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Aquaria ou la beauté du drag

Par Fabien Rodrigues / Photos : courtesy of Voss Events

Qu’il s’agisse de sa victoire lors de la dixième saison de Ru Paul’s Drag Race, de son passage remarqué au très exclusif Met Gala, de la couverture médiatique qu’elle reçoit ou encore de sa communauté fidèle qui suit tous ses faits et gestes, Aquaria est une reine du drag qui cumule les records. Et qui est de passage à la Rockhal ce 24 octobre aux côtés d’autres superstars de la franchise culte pour un Werq The World Tour coproduit par A-Promotions qui s’annonce mémorable. Enflammant les scènes et les pages de papier glacé du monde entier avec sa jeunesse insolente et son sens du style impeccable, celle qui se nomme Giovanni Palandrani à la ville est devenue en quelques années une véritable icône de mode… Impossible de ne pas s’entretenir avec cet.te artiste dingue, who gives us a thing called LIFE !

Aquaria, tu viens de rentrer d’Asie, comment vas-tu ?

Je vais très bien, merci ! C’était très agréable de refaire quelques spectacles en Asie et en Australie et je suis très excitée à l’idée d’emmener la production en Europe !

Tu viens au Luxembourg avec le désormais célèbre Werq The World Tour. Une première dans le pays ! Connaissais-tu le Luxembourg avant cela ?

J’adore les « premières fois », alors j’ai hâte de me rendre au Luxembourg ! Pour être tout à fait honnête, je pourrai probablement en apprendre beaucoup plus sur le pays, mais je sais que le Luxembourg est relativement bien placé en ce qui concerne la place de la communauté LGBT, qui est un sujet qui me passionne.

Werq The World est une partie importante du travail des « All Stars queens ». Combien de temps passez-vous en tournée et qu’est-ce que tu aimes dans ce format ?

Werq The World est un drag show pas comme les autres qui repousse les limites de l’expression queer vers de nouveaux sommets. La version actuelle de notre spectacle met en scène et parodie quelque peu le film Matrix, et je joue un rôle similaire à celui de Neo. Mon principal numéro solo est consacré à la prise de conscience du pouvoir que j’ai de libérer mon esprit tout en livrant une performance fierce en même temps. Le show intègre certains de mes musiciens préférés (Charli XCX, Caroline Polacheck, SOPHIE, Ultra Naté, Axwell, Lady Gaga… pour n’en citer que quelques-uns) ainsi qu’une chorégraphie fantastique, des looks incroyables et un peu de drame théâtral, évidemment…

Qu’est-ce que les gens qui n’ont jamais assisté à un tel spectacle peuvent en attendre ? Et de ta performance plus précisément ?

Tout d’abord, nous arrivons en force pour cette partie européenne de la tournée mondiale, avec des artistes très talentueuses et qui envoient du lourd sur scène : Kandy Muse, Vanessa « Miss » Vanjie, Mistress Isabelle Brooks, Daya Betty, Ginger Minj et Bosco ! C’est toujours agréable de pouvoir se débrouiller seul dans une production solo, mais voyager avec une variété d’artistes différents comme c’est le cas ici me permet de rester alerte et rend les choses intéressantes, c’est certain ! C’est formidable de voir des artistes queer élevés à ce niveau de production et de donner à nos fans l’occasion de nous voir sous notre meilleur jour.

Pendant la saison 10, que tu as remportée, tu as été étiquetée comme une reine de la mode. Tu as ensuite eu le privilège d’assister au Met Gala et de gagner en influence dans les sphères de la mode mondiale. Quelle est la place de la mode dans ta vie aujourd’hui ?

Chaque fois que je sors de chez moi, c’est une occasion de défiler sur un nouveau catwalk, et j’adore explorer les différents styles et concepts créatifs de ma sphère mode. J’ai toujours l’impression d’avoir trop de bagages pour les tournées parce que j’aime apporter beaucoup (trop) d’accessoires et différentes pièces uniques à styliser pour les nombreuses occasions qui se présentent à nous. Et la mode tient toujours une place incroyablement importante dans mon cœur et me donne une perspective et un relief uniques à présenter. J’attends toujours avec impatience de nouvelles occasions de nouer des relations avec la communauté mode, car son soutien a été essentiel à mon succès et à mon plaisir au cours de ces dernières années !

As-tu une « drag family » à New York ? Si oui, comment la décrirais-tu ?

