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Onze années après “Drive”, Kavinsky retrouve la bonne carburation 

Retour-choc dans l’électro : en pole-position il y a 11 ans avec la pépite de la B.O. du film Drive, Kavinsky reprend le volant pour un deuxième album, avec Sébastien Tellier ou le groupe Phoenix sur la banquette arrière.

Quiconque a vu le thriller avec Ryan Gosling se souvient du blouson au scorpion du héros ou du titre Nightcall qui encapsule le générique. Passé inaperçu à sa sortie en 2010, ce morceau grimpe en haut des charts internationaux en 2011 grâce au film. Et se retrouve logiquement dans le premier album (“OutRun” en 2013) de son auteur, Kavinsky, petit prodige français de l’électro. Nightcall culmine désormais à plus de 230 millions d’écoutes sur Spotify, leader mondial des plateformes musicales. Et puis, silence radio, jusqu’à Reborn, deuxième album qui sort ce vendredi. Une anomalie dans une industrie musicale où les artistes multiplient les projets quand c’est “leur moment” comme on dit dans le métier.

“Pour répondre très honnêtement, j’ai pris du bon temps (rires), pas mal voyagé, fait beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec la musique”, résume Kavinsky, toujours aussi discret, joint au téléphone. “J’ai voulu me détacher de tout ça après le succès de Nightcall, je ressentais un peu trop de pression pour enchaîner, je ne voulais pas décevoir les gens avec quelque chose qui n’aurait pas été dans la même veine ou qui justement aurait été dans la même veine”, poursuit “Vinco”, surnom pour ses intimes de Vincent Belorgey.

Avec les Daft Punk il y a 15 ans

Reborn est plus intemporel que son prédécesseur, même si des teintes années 1980 se reflètent encore sur la carrosserie de l’album. Le concept s’inscrit dans la continuité d’OutRun, puisqu’on y retrouve le double fictionnel de Kavinsky – un zombie – comme on peut le voir dans le premier clip Renegade, déjà sorti. Le véhicule de son personnage, une Ferrari Testarossa, modèle iconique né dans les années 1980, reviendra également dans les prochaines vidéos selon les teasers sur les réseaux sociaux.

Mais la mécanique a changé. Si OutRun est sorti des ordinateurs, les vrais instruments ponctuent Reborn, comme ces saxophone et guitare sur Zenith. Et, le casting des mécaniciens fera s’évanouir la concurrence. Parmi les co-compositeurs de certains morceaux, on trouve tous les musiciens de Phoenix ou encore Gaspard Augé (moitié de Justice) et SebastiAn. Soit la crème de cette pop ou électro “made in France” qui s’exporte.

SebastiAn et Kavinsky sont de vieux complices, puisqu’ils ouvraient tous deux pour les Daft Punk il y a 15 ans, à l’époque de la fameuse tournée du duo casqué juché sur une pyramide. SebastiAn, outre ses disques solo, est aujourd’hui un producteur en vue, aux côtés de Charlotte Gainsbourg ou Juliette Armanet.

“Avec les vitres ouvertes”

“Sebastian se lève le matin et fait de la musique avant son café. Moi, c’est quand j’en ai envie”: Kavinsky l’avoue, sans les confinements qui l’ont “recentré sur la musique car on ne pouvait plus rien faire”, il n’y aurait peut-être pas eu de deuxième album. Un disque où on retrouve aussi les voix de Sébastien Tellier ou Prudence (ex-moitié de The Dø).

Pour finir, on demande évidemment à Kavinsky de filer la métaphore automobile pour comparer ses deux disques. “OutRun était un album qu’on ne pouvait pas écouter fenêtres ouvertes tant il était frénétique. Avec Reborn, on peut rouler moins vite, avec les vitres ouvertes”, s’amuse-t-il. Car ce n’est pas une légende, pour le quadragénaire, “le test ultime” pour un album, c’est la voiture. “C’est vrai, c’est le meilleur endroit pour écouter de la musique pour moi, dans ma bagnole plutôt que dans mon salon (rires), avec tout ce qu’on voit autour”. Avec lui, les paysages défilent à l’écoute, parfois urbains et nocturnes, comme l’avait bien flairé Nicolas Winding Refn, réalisateur de Drive.