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Labo lunaire et space mining pour le pavillon luxembourgeois

Par Fabien Rodrigues / En photo : Francelle Cane et Marija Marić

Ce mardi 28 février était présenté au ministère de la Culture le projet luxembourgeois pour la prochaine Biennale d’architecture de Venise. Le pavillon, placé sous la responsabilité de kultur lx, accueillera le projet Down to Earth des chercheuses et curatrices Francelle Cane et Marija Marić.

C’est la première fois que la présence du Luxembourg à une biennale de Venise, qu’elle soit d’art ou d’architecture, est confiée à la « jeune » structure publique kultur lx, forme finale du Arts Council luxembourgeois dédiée à la promotion des artistes luxembourgeois à l’étranger dirigée par Valérie Quilez et Diane Tobes. C’est donc en présence, entre autres, de celles-ci et de la ministre de la Culture Sam Tanson qu’était présenté cette semaine le projet Down to Earth de Francelle Cane et Marija Marić, choisi parmi 13 dossiers candidats pour représenter le Grand-Duché dans son pavillon vénitien lors de la Biennale d’architecture 2023, qui se déroulera du 20 mai au 26 novembre.

C’est un comité 100% féminin qui a pris la parole ce mardi 28 février pour présenter le projet qui investira le pavillon luxembourgeois lors de la Biennale d’architecture de Venise 2023

À cette occasion, la ministre Tanson a insisté sur le rôle de l’architecture comme élément central de notre quotidien et comme vecteur de solution à de nombreuses crises contemporaines, mais aussi sur la pertinence du programme de Marster en architecture (MARCH) proposé par l’Université du Luxembourg dont sont issues les 2 lauréates doctorantes, prouvant qu’il est un facteur d’attraction pour les talents internationaux. Autre « première » évoquée par la ministre de la Culture : Lesley Lokko est la première artiste issue du continent africain à en être nommée commissaire. Quant au choix de placer la présence luxembourgeoise à Venise sous pavillon kultur lx, il semble s’être fait de manière « naturelle », afin de permettre à l’entité de stimuler la durabilité de cette présence autant qu’un réseau d’acteurs locaux dont elle pourra bénéficier de biennale en biennale.

Le projet

Ensuite, selon Hélène Doub, Responsable du département Arts Visuels chez kultur lx, le projet Down to Earth a été choisi pour son adéquation toute particulière avec la thématique de cette nouvelle biennale. De l’établissement de colonies sur la Lune à l’exploitation de minerais et autres métaux rares sur les astéroïdes, les imaginaires débridés d’une croissance fondée sur l’extraction ont littéralement transcendé les frontières de la Terre. Cette délocalisation de l’exploitation des ressources d’une planète Terre épuisée vers ses coulisses « invisibles », corps célestes, planètes et, finalement, la Lune elle-même appelle à une réflexion urgente sur l’impact que pourrait avoir un tel changement sur notre manière d’appréhender les notions de territoire, de ressources et de biens communs.

Down to Earth propose une analyse critique du projet de space mining, à savoir de l’exploitation minière de l’espace pour laquelle le Luxembourg ne cache pas un intérêt grandissant, et cela à travers le prisme des ressources, sur laquelle se fondent les interrogations inhérentes à un tel futur : enjeux géopolitiques et économiques, impact environnemental, statut actuel des corps extraterrestres, logistique… Ainsi, dans un véritable laboratoire lunaire recréé – structure qui permet en ce moment même aux chercheurs, partout sur Terre, d’expérimenter l’extraction minière en condition lunaire – l’exposition de Francelle Cane et Marija Marić se proposera de « questionner les récits autour de l’exploitation des corps célestes. En transformant l’espace du pavillon lui-même en laboratoire lunaire – comme scène où se déroule la ‘performance’ de l’extraction – Down to Earth s’emploie à révéler les coulisses, les implications invisibles du projet d’exploitation minière spatiale, proposant ainsi un regard différent sur la Lune… »

Les 4 artefacts de l’exposition

Le Lunar Laboratory lui-même

Construit selon le protocole de construction de laboratoires lunaires similaires, le lunar laboratory constitue l’élément sur lequel repose l’ensemble de l’exposition. Ce dernier consiste en un bassin rempli de sable basaltique et de roches artificielles et sera accessible aux visiteurs.euses via une plateforme par laquelle accéder aux différents éléments de contenu exposés.