Oui et non… Je ne pense pas avoir une famille drag dans le sens le plus traditionnel que les médias mettent en avant, mais j’ai eu beaucoup de figures drag que j’ai admirées, à New York ou ailleurs, et qui m’ont aidée à naviguer cette scène complexe au début de ma carrière. Je continue à avoir des amis et des mentors comme Susanne Bartsch et Ladyfag avec qui j’aime renouer quand je suis de retour à la maison. C’est également passionnant de voyager dans le monde entier, car je peux me constituer une drag family étendue, aux quatre coins de la planète.

Si tu avais l’opportunité de faire une saison All Stars All Winners de Ru Paul’s Drag Race, dirais-tu oui ou non ? Pourquoi ?

J’ai l’impression que c’est une bonne occasion de voir mes amies et de montrer quelques concepts de looks excitants que j’ai gardés pour une occasion spéciale… Ce serait un plaisir de partager ces idées avec les fans et aussi de donner un aperçu plus complet de ma vie et de ma carrière d’artiste drag aujourd’hui… Donc, oui !

Tu as commencé le drag en 2014, comment perçois-tu l’évolution de la scène sur ces 10 dernières années ?

Au cours des dix dernières années, il a été formidable de voir les artistes transgenres, les drag kings et les autres acteurs non binaires du drag être davantage reconnus et soutenus par notre communauté. Je pense que c’est probablement le changement le plus important, mais cependant – sans vouloir passer pour un vieux “bébé amer” (rires) – je pense qu’une grande partie de la scène drag est devenue très « regarder maintenant, acheter tout de suite »… C’est sûrement à la fois une bonne chose et une moins bonne chose, à mon avis. Ce qui est trop répété ou copié ne me procure pas la même excitation.

Qu’en est-il de la perception qu’ont les gens de l’art du drag ?

C’est un soulagement de voir que les opinions des gens à l’égard des artistes drag s’ouvrent de plus en plus, par rapport aux croyances plus conservatrices auxquelles nous sommes encore très confrontées… Bien sûr, avec une plus grande acceptation, il y a plus de polarisation de la part des gens qui veulent mettre la pression sur la communauté queer, mais chaque jour nous continuons à nous battre et à prouver que le drag est tout sauf un mal pour le monde et que nous méritons de vivre sans peur !

Et de quelle manière a évolué ton drag personnel ?

J’adore essayer toutes sortes de concepts, de techniques et de méthodes différentes pour créer mon drag, mais j’ai vraiment essayé de me concentrer sur des styles plus spécifiques ces derniers temps… Je pense que je suis reconnue pour les changements extrêmes que je peux parfois opérer, mais je vois aussi la valeur d’avoir une esthétique plus cohérente. Pour moi, le fait de réfléchir à un point de vue plus complet m’a apporté cette harmonie vertueuse, à la fois « in and out of drag ». Ceci étant dit, j’aime continuer à m’inspirer et à revisiter des concepts passés pour développer mon langage visuel et l’histoire que je crée avec Aquaria…

Pendant la saison 10 de Ru Paul’s Drag Race, tu as remporté le Snatch Game, une épreuve cruciale, avec ton imitation légendaire de Melania Trump. Aimes-tu toujours faire rire les gens et impressionner au-delà de la beauté et du style ?

Je pense que les gens comprennent que j’ai un personnage drôle, mais j’aime continuer à surprendre les gens avec ma langue acérée et mon esprit vif. Je pense qu’il est bon d’être la « jolie » fille qui continue à surprendre les gens avec son humour plutôt que quelqu’un dont on attend qu’il ou elle soit drôle 24 heures sur 24, 7 jours sur 7… Je déteste voir les gens me sous-estimer, mais j’adore absolument les voir rire quand ils finissent par être pris au dépourvu !

Et est-ce qu’aujourd’hui toujours, comme tu le déclarais alors, « every hole is a goal » ?

Every hole is most CERTAINLY still a goal! Plus que jamais d’ailleurs (rires) !

Si tu avais un conseil à donner aux jeunes drag queens d’ici et d’ailleurs, quel serait-il ?

Je pense qu’il est important de se rappeler qu’aucune drag queen, ou aucun pays n’est trop petit. Tout a sa valeur. Divertir les autres avec votre art et votre sens du spectacle authentique continue d’inspirer la communauté qui vous entoure. On ne sait jamais qui va nous admirer, c’est pourquoi il est toujours important de faire de son mieux et de le faire avec fierté !

Ce format est également à retrouver dans le Bold Magazine #82, à lire en ligne ici!

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