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Josy Basar, le zébulon électro punk

Par Fabien Rodrigues / Photos : Cédric Oberlin

Parmi les lives mémorables qu’on a pu voir tout au long de cette saison estivale au Luxembourg, une double apparition a été doublement remarquée : celle de Josy Basar, personnage on ne peut plus loveable et qui balance un son nouveau tout en faisant (re)monter en nous les émois d’Erasure, Vive la Fête ou encore des Rita Mitsouko. Aux Rotondes pendant les Congés Annulés ou pour la rentrée de la Kulturfabrik, ce joyeux loustic te fait vibrer l’arrière-train que tu le veuilles ou non. Et bonne nouvelle, il a un album dans les starting blocks…

On pourrait le croire né et biberonné aux salles de concert les plus pointues d’une grande ville française tant sa présence sur scène semble inscrite dans son patrimoine génétique, il n’en est rien ou presque : Josy Basar, Gaël dans la vie civile, est un Vosgien assumé parti jeune en internat à Nancy pour enchaîner ensuite pendant cinq ans des études aux Beaux-Arts de la Cité des Ducs de Lorraine. Il y exprime alors sa créativité par le biais de la peinture et de la vidéo, puis se laisse porter par ses envies d’ailleurs une fois son diplôme en poche et s’installe à Shanghai. « D’abord pour une résidence de huit mois, mais j’y suis finalement resté trois ans ! Cette période initiale me paraissait très courte, tant tout était fascinant : la taille de la ville, son évolution en temps réel, l’impression d’être dans Blade Runner »…

La fascination laisse place à la recherche active des « endroits alternatifs », qu’il découvre à l’intersection d’une population internationale et d’une contre-culture locale. La peur de rester « trop longtemps » et la succession de boulots pour lesquels il « fait semblant, presque avec brio, d’être capable » le poussent à finalement quitter la Chine pour Paris. Tous ses amis de Nancy sont montés à la capitale et l’envie de faire de la musique avec eux s’impose comme une évidence. Mais de nouvelles rencontres, notamment dans les milieux du Punk et du Rock, vont alors mettre Metz sur sa carte musicale : « Je me suis alors fait un pote qui jouait dans le groupe Volage, que j’aimais beaucoup, originaire de Metz, et qui m’assure que la ville est un véritable bouillon musical alternatif, mais aussi plus officiel, les deux scènes se mélangeant bien. C’est un des aspects qui me manquaient à Paris ».

Metz, le coup de foudre

Outre cet indice, Gaël réalise que bon nombre de groupes qu’il affectionne alors sont d’extraction messine. « Des trucs comme Noir Boy George ou The Feeling of Love, des trucs de caves, limite ancestraux… Mais d’un autre côté, Metz est aussi la ville de gens comme Grand Blanc et Chapelier Fou ! » Les astres semblent s’aligner entre ses envies, celles de sa chérie danseuse et la rencontre bien heureuse avec Romain Muller, Mélodie Boubel et leur label indépendant Coco Machine. « On s’est vraiment développé ensemble, on a commencé à se rencontrer régulièrement, notamment avec mon autre groupe technopunk 2 Panheads (avec qui il est en phase d’écriture d’un nouveau disque, ndlr.), puis on a parlé du reste. C’est à ce moment que je me suis senti super bien à Metz, que j’ai vu que c’était une ville de fou pour la musique ».

Coté inspirations, Josy Basar, son alter ego né début 2022, va puiser pas mal dans son affect extrême des musiques électroniques des années 70 et 80, « une grosse base » qui comprend Kraftwerk et Grauzone par exemple, à laquelle il lie des chanteurs français « un peu bricoleurs » comme Jacno ou Christophe et des artistes qui « incarnent la posture du chanteur par excellence » comme Hubert-Félix Thiéfaine. Le processus créatif est intuitif, avec une approche d’autodidacte qui adore la musique et qui va faire ce qu’il faut faire pour obtenir la note et la teinte qu’il veut… « En général, tout vient d’une atmosphère que j’ai envie d’explorer. Je pars d’un mot et, en le filant, ce mot va prendre sa place dans une phrase et dans un texte, qui va ensuite se raccrocher aux notes… Comme un puzzle, tout va s’emboiter et faire sens ».

À l’époque de ses prestations en groupe, Gaël se cache un peu derrière l’anglais, la touche de Manchester et le collectif ; avec Josy Basar, c’est une épreuve du feu qui met à nu « son plaisir coupable » de l’écriture, lui qui couche sur papier tous ses textes… Un chemin sur lequel il est accompagné de près et avec confiance par Coco Machine.

Metz-Luxembourg-Prague

Ses connaissances messines, notamment aux Trinitaires avec Patrick Perrin, font que Josy rencontre Marc Hauser des Rotondes, qui lui propose alors d’assurer la première partie de Princess Chelsea, fin 2022. Ce qui va avoir une conséquence aussi cool qu’inattendue et inscrire l’institution culturelle luxembourgeoise de manière intense dans le cœur de l’artiste. Il nous le confie avec amusement : « À quelques jours à peine de ce live, qui m’enthousiasme déjà énormément, je reçois un mail en anglais qui me paraît étrange au départ… Mais quand j’y prête plus attention, je me rends compte que c’est le management de la tournée européenne de Princess Chelsea qui me propose, après avoir vu que je faisais sa première partie à Luxembourg, de la suivre en tournée en République tchèque et en Slovaquie. J’ai proposé à une pote de conduire et nous voilà partis faire 4 dates avec elle dans les sales les plus réputées là-bas ! Franchement, ça a changé ma vie, j’ai pris une grosse claque… ».

Quand Marc propose à Josy, quelques mois plus tard, de se produire sur la scène des Congés Annulés 2023, il n’hésite donc pas un instant : « Tout ce que les Rotondes me demandent, c’est oui direct ! J’adore l’équipe, à la programmation comme à la technique, c’est toujours un plaisir d’être là-bas ! »

Point, à la ligne.

Après une saison estivale riche en scènes, il est temps de faire une petite pause live pour Josy Basar qui apporte les touches finales à son album huit titres, « fini, enregistré, produit, masterisé » et prévu à la sortie pour le tout début de l’année 2024. Un format dans lequel la musique de Josy Basar a trouvé sa forme et sa place exactes. L’album sera accompagné de quelques clips vidéo qui s’annoncent joyeusement décalés, tournés en Grande Région et figurant souvent « un personnage absurde, qui n’a clairement rien à faire là ! »

Ce qui n’empêche pas l’artiste sortir au préalable La Ligne ce 10 novembre, un titre supplémentaire qu’on avait particulièrement kiffé lors de son passage à Bonnevoie cet été. « C’est un morceau qui sort un peu du lot, comme une sorte de tutoriel qui sert de colonne vertébrale à l’album, album qui se définit un peu sur une ligne justement, une ligne de train Épinal-Nancy, une ligne de vie, une ligne qui est tout sauf droite… », d’où le nom de l’album, Alinéa, où « chaque chanson est un paragraphe qui se termine par un point après lesquels on va à la ligne ».

Ce format est également à retrouver dans le Bold Magazine #82, à lire en ligne ici!

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