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Daniel Tarazona, petit prince de l’upcycling

Par Fabien Rodrigues

La scène mode de la Grande Région fourmille de nombreux talents émergents, comme le public l’a vu lors de la dernière Luxembourg Fashion Week. Sur scène, beaucoup de jolies surprises, mais aussi un défilé-performance très remarqué de la griffe Walking In Custom. Derrière ce projet se cache le jeune designer Daniel Tarazona, qui compte bien élever l’upcycling au stade de high fashion et qui ouvre son premier espace créatif à Luxembourg en ce jeudi 14 décembre…

Difficile de ne pas être attiré du regard par le style hyper créatif de Daniel Tarazona, qu’on le croise dans la rue ou sur les réseaux sociaux qui commencent à figurer bon nombre de ses créations et de ses styles personnels, le plaçant sans grand mal à la proue du fashion design local… Une scène bouillonnante, mais encore trop discrète et compétitive, au point d’être totalement absente ou presque des derniers Luxembourg Design Awards… Serait-ce l’heure du changement ?

Daniel, 30 ans, est né à Caracas, où il grandit au sein d’une famille cultivée de journalistes diplomatiques. Une carrière – forcément – mise à mal au fur et à mesure de l’évolution de la situation politique du pays, qui pousse le foyer à quitter ce dernier pour la France. Daniel étudie la décoration intérieure et le textile à Paris, puis il décide de s’installer au Luxembourg – par amour, what else ! À son arrivée en 2021, il tombe un peu par hasard sur l’ouverture de la boutique Lët’z Refashion à Hamilius, mouvement dont il se rapproche immédiatement par capillarité idéologique. À l’époque, il est lui aussi en train de lancer sa propre griffe, avec comme pièce maitresse la combinaison qu’il a appris à aimer et à sublimer lors d’un stage chez Disney…

L’upcycling, le nouveau luxe

Que ce soit pour ces combinaisons ou pour les épaulettes, autres éléments forts de l’univers mode du jeune styliste, l’upcycling est un élément central et une condition sine qua non avec laquelle il a construit son parcours. Une valeur sociale, également, avec laquelle il a grandi. Avec Lët’z Refashion, il peaufine son travail et continue à se former grâce à un ensemble d’ateliers proposés sur place. Avide de nouvelles compétences et studieux, il décroche également un diplôme de management du luxe à l’Institut Français de la Mode, « afin d’en apprendre également plus sur l’histoire de la mode, les différentes époques et les différents courants ». Il collabore aussi pendant quelques mois avec la it girl luxembourgeoise Émilie Boland pour un format radio autour de la mode et prend plaisir à chroniquer son univers dès qu’il le peut…

Parmi ses inspirations, Alexander Mq Queen, bien sûr, « l’avant-garde incarnée », mais aussi la vie quotidienne, l’art et la culture qu’il vit au jour le jour.  Les talents qu’il croise dans la rue ou sur les réseaux sociaux. D’un workshop sur la création de parfum « qui m’a donné une perspective nouvelle et très intéressante sur mes sensibilités et la manière de construire un vêtement, par analogie, par mélange des sens… » Une approche très ouverte et très pluridisciplinaire de la mode donc, comme a pu le voir le public venu en masse à la dernière Luxembourg Fashion Week. Daniel y a proposé une vraie performance sur le catwalk, apportant directement les dernières touches à sa silhouette devant toutes et tous et ajoutant ainsi en live la dimension d’artisanat à la narration de son show.

