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Siren’s Call Festival édition 2018 : le bateau tient le cap

Photos : Carl NEYROUD / Deadly Sexy Carl , Ava André
Textes : Thibaut André
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Plein soleil sur la capitale luxembourgeoise ce samedi 30 juin 2018, le thermomètre flirtant avec les trente degrés, la team musicale de Bold Magazine a assisté aux principaux concerts du Siren’s Call festival organisé en partenariat par l’Atelier et l’Abbaye de Neumünster sous le parrainage de la Ville de Luxembourg. L’abbaye prêtait les lieux et l’infrastructure pour l’occasion mais on retrouve aussi la salle Melusina sur les rives de Clausen ainsi que le Güdde Wellen sur le plateau du Saint-Esprit. On décernera une mention particulière au sentier enchanteur superbement décoré de lampions divers entre l’abbaye et Melusina pour l’occasion.

S’il y a un mot qui revient à l’esprit lors de cette expérience, c’est bien le terme familial. Tout est fait pour y accueillir des particuliers individuellement ou en famille dans un cadre magnifique, un décor somptueux et une atmosphère sereine et sécurisée, le tout à un prix très démocratique.

Il est 16h. Sur le parvis, une chaleur intense nous étreint sous ce soleil de plomb. Them Lights a la lourde tâche de donner le coup d’envoi. Ce quintet à la voix douce et posée, appuyée par deux charmantes choristes, évolue dans les eaux calmes de la soul moderne et du RnB teinté de rythmes dance et ambient, voire même de trip-hop par moment. L’accueil du public est assez positif mais néanmoins un peu timide. La chaleur, je vous disais.

Juste à côté du parvis se tient la Siggy’s Stage dans la salle Robert Krieps de l’abbaye. C’est donc à couvert que nous assistons au concert de Nlufer Yanya. Si la chanteuse-guitariste nous offre un set intimiste et subtil, sa voix manque de nuances et sa tessiture s’avère assez morne pour, à ce stade, faire décoller le festival. A la sortie, on peste sur notre choix de concert lorsque des amis nous confirment que le trio rock féminin de Dreamwife a mis le feu aux poudres dans l’antre de la Melusina au même moment.

Qu’à cela ne tienne, on se remotive devant la scène principale pour, sur le coup de 18h, voir Parcels donner le coup d’envoi. A ce sujet, la France vient d’éliminer l’Argentine en coupe du monde et passe en quart de finale. Mais revenons à la musique. Ce quintet 100% masculin distille une musique funk nimbée de soul sans faux col dans la plus pure tradition. Respectant tous les codes vestimentaires de leur genre favori, les musiciens embarquent le public qui commence d’ailleurs à danser. En outre, ce dernier est de plus en plus dense sur le parvis, preuve d’une affluence remarquée. A ce stade, on peut dire que le festival est lancé.

Il est 18h30, direction la Siggy’s Stage où se donne le concert d’Adam Naas. Chanteur talentueux dans la vingtaine, Adam présente un registre vocal impressionnant pouvant atteindre les basses du baryton comme les aigus du soprano, le tout avec une voix suave. Il doit bien couvrir quatre octaves. Le show est à la hauteur de nos attentes. Officiant avec deux musiciens, les nappes musicales se veulent subtiles et minimalistes, permettant à Adam de poser sa voix comme une mariée. Cette dernière possède un réel côté féminin tant elle dégage de la sensualité enveloppée d’une grâce qu’on ne retrouve que chez des immenses talents tels que Marvin Gaye ou Prince. C’est notre coup de cœur de ce festival. Adam Naas est un artiste à suivre.

Il est près de 20h. Les anguilles fréquentent les sirènes ce jour puisque le groupe californien d’Eels nous fait l’honneur, plus de vingt ans après la sortie de son succès Novocaine for the Soul, d’un show lors du Siren’s Call. Leur rock intello bluesy sexy ne laisse pas de marbre puisque le public leur est acquis d’entrée de jeu. On sent que la formation prend du plaisir et balance ses tubes avec le sourire. Est-ce un clin d’œil à Adam Naas ou une pure coïncidence puisque Eels nous livrera une reprise du titre « Raspberry Beret » de Prince ? En parfait frontman, Mark Oliver Everett plaisante volontiers avec la foule. Ca fait du bien de les revoir.

Pas le temps de respirer (et déjà 21h), on emprunte à nouveau le sentier enchanteur pour rejoindre Melusina où nos chouchous de Superorganism s’affairent pour les derniers préparatifs. Formation internationale, le groupe affiche sept membres aussi hétérogènes que sympathiques, le tout emmené par un petit bout de chanteuse aux origines japonaises qui allie moues renfrognées et monologues surréalistes dans un contraste détonant. La performance ne déçoit pas. Que du contraire, elle enchante. La pop easy listening de Superorganism ravit la foule dense qui répond avec un engouement indiscutable. La chanteuse Orono Noguchi tient son public et, lorsque le tube Everybody Wants to Be Famous est entonné, c’est toute la salle qui résonne à l’unisson et plonge dans un océan de pop acidulée. Superorganism marque certainement le point culminant du festival à ce stade. On sort de la salle avec des visages radieux qui contrastent avec les mines dépitées des supporters portugais qui viennent d’assister à la défaite de leur équipe nationale.

C’est sur le coup de 22h que la tête d’affiche de ce festival, MGMT, entame son set. Tous les tubes y passent avec bien sûr la dernière pépite de synthpop « Little Dark Age ». Lorsque « Kids » démarre pour une version longue de plus de six minutes dont un bridge mémorable, c’est l’explosion de joie dans le public qui danse sur le parvis de l’abbaye. Pendant plus d’une heure, ce groupe-phare, issu de la scène alternative new-yorkaise et ayant vu le jour en 2002 sous l’impulsion du duo composé d’Andrew VanWyngarden et de Ben Goldwasser, tiendra l’audience en haleine lors d’un set mémorable parfaitement exécuté avec la contribution irréprochable de deux autres musiciens.

On notera aussi les participations des artistes tels que Klangstof, Drops & Points (avec Pascal Schumacher), Molecule et Ryvage. Des DJ sets ont été assurés par Fonclair, Klangstof (à nouveau) et Kuston Beater & Wupp Soundsystem. Des lectures ont également été données dans le jardin de l’abbaye par les auteurs Lucas Volgesang, Claudine Muno et Stefanie Sargnagel. Des artistes ont pu aussi exposer et vendre leurs créations sur les lieux. La team musicale de Bold ayant dû opérer des choix cornéliens, il ne nous a pas été possible de couvrir les prestations de tous ces artistes.

Au final, cette édition 2018 du Siren’s Call Festival nous laisse une excellente impression tant au niveau de la programmation que de l’organisation et de l’infrastructure. Au regard de l’affluence, on peut dès lors en conclure que, de notre point de vue de spectateurs, cette année fut un tout bon cru. La formule est excellente, le bateau tient le cap.