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Mouse On Mars, 20 ans d’électro…

Texte Godefroy Gordet

Mouse On Mars est l’un des pionniers de la musique électronique moderne. Fondé par Andi Toma et Jan St. Werner à l’aube des années 90, Mouse On Mars est aujourd’hui une référence majeure du mouvement IDM (Intelligent Dance Music), de la krautrock, de l’ambient et finalement de l’électro. La plupart du temps en duo, leurs lives sont parfois rythmés par le percussionniste Dodo NKishi, agencés à l’ordi et fort de grosses basses qui tabassent… Mais quoi qu’il arrive Mouse On Mars conserve les racines instrumentales qui ont fait naître leur musique. Andy Toma nous parle des débuts du duo, de leur ascension, de leur musique électronique mais aussi et surtout de ce qu’ils nous préparent ce soir à la Rockhal

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  • Comment as-tu découvert la musique électronique?

C’était il y a bien longtemps. On a tous les deux commencé à fonder ce groupe parce qu’il n’y avait que très peu de possibilités de production électronique. Il n’y avait pas d’ordinateur, on a commencé avec les Atari, je pense que c’était la première fois qu’on découvrait ce genre de technologie. Mais clairement j’ai commencé à me brancher sur la musique électronique quand les samplers ont commencé à émerger. Mon premier sampler était un Casio. J’ai commencé à bosser sur des séquences, enregistrer des sons. On pouvait mêler de l’acoustique à des séquences au sampler. Ça avait du sens.

  • D’où vient votre nom? Est-ce que c’est une façon de dire que votre musique vient d’une autre dimension ou quelque chose comme ça?

On travaillait ensemble et on venait de finir notre premier disque Vulvaland. On s’est dit «Oh merde il nous faut un nom!» Il est venu un peu tout seul. C’est un nom un peu stupide mais ce n’est pas si mal (rire).

  • Êtes-vous le fruit du mouvement IDM (Intelligent Dance Music) dans les années 90?

Il y avait beaucoup de mouvement à l’époque. L’IDM était l’un de ceux-là mais on était plus proches du mouvement Jungle qui s’est également créé dans les années 90. Plus tard on était plus dans l’ambient. On n’est pas vraiment connectés à uniquement un de ces mouvements. On utilise une part de tous ces genres.

  • En effet on décèle de nombreux styles dans votre musique. Entre Drum ‘n Bass, Techno, Dance, Glitch, Jazz, Krautrock. Quel terme utilisez-vous pour décrire votre musique?

On n’utilise pas de terme. On aime tous les styles. On est plus dans le Krautrock et la Past Techno comme le heavy ou le hardcore, on aime beaucoup ça. Mais on n’est pas uniquement dans l’une de ces scènes.

  • A vos débuts vous faisiez quand même plus du Krautrock?

Oui et non. Les gens identifiaient notre musique comme du Krautrock mais si tu écoutes nos anciens disques aujourd’hui, je ne crois pas que tu y trouveras du Krautrock. Pour la plupart des gens c’est important de trouver une structure stable dans la musique. Mais je pense au contraire que dans la musique ce n’est pas important.

  • Comment définirais-tu vos deux premiers albums Vulvaland ou Iaora Tahiti?

Ils sont plutôt relax. On a cherché notre propre son. Spécifiquement sur Iaora Tahiti, qui est un bon disque car on a ouvert la scène musicale à d’autres directions. C’est un peu une combinaison de ce qu’on fait aujourd’hui, avec plus de détails et un côté peut-être plus agressif. Mais je ne les trouve pas si différents de ce qu’on fait aujourd’hui.

  • Quand vient le «côté narratif» dans votre processus de création?

Tu ne sais jamais. Parfois ça vient directement, comme une vision. Et parfois tu n’as aucune direction, aucune protection, tu ne sais pas ce qui va t’arriver mais dans un sens tu es le créateur, tu dois trouver des solutions, tu dois trouver l’équilibre. Je pense que c’est comme ça pour la plupart des artistes. C’est la façon dont la musique se dessine.

  • Est-ce que tu penses qu’en 20 ans de carrière vous avez créé un nouveau langage musical?