Si cet événement a été un des points forts de la saison pour le designer et jeune chef d’entreprise, Daniel se souvient aussi d’autres évènements qui ont marqué sa carrière luxembourgeoise, tels que le premier Upcycling Fashion Show qu’il a coorganisé aux Galeries Lafayette, en partenariat avec Caritas et Lët’z Refashion, « le premier défilé upcycling de la capitale » ; ou encore un projet qu’il évoque encore avec beaucoup d’affection, à savoir une collaboration avec l’influenceuse Melody Funck, pour laquelle il a créé une tenue incroyable destinée à sa présence à la Fashion Week de Milan de 2022.  « C’était ma toute première création qui allait se retrouver dans une des grandes Fashion Weeks internationales, et c’était tellement chouette que Melody fasse le choix de l’upcycling ! On est partis d’un gigantesque rideau que l’on a transformé. La transformation a été aussi instructive que stimulante à voir, c’est une de mes pièces qui restera historique… »

Autre moment récent et très important : l’intégration de Daniel au sein du mouvement Fashion Revolution Luxembourg, qui lui donne encore plus de puissance de frappe et de visibilité pour promouvoir l’art et la mode écoresponsables. Sans oublier sa rencontre avec Monica de Fonseca, « qui a été d’une aide incroyable, une grande facilitatrice qui m’a fait confiance et m’a fait profiter de son sens de la mode et de son réseau ; et que je tiens à remercier chaleureusement ! »

Un espace personnel et vertueux

Au-delà de cette passion pour dessiner des silhouettes mémorables, Daniel Tarazona éprouve aussi une envie réelle et professionnelle de conseiller celles et ceux qui en auraient besoin, dans une approche bienveillante, durable, créative – et certifiée par une formation de coach en image.  C’est ce qu’il pourra enfin faire au 11, boulevard Joseph II à Luxembourg, dans un tout nouvel espace inauguré le 12 décembre et où l’on peut découvrir et acheter ses créations, mais que.  

C’est en effet là que le projet Walk In Custom intervient dans son intégralité. Créé avec son associée Claire Flammang à partir d’un cycle d’ateliers et de défilés organisés au sein du lycée Aline Mayrisch, Walk In Custom englobe ainsi non seulement les créations de Daniel, mais se positionne aussi comme une plateforme collective, sociale et éducative, voire pédagogique, destinée à promouvoir l’upcycling et la mode durable tout en fournissant les clés et les outils pour lui donner vie… Notamment auprès des adolescents et jeunes adultes, au Grand-Duché. Un programme « ambitieux et plein de bonnes surprises » a d’ailleurs été élaboré pour 2024 et le fait de pouvoir centraliser son activité dans un atelier personnel devrait stimuler d’autant plus les échanges possibles entre Daniel et ses interlocuteurs. « L’idée est vraiment de transmettre cette ouverture d’esprit par rapport à l’upcycling à des designers en devenir, dans un pays où il n’y a pas de formation mode pour le moment » …

De manière complémentaire à cette installation physique dans la capitale, Daniel n’en oublie pas pour autant la sphère digitale et compte bien accompagner sa démarche d’une stratégie sérieuse et méticuleusement travaillée sur le web et les réseaux sociaux. Il suit d’ailleurs une formation à distance pour cela, il fallait s’y attendre ! Pour l’ouverture de son atelier, Walk In Custom accueille également sur ses murs l’artiste plasticienne Sandra Chérès, résidente au prestigieux 59 Rivoli à Paris, en tant que première guest artist. « L’idée est vraiment d’en faire un endroit d’échanges, de mise en lumière de la mode durable, mais aussi un outil de promotion de l’upcycling, qui a plus que jamais sa place dans la mode, même luxe, de demain », précise Daniel.

Enfin, lorsqu’on lui pose la question de sa collaboration de rêve, Daniel Tarazona conclut de manière très claire en évoquant le Casino Luxembourg, un lieu plein de culture qu’il apprécie tout particulièrement et où il avait lancé son projet. « Je rêve d’en faire, le temps d’une exposition, un véritable musée de la mode, de son histoire et de son impact social. J’imagine un défilé de mode responsable et d’upcycling dans l’aquarium, des conférences et des tables rondes autour de la nature même de la mode et de son avenir… Je ne vois pas meilleur endroit au Luxembourg que celui-ci ! » Il n’y a plus qu’à…

Ce format est également à retrouver dans le Bold Magazine #83, à lire en ligne ici!

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