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Feu ! Chatterton, une envolée lyrique et musicale à l’Atelier

Texte : Thibaut André
Photos : Carl Neyroud
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Un public plutôt stylé était présent samedi soir dans l’antre de l’Atelier. Il faut dire que la poésie lyrique et la classe naturelle de Feu ! Chatterton y sont pour quelque chose.

L’expression « cabaret d’oiseaux » prend tout son sens et on aurait presque rêvé d’un décor fait de boiseries et autres précieux apparats baignant dans les vapeurs d’absinthe. Mais trêve de dandysme encanaillé, nous sommes là pour voir le groupe défendre sur les planches son petit dernier intitulé justement « L’Oiseleur ».

Après une introduction intimiste sur la poésie à voix feutrée de Je ne te vois plus, le groupe enchaîne avec Grâce et Ginger. D’emblée, le public est conquis. Le dandy iconoclaste et intemporel Arthur Teboul déclame, chante dans son style ampoulé qui sied tant à la musique du quintet. Cette dernière est d’ailleurs surprenante tant la diversité de ses références et courants est grande. Elle nous rappelle au passage que la poésie est indissociable de la musicalité ; et l’on sent les cinq musiciens en grande forme ce soir, heureux de prouver pour leur seconde prestation luxembourgeoise, mais cette fois-ci dans une salle comble, que leurs compositions s’inscrivent dans la durée comme dans la qualité.

Les textes sont vénéneux à souhait, comparant une bien-aimée à une tendre amanite, pendant que la musique est délicieusement addictive et nimbée des humeurs de la Fée Verte, breuvage favori des poètes maudits sur fond de Belle Epoque. Arthur assure le show entre les morceaux également et converse avec le public, ponctuant çà et là ses répliques de pointes d’humour et de références culturelles, hommage à Louis Aragon oblige. Si Ferrat a sublimé les poèmes de ce dernier dans un album mythique, Feu ! Chatterton se joint à l’hommage en distillant ses vers sur Zone Libre. Apollinaire et Eluard sont aussi au rendez-vous sur l’album avec Souvenir et Le Départ. Pour mémoire, le nom du groupe vient du poète Thomas Chatterton, suicidé avant l’aube de ces dix-huit printemps. Non sans une pointe d’espièglerie, la formation française optera pour un poète anglais du 18e siècle, les Baudelaire, Rimbaud et Verlaine rejoignant les oubliettes.

Les sublimes Côte Concorde et La Malinche, tirés du premier opus Ici le jour (a tout enseveli), enflamme le public qui en reprend les refrains en chœur ; et c’est sur deux rappels que le groupe termine sa magnifique prestation dans un tonnerre d’applaudissements et des cris d’approbation. Ne jouons pas les merles moqueurs ni les sombres corbeaux, Feu ! Chatterton, sous sa plume élégante, a la grâce du cygne, la précision de l’épervier et la hauteur de l’aigle.