Brigsby Bear, film doudou
Petit détour par une autre section parallèle du Festival de Cannes, la Semaine de la Critique, avec un petit bijou : Brigsby Bear, tragi-comédie nostalgique qui fait la part belle à l’imagination et au rêve.
Brigsby Bear a plus d’un atout dans sa manche. Dramédie écrite par Kyle Money, figure du Saturday Night Live (qui s’est octroyé le rôle principal et a mis son pote Dave McCary, auteur du même programme culte, à la réalisation), le film est produit par Phil Lord et Chris Miller (la relecture sous acides de 21 Jump Street et sa suite ce sont eux, La Grande Aventure Lego et du futur Han Solo movie, c’est encore pour leur pomme)… Et on dirait bien que, cette fois encore, ils ont eu le nez creux.
Difficile d’aller plus loin sans révéler quelques éléments de l’intrigue. Ce que Kyle Money a écrit, c’est le retour à la réalité d’un trentenaire, maintenu dans une bulle depuis sa prime jeunesse. Passionné par une fiction pour enfants (le Brigsby Bear show qui donne son titre au film) dont il reçoit chaque semaine les nouveaux épisodes en VHS, il voit sa vie, qui se résume à l’univers coloré de sa fiction favorite et aux quatre murs de la maison qu’il n’a pas le droit de franchir, basculer le jour où la police fait une descente chez lui. Terrible vérité : ceux qui se disaient ses parents sont en réalité ses ravisseurs. Enlevé à la naissance, James est donc trente ans plus tard rendu à ses géniteurs. Mais, le plus dur pour lui sera d’apprendre que sa série favorite a été fabriquée de toutes pièces par son « faux-père » et qu’il est bien le seul à la connaître. Il se met en tête d’y mettre un point final, sous la forme d’un long-métrage réalisé avec les moyens du bord.
Fiction hybride qui désamorce le fait le plus dramatique par le rire, quelque part entre le ténébreux Room, The Truman Show et le délire arty de Michel Gondry (Soyez Sympas Rembobinez), Brigsby Bear est un feel good movie malin et complètement meta. Non content de mettre en scène des seconds rôles géniaux (Mark Hamill en inventeur de jouets, scénariste et doublure voix (!) d’une saga spatiale et Claire Danes en psychiatre), il interroge carrément notre rapport affectif collectif à une œuvre de fiction et notre propre pouvoir d’imagination. Nostalgique, émouvant, emballant, puisse Brisby Bear croiser la route d’un distributeur qui tombe amoureux de son histoire. Pour qu’à son tour, il puisse être vu par d’autres.