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“Acoustic Resistance” : explosion visuelle

Texte : Loic Jurion & Carl Neyroud
Artwork : Tangui Morin

Acoustic Resistance est un projet initié par les musiciens Julien Decoret (Joon Moon, Nouvelle Vague) et Julien Boyé (Gush, Nouvelle Vague) qui ont collecté au fur et à mesure des années de voyages et de tournées un large panel d’instruments et d’idées. En préambule à leur EP de 4 titres qui sortira courant juin 2020, la première vidéo du duo a été mise en ligne le 26 mai sur Youtube.

La vidéo s’ouvre sur de magnifiques images de nuages fendus par les cimes des massifs montagneux puis un travelling aérien sur des forêts millénaires embrumées. On peut déjà ressentir l’onde sonore aux fréquences hypnotique qui accompagne le préambule d’un voyage qui va durer plus de 9 minutes.

Le son cristallin de la guitare aux cordes nylon arrive avec le premier visage humain où l’on découvre les traits d’un enfant au regard puissant. L’accompagnement rythmique à la dynamique tribale nous saisit lors d’un magnifique mouvement de caméra sur les premiers adultes à la lumière d’un contre-jour tout en maîtrise (chapeau à la photographie digne des plus grands). Puis, nous basculons dans une station de métro où n’apparaissent que les silhouettes d’usagers en mouvement, façon Time Laps…

Nous n’en sommes qu’au début de cette vidéo et l’on ressent tout de suite cette précision des images et du son. À un tel point que dès la première écoute, on cherche l’adéquation symbolique en le visuel et l’instrument. Décomposée en 3 mouvements, des enchaînements d’image plus magnifique les unes que les autres vont ainsi nous être offerte pour un spectacle grandiose. Des plans larges au plan serrés, de la vue aérienne aux regards intense, tout est chargé en symboliques et en émotions. Des images d’une société moderne où l’individu est masse et l’industriel est vu de façon macroscopique, où les foules se coordonnent le temps de méditations collectives ou pour traverser un carrefour, cet ensemble teinte l’ambiance d’une onde anxiogène. Ces images de foules nous rappellent aussi notre société proto pandémique qui risque de ne plus être d’actualité pendant quelques temps…

Au premier interlude, la musique se calme avec l’apparition du feu. Du simple incendie de brindilles au puits de pétrole enflammé. Le 2ème mouvement peut s’entamer avec le retour du riff de guitare et des percussions. Puis, les chœurs arrivent sur les images de cité dévastée qui fait penser à Alep.  Au deuxième interlude, ce sont les images des nuages qui envahissent l’écran. Les instruments à vents accompagnent de nouvelles séquencent de feu jusqu’à ce qu’une éclipse australe lance le puissant 3ème et dernier mouvement. L’enchainement d’image se ralenti mais les plans dégagent toujours une force incroyable avec cette musique hypotonique et parfaitement calibrée pour ce documentaire musical.

Un plan aérien improbable, où l’eau et le ciel ne sont pas séparés par l’horizon, amorce l’épilogue de ce voyage. Le trip se termine sur l’obscurité envahissante d’une dernière éclipse.

On ressent la présence des éléments fondamentaux et nous vous laissons l’interprétation de cette œuvre puissante et magistrale.

A voir, et à revoir en attendant la sortie de l’EP.