Le film

Le film est réalisé en collaboration avec le photographe et vidéaste Armin Linke, à partir d’images d’archives, d’interviews avec différents chercheurs, avocats et autres représentants de l’industrie de l’extraction minière spatiale au Luxembourg et en Europe.

Le workshop

Intitulé How to: mind the Moon et élaboré par les curateurs Lev Bratishenko, Francelle Cane et Marija Marić, le workshop émerge d’une collaboration entre le Pavillon du Luxembourg à la 18e Exposition internationale d’architecture – La Biennale di Venezia, le Centre Canadien d’Architecture (CCA) ainsi qu’un groupe de chercheurs.euses internationaux. Il se concentre sur l’histoire des matériaux, notamment à travers l’exploitation des minerais sur la Terre. Chaque participant choisira un matériau sur lequel travailler afin d’établir sa nouvelle « carte d’identité », et ce, à travers une lecture critique quant à l’histoire, l’utilisation, les enjeux géopolitiques ou encore raciaux relatifs à l’exploitation dudit matériau. L’ensemble formera une banque de matériaux.

La publication

Intitulée Staging the Moon, la publication rassemble des textes des curatrices ainsi que des photographies des artistes Armin Linke et Ronni Campana. Cette dernière s’articule autour du thème de l’extraction des minerais extraterrestres, attestant des liens inextricables entre l’exploitation minière spatiale et sa médiatisation, le cadre légal de son développement ou encore la notion de biens communs. Le développement graphique de l’ouvrage a été confié au studio OK-RM (Londres, UK), et sa publication à la maison d’édition Spector Books (Leipzig, DE).

Un programme-cadre avec le LUCA

D’autres liens inextricables sont ceux, historiques, de la biennale d’architecture et du LUCA (Luxembourg Center for Architecture), fondation privée reconnue d’utilité publique et visant à diffuser la culture architecturale au Luxembourg tout en mettant la notion de qualité au centre des réflexions et des pratiques. Le LUCA participe donc lui aussi de manière naturelle à cette nouvelle présence vénitienne en proposant un programme-cadre dévoilé par Maribel Casas, qui le souhaite « inclusif pour le public luxembourgeois et stimulant pour les jeunes générations quant à la découverte de l’histoire et aux enjeux de la biennale en elle-même ».

Le programme est constitué d’une lecture, le 22 mars, de Léa-Catherine Szacka, qui avait rédigé sa thèse sur la première édition – « et donc la préhistoire » – de la biennale ; d’un déjeuner le 19 avril en présence d’anciens curateurs des pavillons luxembourgeois, qui pourront mettre en lumière leur positionnement d’alors en fonction des époques en question ; et enfin de la première conférence au Luxembourg des 2 curatrices 2023 le 21 septembre. Le LUCA étudie aussi actuellement les possibilités quant à l’adaptation de l’exposition de Venise en son sein, à Luxembourg.

Enfin, quant au déplacement du pavillon luxembourgeois au premier étage de l’Arsenal – il se trouvait auparavant dans une maison cossue de la Ca ’del Duca – Sam Tanson estime que c’était « un choix judicieux, qui permet une bien meilleure visibilité à la présence luxembourgeoise, dans un des épicentres des biennales de Venise ».

@ Daniel Splisser

Le site venicebiennale.kulturlx.lu servira désormais d’interface pour le public mais aussi de plateforme d’archive pour les présences luxembourgeoises aux différentes Biennales de Venise.

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