Non je ne pense pas. Le langage musical est bien plus complexe. Ce que tu peux créer, c’est un mouvement pour une certaine période limitée dans le temps. C’est ce qu’on a fait au début de notre carrière. Aujourd’hui on est plus dans la recherche d’une certaine esthétique. Aujourd’hui avec les immenses possibilités des logiciels tu as une marge de manœuvre énorme. Actuellement faire de la musique c’est le paradis.

  • Pour toi c’est comme manipuler différentes sonorités?

Bien sûr! Quand tu as un son, tu essayes de le définir, de regarder à l’intérieur. Après tu vas chercher une bonne structure pour ta musique. On aime la musique club, pop, dance ou l’électro acoustique. On est toujours en train de rechercher l’inspiration dans tout type de styles.

  • Votre musique est-elle inspirée ou est-elle sa propre référence?

C’est toujours inspiré. Tu écoutes des trucs et ça te rentre dans l’esprit, et d’autres gens vont écouter notre musique et l’intègreront …

  • Aujourd’hui vous écoutez quoi?

Nos influences viennent de toutes sortes de musiques. Il n’y pas un artiste en particulier qui nous inspire. Quand on a commencé, le Krautrock nous influençait pas mal. Il y avait des groupes comme CAN ou KRAFTWERK et certains artistes classiques comme Karlheinz Stockhausen. Mais on ne voulait pas faire de la musique «comme eux».

  • Que voulez-vous exprimer dans votre musique?

La musique est une émotion personnelle. Il y a toujours un énorme impact émotionnel. Pour nous, tu peux définir le langage musical par les notes mais les émotions qui découlent de ce langage tu ne peux pas les définir.

  • Avec Internet et les logiciels, comment a évolué votre musique ces dernières années?

Rien n’a vraiment changé. C’est juste la façon dont tu choisis d’interpréter notre musique qui change. On achète plus la musique de la même façon. Si tu es connecté à un certain style de musique, tu as accès à beaucoup de choses…

  • Est-ce que c’est plus simple de faire de la musique aujourd’hui pour vous?

Dans un sens oui. Pas forcément pour nous. Mais les gens qui commencent la musique aujourd’hui, d’une certaine façon c’est plus simple pour eux.

  • 20 ans après, quel sentiment avez-vous par rapport à votre premier album si on compare aujourd’hui avec votre EP Spezmodia

On a toujours aimé la jungle. La jungle est devenue la Drum n’ Bass et la 2-step… La Krautrock était un mouvement plutôt similaire à la jungle dans les 90’s. Avec Spezmodia on est dans la lignée du Krautrock. Quand tu vieillis, tu te prends un peu moins la tête. On s’est juste dit qu’on voulait faire ce genre de disque et on l’a fait. Bien sûr c’est très différent de nos débuts mais on pense pas trop à ce qu’on faisait il y a 20 ans, on n’est pas les Rolling Stone tu vois.

  • Spezmodia rompt-il avec votre album Parastrophics?

Bien sûr que Spezmodia est une autre idée. Il est bien différent de Parastrophics. Je pense que le prochain sera totalement différent lui aussi. On a de nombreuses possibilités, donc on les utilise.

  • Réinventez-vous votre propre musique? Votre prochain album aura-t-il certaines sonorités qu’on entend dans Spezmodia?

Oui. Tout dépend du feeling qu’on a avec tous les éléments qu’on utilise. On travaille avec des instruments robotiques, on fait des séquences à l’ordinateur, travailler avec ce genre de technique est totalement différent et permet de partir dans toutes les directions, mais actuellement la direction qu’on veut prendre n’est pas claire. C’est encore ouvert.

  • Quels sont vos plans pour ces 24 heures électroniques à la Rockhal?

Ha?! C’est 24h d’électro? Merde! J’espère qu’on ne doit pas jouer 24h (rire)… On va faire une heure de set avec pas mal de titres de Spezmodia, un peu d’improvisation avec l’inspiration de la rythmique et beaucoup de basse. On compte partager notre musique avec les gens et trouver l’énergie qui se dégage de tout ça.

MOUSE ON MARS SERA CE SOIR A LA ROCKHAL ENTRE 23H ET 00H… TOUT LE PROGRAMME ICI!