Regarder la vidéo en entier
Accéder directement au site
BOLD Magazine BOLD Magazine

Vinyl, back to the 70’s

Texte: Helena Coupette

Après vous avoir parlé de Love, on continue notre petit tour des séries avec Vinyl. Certainement l’une des séries les plus attendues de 2016, Vinyl est le fruit de la collaboration entre Mick Jagger et Martin Scorsese. Prenant place dans le New-York des 70’s, alors en pleine effervescence rock, la série dépeint le quotidien de Richie Finestra (Bobby Canavale), directeur d’une maison de disque, en pleine crise de la quarantaine.

Sympathy for the Devil

On s’en était douté dès la parution du premier trailer : le combo Mick Jagger et Martin Scorsese, sur fond de glam-rock, allait forcément faire des étincelles. D’un côté : une icône du rock, toute langue dehors, autant connu pour ses excès cocaïnés, ses nombreuses conquêtes que pour son déhanché légendaire et son immense bouche, auteur et interprète de tubes légendaires et intemporels. Une rock star, une vraie. Le crédo ‘Sex, drug & rock’n’roll’ ? Plus qu’un mode de vie, il l’a pratiquement inventé avec les Stones. De l’autre, un réalisateur, maintes fois primé aux Golden Globes, oscarisé pour Les Infiltrés, lauréat de la Palme d’Or pour Taxi Driver. Autant dire, une pointure du cinéma, de celles dont il faut avoir vu au moins un film et dont on reconnait la patte dès les premières minutes. A l’instar d’un Kubrick ou d’un Coppola, Scorsese a ses gimmicks : rythme saccadé, frénétique, goût prononcé pour la consommation de drogues (Les Affranchis, Le Loup de Wall Street), une passion pour New-York (Taxi Driver, New-York, New-York, Gangs of New-York) et des héros souvent torturés incarnés par des acteurs fétiches (De Niro, Di Caprio).

 

Mais bien au-delà de la simple coïncidence, l’un et l’autre s’admirent mutuellement et Vinyl n’est pas leur première collaboration. Avant elle, Scorsese avait brillamment filmé les Stones lors d’un concert au Beacon Theatre à New-York, en 2008 pour son film-documentaire Shine a light. Il avait aussi utilisé une de leur chanson pour tourner la publicité du parfum Bleu de Chanel en 2010. Aussi, Vinyl apparaît davantage comme l’aboutissement d’une longue amitié que comme un simple concours de circonstances qui aurait rapproché ces deux-là.

Let’s dance

Reprenant tous les codes qui ont fait le talent de Scorsese, en les mêlant aux anecdotes d’un Mick Jagger sans langue de bois, Vinyl retranscrit à la perfection toute l’essence des seventies. À la fois rock, un peu crades, excessives et pourtant glam jusqu’au bout des plateformes boots, rutilantes et scintillantes, ces années-là sont celles de la transition. Plus vraiment hippies mais pas vraiment punk pour autant. Plutôt l’occasion de voir se confronter tous les styles et tous les genres, du disco au glam, en passant par les prémisses de la funk et ceux du punk, dans un joyeux bordel dans lequel on se fond immédiatement.

Musicalement impeccable, la série suit les aventures de son (anti ?) héros : Richie Finestra. Un playboy rusé et malin, impitoyable business man, la quarantaine flamboyante, à la tête d’une des plus importantes maisons de disques de l’époque. Le rachat de celle-ci par des hommes d’affaires allemands, un brin coincés, marque le point de départ de cette première saison. S’ensuivent des scènes hallucinées et parfois absurdes, des traquenards louches sur fond de mafia (autre gimmick de Scorsese), histoires d’amour et peines de cœur, des name dropping à la pelle, de Warhol à Bowie en passant par Led Zepp et les New York Dolls, tout ce qui se faisait de mieux à l’époque est cité. De même que les scènes de concert, puissantes, sans oublier évidemment la consommation excessive et dangereuse de drogues, de l’héroïne à la poudre. En même temps réaliste et idéalisée, cette première saison opère un revival maîtrisé à l’époque du Studio 54 et du Chelsea Hotel.

Enfin, si cette première saison est en tous points réussie (les acteurs sont tous excellents, l’intrigue tient debout, les costumes, décors et bo, parfaits), on a en revanche du mal à imaginer une suite cohérente, avec un passage aux Eighties obligé mais certainement difficile à aborder. A l’image de True Detective, dont la première saison était si magistrale que la deuxième s’avéra particulièrement décevante, Vinyl va devoir redoubler d’effort et d’imagination pour continuer sur sa lancée et espérer durer dans le temps.

Vinyl, de Martin Scorses et Mick Jagger, avec Bobby Cannavale, Olivia Wilde et James Jagger. A retrouver sur OCS Séries.