La playlist de Seba #3 : de PinkPantheress à Forest Swords
Dans chaque numéro de Bold Magazine, notre truculent expert Sébastien Vécrin, aka Seba, aka Le Sebu, aka La Villeuh Roseuh nous fait profiter de ses dernières trouvailles musicales. Et comme c’est plutôt pas mal, on ne voit pas pourquoi on ne partagerait pas ça avec vous sur le web. Et puis ça lui fait plaisir… De PinkPantheress à Forest Swords, c’est parti pour la number three des Playlists de Seba…
Bolted / Forest Swords – electro – 4/5
Matthew Barnes alias Forest Swords vient d’accoucher de son troisième LP Bolted, six ans après son dernier album Compassion. Le briton signe toujours sur Ninja Tune, le label créé en 1990 par Matt Black et Jonathan More, plus connu sous le pseudo de Coldcut. Côté wall of fame, mister Barnes a taffé avec Banksy, Young Fathers, Benjamin Millepied et a produit la BO du jeu vidéo Assassin’s Creed Rogue. Comme on dit dans la street, le frère pèse dans le game, alors normal que son Bolted soit une merveille cinématographique. Mais trigger warning, on parle ici de films angoissants et malsains avec des geeks chelous qui se tirent sur la nouille devant des snuff movies. C’est torturé et déstructuré à souhait. Au programme, l’anglais nous régale de 11 titres bien rythmés avec des collaborations avec Neneh Cherry ou feuLee Scratch Perry. Mon rédacteur en chef adoré va encore me dire que c’est trop sombre, alors aidez-moi à lui prouver le contraire et jouez cet album le soir du réveillon de Noël entre deux bastons à propos de Gaza.
The Silver Cord / King Gizzard & The Lizard Wizard – Rock – 3/5
Le nouvel album de King Gizzard & The Lizard Wizard prouve deux choses. Les Australiens sortent trop de skeuds, presque un tous les quatre mois, sans prendre vraiment le temps de les peaufiner. Sur The Silver Cord, ils ont ressorti les synthétiseurs et les stupéfiants qui ont fait les grandes heures de gloire des années 80. Ici, point de folk ni de guitare saturée, mais du boom boom, de l’acid, des nappes envoûtantes et des bleeps à la TB 303. On retrouve des harmonies et des grooves qui hument bon la techno dance de 1988 avec des vocaux dignes des hangars du Summer of Love à Manchester, les yeux grands ouverts sous les stroboscopes. Voilà sûrement pourquoi le groupe a décidé d’offrir à son public un second opus avec tout l’album en « Extended version ». En étirant les tracks jusqu’à 10 minutes, les sons t’envoûtent à l’infini jusqu’à la descente tant détestée au beau milieu de l’after. Mon conseil ? Rejoue l’album dans l’ordre et préviens ton boss que tu n’iras pas bosser. Ni demain, ni après-demain. Dis-lui simplement que tu tousses et que tu n’as plus d’odorat. Ça a déjà fait ses preuves. Bise les rave-rockers.
Heaven Knows / PinkPantheress – R&B – 3/5
Avec une énergie irrésistible et un good mood so british, les morceaux de PinkPantheress vont te donner envie d’aller clubber à Soho avec toute sa bande de cops en short t-shirt en plein hiver, le smile aux lèvres, la bouteille de Grey Goose dans le sac à main. Ces 13 bangers, qu’elle a complément produits et composés elle-même, me donnent envie de dire, comme tous les golmons du journalisme musical, que c’est l’album de la maturité. Même ma maman va me mettre un coup de front si elle lit ça. De « Another Life » à « Boy’s a Liar Pt.2 », la Londonienne parvient à fusionner la pop, la drum’n’bass, le R&B, la jungle et le 2-step avec une complicité et une légèreté qui me donnent envie de bouger mon boule en slibard sur une chorégraphie TikTok. Car on parle bien de chaleur et de séduction sur un dancefloor humide à la sauce sucrée hyperpop. Chaque élément de l’album semble conçu pour nous faire tomber amoureux en mode « Je te love ! Mais non je te promets, j’ai rien bu ! ». Une voix envoûtante, une méditation sur la solitude, la présence de talents tels que Rema et Kelela, et des refrains dignes de ce que l’on pourrait imaginer comme le tube ultime, conçu par une artiste qui marie habilement la soul et le groove, moi je dis Yesaight !
Blanket / Kevin Abstract – hip-hop – 3/5
Kevin Abstract va vous prouver que le rap peut se mélanger aux guitares grunge. Le Texan revient avec Blanket, son premier skeud depuis l’explosion de son groupe BROCKHAMPTON l’année dernière. Le cool kid nous plonge dans une ambiance indie rock avec une esthétique pas piquée des vers. Un brin coquin, un tantinet foufou, toujours romantique, le rappeur gay parle ouvertement de son homosexualité. Et c’est tant mieux ! Son flow t’arrache la jugulaire avec les canines et ses riffs punk te font headbanger sur le parquet d’un terrain de basket du bal de Prom. La prod est signée par John Carroll Kirby qu’on connaît tous pour son taf avec Miley Cyrus. Les titres « Running Out » et « Madonna » t’ambiancent dans un délire emo rock. Alors pense à ton lisseur à cheveux. Quant à « The Greys » et « Scream », ça balance de la pop chewing-gum et on retrouve même des bribes d’electro punk plus technoïdes sur le futuriste « Mr. Edwards » saupoudré d’une basse vrombissante. Le rapper s’amuse aussi sur de l’indie-folk avec « Heights, Spiders, and the Dark », « My Friend » avec, en feat, la poétesse Kara Jackson. On en redemande !
Ce format est également à retrouver dans le Bold Magazine #83, à lire en ligne ici!
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