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OUT OF THE CROWD : indépendance éclectique, alternative électrique

Texte : Thibaut André
Photos : Carl Neyroud
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Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’être présent, la team musicale de Bold Magazine a couvert pour vous la quinzième édition du festival indépendant OUT OF THE CROWD qui se tenait dans l’antre de la Kufa d’Esch-sur-Alzette ce samedi 21 avril 2018.

Cet événement indépendant est organisé par The Schalltot Collective en partenariat avec la Kulturfabrik, les Rotondes, Tango et Olliewood Skateshop. La programmation se veut sous le signe de l’éclectisme. Deux scènes ont permis d’alterner onze performances de formations diverses et variées tant au plan musical qu’au plan géographique. Petit passage obligé par le merchandising histoire de jeter un œil et puis direction la salle.

C’est au quatuor luxembourgeois de Seekers que revient la lourde tâche d’entamer les hostilités. Et ils démarrent fort, les bougres, en envoyant des riffs cinglants parfaitement desservis par une section rythmique sans faille. Le groupe navigue dans les eaux rock’n rollesques des Queens of the Stone Age, Foo Fighters ou encore The Hives pour la référence. Simple, positif et efficace.

Les chevaliers teutoniques de Dana.Plan enchaînent ensuite sur la petite scène avec un postrock dont la lead guitare flirte légèrement avec le prog rock. Ca tabasse sévèrement avec une énergie débordante. Si la fin du set a permis de découvrir plus de nuances, la majeure partie s’est avérée très « rentre dedans ». Il serait peut-être intéressant de les revoir lors d’une prestation au-delà de la demi-heure.

Retour à la scène luxembourgeoise avec Napoleon Gold pour un duo basse-clavier aux loops atmosphériques. À noter que le batteur évolue dans un style tout en légèreté façon jazzy avec une caisse claire qui claque du tonnerre. Le duo privilégie les mid tempos aériens et distille savamment une musique s’aventurant dans la dance mais aussi les afrobeats et la jungle, notamment pour le final. Tout simplement rafraichissant.

Il est 17h30 lorsque le trio américain post-shoegaze de Grooms monte sur les planches. Le groupe fait la part belle aux grosses réverbs jusque sur la voix sans oublier les nappes de shimmer lancinantes et hypnotiques. La batterie s’en tient à des rythmes assénés de manière martiale flirtant avec le tribal beat. Un brin décousu, le set finira néanmoins sur un superbe crescendo mettant tout le monde d’accord.

À propos d’éclectisme, nous revenons dans la grande salle pour assister au concert du quintet américain Porches. Leur pop nous replonge dans les musiques des séries télévisées de la fin des années 80. La formation nous offre une easy listening drôle, kitsch et dansante. C’est même carrément surprenant et inattendu. Le pari était audacieux.

Il est 19h lorsque deux descendants des forêts du grand nord envoient le bois. Le noise rock destructuré de Aiming for Enrike (Norvège) fait la part belle aux dissonances et aux loops enregistrés directement sur scène à partir de la guitare. Ce duo surprend et déstabilise le public en abusant de l’octaver et des polyrythmies. Le batteur envoie des des rythmes sauvages, livrant un duel sans merci avec le guitariste qui a plutôt une approche percussive de la six cordes, son abondance de pédales d’effets lui offrant la possibilité de varier les thèmes. Sans doute le groupe le plus surprenant à ce stade du festival.

La grande salle connaît maintenant une affluence importante et le public se masse pour les Belges de BRNS (prononcez « brains » à l’anglaise). Le quatuor balance une pop atmosphérique nimbée de synthpop et s’aventurent parfois dans les eaux du trip hop. A ce stade, on voit des gens danser, signe que l’ambiance est sérieusement en train de monter.

No Metal in this Battle, formation made in Luxembourg, évolue dans le postrock mais, comme son nom l’indique, n’intègre pas ou très peu les éléments du métal dans ces morceaux. Le piano contribue à rendre leur musique plus atmosphérique tandis que la section rythmique tient parfaitement son rôle. Les guitares peuvent çà et là flirter avec le postpunk, révélant une certaine froideur dans le rendu.

Il est 21h et la grande salle est comble. Les Canadiens de Metz (comme la ville française tout près d’ici) font comprendre dès le premier accord, asséné tel une déflagration, que ça va barder. Le noise punkrock de ce trio ravageur contient une énergie incroyable que le groupe maintiendra tout au long du set. Ca cogne dur, très dur. On dirait qu’on a rallumé les hauts fourneaux du coin où coulait l’acier et la fonte il n’y a pas si longtemps. Cette performance époustouflante marque le point culminant du festival. Metz est indubitablement le gros coup de cœur de cette journée intense.

Le trio anglais de TTNG officie ensuite dans la petite salle pour un set tout en douceur après la fournaise décrite plus haut. La voie claire et fluette du bassiste chanteur se mêle subtilement au tapping en son cristallin du guitariste virtuose. C’est frais et posé.

Pour le final, ce sont quatre descendants de nobles vikings qui assureront la tête d’affiche de cette quinzième édition de l’Out of the Crowd Festival. En transit pour le Walhalla, nos quatre hommes du grand nord de Motorpsycho, descendus de Norvège pour l’occasion, distillent un stoner puissant aux fortes émanations de heavy blues. En bons bouilleurs de crû, ils font monter la pression avec un son de guitare bien gras et visqueux, et distillent savamment des passages psyché. C’est lourd, puissant et parfaitement maîtrisé. Le public au grand complet est ravi.

Que retenir de cette quinzième édition de l’OOTC ? Eh bien, outre le soleil au beau fixe, la programmation fut éclectique et l’organisation parfaite. Et, bien entendu, les bonnes surprises furent au rendez-vous. Remercions au passage toute l’équipe de la Kulturfabrik pour leur présence, leur contribution et leur bonne humeur, ainsi que le travail remarquable de Nicolas Przeor des Rotondes pour la programmation. A noter que Radio Ara couvrait l‘événement à partir d’un studio aménagé pour l’occasion sur le site de la Kufa. L’OOTC est un festival à dimension humaine qui mérite de durer. On attend la prochaine édition avec impatience.