Mon Roi
Date de sortie: 21 Octobre 2015
Genre: La vie la vraie
Réalisatrice: Maïwenn
Le couple: Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot
Voilà un film comme je les aime: brut, réel, subtil, au style minimaliste, à l’improvisation des dialogues, aux enchaînements rapides de lieux et situations variés, aux personnages secondaires qui apparaissent puis s’effacent, mais surtout des gros plans sur les visages de Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot qui incarnent ces rôles de manière sublime.
D’abord l’homme. Séducteur, bon vivant, fragile puis méprisant, passant en coup de vent, indisponible puis passionné, fêtard roublard, père dévoué et amusant, menteur, secret puis touchant.
Puis il y a la femme qui ne croit pas en l’amour mais se laisse emporter par la passion, lui fait confiance puis doute, veut se reculer mais tombe d’une addiction à l’autre, chute, se relève, oscillant entre l’abandon de soi ou de lui.
Deux personnalités riches, pudiques, explosives qui se rencontrent, se heurtent, s’aiment, se battent, se taisent. Deux univers qui s’attirent et se rejettent en même temps. Comme dans la vie, la personne reste un mystère pour elle-même et les autres, pour l’autre. On ne peut partager que la fragilité ou la force qu’on a le pouvoir de donner un jour, un moment particulier, ou des années entières.
Ce film est comme une tornade, un souffle intense et brusque, un feu qui vous brûle. Qu’a-t-on envie de voir de l’autre? Qu’est-on prêt à voir de nous? Le réel n’est-il pas ce qu’on en fait? Une image, un reflet de nos propres envies, nos limites, nos folies.
La nudité et la sexualité, sans aucune recherche d’érotisme ou de sensualité, crue et simple, semi-présentes à l’écran, nous confrontent à notre corps, sa perception, ses ressentis, ses espoirs, sa relation au vécu, au mental, à l’âme.
Mon Roi s’intéresse à ce qui se passe sous les masques, les rires, la richesse et le désir. Comme ces scènes où la femme blessée doit réapprendre à marcher dans l’eau, à vivre peut-être sans dépendance affective. C’est la surface que l’on montre, mais c’est la profondeur qui importe entre les rêves déchus et les tragédies d’une vie.
Oui, Mon Roi raconte la vie, les liens qui se font et se défont, la souffrance cachée, la fantaisie, l’échange humain, les pages que l’on tourne sans bon ni méchant, sans bien ni mal. Cette histoire de nos secrets, nos envies et nos luttes, est contée avec une si grande légèreté, une si belle justesse, qu’elle ne laisse aucun spectateur indifférent, et nous fait passer avec une fluidité remarquable du rire aux larmes.