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Edsun, musique et danse pour Holy Ghost

Texte : Godefroy Gordet
Photos : DR

La musique pop au Luxembourg ne s’est jamais aussi bien portée, en témoigne les nombreux artistes qui y opèrent et le succès florissant du jeune chanteur, compositeur et interprète, Edsun. De concert en concert le voilà lancé dans la faune musicale grand ducale, exultant aussi à l’étranger. Une réussite légitime tant l’artiste s’acharne à créer une musique libertaire qui séduit les corps autant qu’elle interroge les esprits.

De parents Capverdiens, il grandit à Dommeldange, bercé par l’effervescence festive du café familial. C’est sûrement de là qu’est venue son affection pour la musique, même si Edsun la sent dans son ADN depuis toujours, « dès mon plus jeune âge, mes parents me mettaient sur une table du café et je dansais. C’était un peu prévisible que je me dirige vers la musique. C’est venu naturellement, je n’ai rien décidé ».

Chanteur, danseur et performeur, le luxembourgeois ne note pas de réelle distinction entre ces trois domaines d’expression artistique. Elles lui sont distinctes mais complémentaires et lui donnent l’opportunité de s’exprimer totalement, « c’est un peu comme le Holy Ghost : ça te prend et tu ne peux plus t’en passer ».

D’ailleurs sa personnalité androgyne, marqué par sa voix au timbre sensible et ses chorégraphies mettant en scène la puissance du corps masculin, combine à nouveau ce débat et livre une thématique centrale du travail de Edsun, celle du genre, « je cherche à sortir des catégories stéréotypées, casser les barrières et voir le corps comme un corps et non un genre. Qui serions-nous, si nous n’étions pas dominés par ces stéréotypes qui nous sont imposés dès le plus jeune âge. Entre douceur et sensualité, il est aussi question dans l’esthétique visuelle de sa musique, du rapport à l’humain, ses confrontations face aux autres, son corps, sa sexualité…

Edsun au festival Sonic Visions en 2017 (Photo : Fohl Noah)

En 2015 il sort N.O. un premier EP très sombre et lyrique, qui illustre une obsession de la négation. Un premier disque lancé à une période difficile de sa vie, comme une sorte d’exutoire pour lui, « Cet EP a été un moyen pour moi de m’exprimer et sortir toutes les énergies négatives qui étaient en moi. Le « N.O. » s’était un mauvais rêve que je faisais régulièrement. J’ai essayé de transposer cela, ce qui m’a permis de ne plus refaire ce rêve, le laisser s’en aller les mauvaises choses, comme un thérapie ».

En octobre 2018, le titre Lisa, qu’il « clip » en collaboration avec Isaiah Wilson, fait résonner sa musique au plus large. Une chanson écrite à Londres, avec le soutien du producteur Emerine Samuel – qui travaillera sur le second EP, ndlr –, « il y avait quelque chose sur les samples qui me faisait danser, comme une libération. Un son qui me faisait pensait à l’Afrique, aux danses tribales. De là est né le concept méditatif de ce titre. C’est un morceau qui m’a permis de me libérer du premier EP et de m’exprimer comme je le voulais ». Lisa est ainsi un titre planant méditatif et régénératif, au demeurant, qu’il explique comme une chanson avec laquelle on doit faire le vide. Lisa se décline comme un titre aux allures R&B alternatif et électronique, une direction que l’artiste va conserver par la suite.

Le 10 novembre 2018, il sort You are not just one thing, un second EP qui livre des rythmiques à nouveau sombres, mais plus aériennes. Un disque introspectif, dans lequel Edsun traite des thèmes qu’il n’osait pas aborder avant, « j’ai été beaucoup plus honnête avec cet EP, j’ai essayé d’aller dans une direction de libération et laisser mes peurs de côté ». En décembre de la même année, il est lauréat par deux fois à la première édition des Luxembourg Music Awards (Artist of the Year, Best Music Video) organisé à la Rockhal. Un succès critique qui a déclenché une motivation sans pareil chez le jeune musicien, « être reconnu pour son travail c’est quelque chose que tout artiste recherche. Ça me permet de travailler différemment, d’investir d’autres moyens et ça m’a ouvert d’autres portes ».

Actuellement, à l’aube d’une carrière musicale en plein essor, pour la suite, Edsun se voit « en train de créer de la musique, des histoires, des danses. Pour moi ce travail est une recherche constante de liberté et, même si ça sonne un peu cliché, j’aimerais dédier ma carrière à ça ».


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