l’Antigone d’Ivo Van Hove
On a assisté à la conférence de presse censée nous en dire plus sur la prochaine création du metteur en scène Belge Ivo Van Hove. Même si ce fut un moment fort intéressant, couplé par une belle rencontre avec le metteur en scène et l’actrice Juliette Binoche qui tient le rôle titre de cette tragédie, on n’en sait pas beaucoup plus…
Le pitch est toujours le même,
Thèbes. Polynice et Etéocle s’entretuent pour le trône. Polynice succombe. Créon, roi de Thèbes, décide de laisser le corps de Polynice sans sépulture. Antigone dit “non”!
Tout l’enjeu de la pièce d’Ivo Van Hove se situe donc là, dans ce “non”.
Débuté à Londres le travail qu’ont entrepris, pour leur première collaboration, Ivo Van Hove et Juliette Binoche sur Antigone semble être devenu ce que le metteur en scène appelle “Le challenge artistique idéal”…
“La pièce en elle-même a la force explosive d’une bombe nucléaire.” ajoute Ivo Van Hove en expliquant que l’ensemble des thèmes qu’elle dégage lui sont fortement attachés. La tragédie est toujours difficile, il n’y a pas d’exception et Antigone fait partie de ce genre de texte qu’un metteur en scène se doit de surmonter. Ici, chez Ivo, les choses sont claires, “je ne crois pas que Créon soit un tyran, c’est une autre sorte de leader qui nous laisse avec beaucoup de questions.” Quoi qu’il en soit, le metteur en scène précise, “On n’est pas là pour vous dire ce que vous devez penser ou non. Il y a des milliers de choses dans cette pièce, si vous ouvrez votre esprit, vous trouverez ce que ça veut dire pour vous” Directeur artistique de la compagnie du Toneelgroep d’Amsterdam depuis 2001, le metteur en scène s’engage dans un théâtre préférant le subversif au politique. D’après l’artiste belge, “L’art peut changer le monde!”, mais ne l’a-t-il pas déjà fait?
Antigone de Ivo Van Hove avec Juliette Binoche, les 25, 27 et 28 février au Grand Théâtre
Juliette Binoche a réellement connu Antigone à ses 18 ans, lorsque pour la première fois elle découvre ce texte en scène et y décèle un récit “powerful and meaningful”… Oui car l’actrice française joue cette pièce en anglais, et tout naturellement nous en parle en anglais. “Cette pièce m’a profondément touchée” explique-t-elle, pour ensuite définir son ressenti en citant Descartes “je pense donc je suis”, et en expliquant que chez le personnage d’Antigone, il n’y a pas de morale, “Antigone is I am dans I wanna be…”. Enfin, l’immense actrice, primée à plusieurs reprises, notamment d’un César pour Trois Couleurs: Bleu (Krzysztof Kieslowski en 1993), passée entre les mains de Godard, Doillon, Carax ou Cronenberg, sublime dans Mademoiselle Julie (August Strindberg) mise en scène par Frédéric Fisbach, répondra à la question “En quoi Antigone vous ressemble?”: “je ne sais pas, je ne suis pas née princesse. Je suis toujours à sa recherche. Je suis au service d’une écriture”.