en écoutant des sets de Vini Vici, Blastoyz, Björn Grimm et andhim. 

“Nous sommes ravis de partager cette expérience en réalité virtuelle avec la communauté internationale de la dance music. C’est un projet sur lequel nous travaillons depuis longtemps et le rendre public maintenant nous semble plus important que jamais. Le projet VR place une fois de plus Bootshaus à l’avant-garde de l’industrie et c’est un honneur de faire équipe avec certains des principaux acteurs de l’industrie pour proposer une série d’événements exceptionnels qui peuvent être vécus dans le monde entier”, a déclaré Fabian Thylmann, le propriétaire de Bootshaus, à l’occasion du lancement du club virtuel. 

À plus de 10.000 kilomètres de Cologne, le club Matryoshka de Manille s’est tourné vers le jeu vidéo “Minecraft” pour organiser des rave parties pour les amateurs de musique électronique. La prochaine en date, plus connue sous le nom “Project Hyphae“, se tiendra le 23 janvier sur un serveur privé du titre de Microsoft et Twitch. Au programme : six heures de DJ sets animés par de nouveaux talents tels que Mary Anne Hobbs, Sonia Calico, De Grandi, Pisitakun et Moa Pillar.

L’exclusivité 2.0.

Bien que le club Matryoshka ait été créé en 2019, il s’est fait connaître de nombreux clubbers durant le confinement du printemps grâce à “Infinite Summer”, un ambitieux festival virtuel de 24 heures diffusé en livestream sur “Minecraft”. “C’était tellement mémorable que même lorsque le show était terminé, les festivaliers se connectaient encore pour visiter à nouveau le terrain du festival afin de l’explorer et s’en souvenir. Certains ont même dit :’Nous restons ici jusqu’à ce que vous nous mettiez dehors'”, avait expliqué Jorge Juan B. Wieneke, le cofondateur du club Matryoshka, à Hypebeast.

Il faut dire que l’établissement sait susciter l’intérêt des fêtards avec sa programmation pointue, mais aussi son rigoureux questionnaire d’admission, qui leur demande notamment de se décrire en 100 émoticônes ou de composer un haïku pour espérer pouvoir participer à ses événements. Un processus destiné à déterminer leur motivation à entrer dans le club Matryoshka, comme le faisait le Berghain à Berlin lorsqu’il recevait du public avant le début de la pandémie. La recette semble porter ses fruits puisque la discothèque virtuelle de Manille fonctionne grâce aux dons de PayPal et à une base d’abonnés croissante sur Patreon.  

Ce système de financement est d’autant plus intéressant que de nouveaux acteurs tels que les jeux vidéo viennent faire concurrence au monde de la nuit sur la scène clubbing 2.0. L’année dernière, “Fortnite” a ainsi attiré des dizaines de millions de fêtards grâce à des concerts virtuels du DJ Marshmello et du rappeur Travis Scott. Du côté de “Grand Theft Auto Online”, un nouveau club underground a été lancé en décembre dernier avec Moodymann, Palms Trax et le collectif Keinemusik à l’affiche. De quoi faire patienter les clubbers avant la réouverture des discothèques dans la vie réelle.