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La playlist de Seba #4 : de Villalobos à Fakhr

Par Sébastien Vécrin

Dans chaque numéro de Bold Magazine, notre truculent expert Sébastien Vécrin, aka Seba, aka Le Sebu, aka La Villeuh Roseuh nous fait profiter de ses dernières trouvailles musicales. Et comme c’est plutôt pas mal, on ne voit pas pourquoi on ne partagerait pas ça avec vous sur le web. Et puis ça lui fait plaisir… De Ricardo Villalobos à Rogér Fakhr, c’est parti pour la yondaime (hommage à Akira Toriyama oblige) des Playlists de Seba…

Influential / Bad Boy Chiller Crew – Bassline – 4/5

T’es prêt ? Je te présente les Bad Boy Chiller Crew, Gareth « GK » Kelly, Kane Welsh, and Sam « Clive » Robinson, trois Brits de Bradford très, très éloignés de la hype londonienne. Les lads font des Y en quad, une teille de Smirnoff dans la poche et un trois feuilles dans la mano. En matière de look, t’as du rouquin, de la coupe mulet, du jogging de blédard, les boucles d’oreilles de George Michael, du t-shirt Armani XS acheté au marché et de la TN en veux-tu, en voilà. Côté clip, ça boit et ça se défonce à l’Anglaise, vomito inclus, en draguant des meufs enceintes de leurs troisièmes bambins à 18 piges, dans tous les clubs pourraves de seconde zone de leur banlieue maudite. Leur quatrième album s’appelle Influencial. Les mélodies rentrent directes net, j’appuie sur la gâchette, dans la tête à base de popopop, de sonorités R&B, de groove dance, et de beat rap, le tout saupoudré d’accent cockney. Damn, c’est peut-être ce que l’Angleterre a fait de plus beau depuis Cantona. Moi, je suis fan, mais tu l’avais capté dès les premiers mots mon gâté. 

 Alcachofa / Ricardo Villalobos – Techno – 3/5

Parlons boom boom, parlons glitch, parlons bleep, parlons Ricardo Villalobos !  Le DJ aux cheveux gras ressort une nouvelle fois son classico Alcachofa qui datait de 2003, sous la forme d’un coffret quatre vynils avec en cadeau « Bach To Back », « Y.G.H. » et « Waiworinao », trois nouveaux sons sur une galette intitulée Alcachofa Tools.  Si tu veux briller en small talk dans une after de la rue du Fort Neipperg, tu peux balancer qu’il a quitté le Chili because le coup d’État opéré par Augusto Pinochet. Tu peux aussi enchaîner sur le fait qu’il s’est installé à Berlin pour y produire de la microhouse al dente et de la minimal pas si mal. Tu peux ensuite ajouter que tu es fan des centaines de memes dans lesquels on le voit mixer dans un état proche de l’Ohio, les yeux dans le vide, transpiration 3000 avec les dents qui claquassent au rythme des BPM.  J’ai l’air de juger, mais ech sinn fan de ouf. Côté sonorité, Riri explore sur de longs tracks hypnotiques et synthétiques pour nous convier à un long voyage au sein de paysages perchés. Ce skeud est calibré pour des dancefloor suintants, à 10 h du matin, dans un sous-sol bien trop mal éclairé, avec un sound système au volume maximal.

Kerchak/ Saison 2 – Drill – 4/5

De la jersey drill bien sale, des basses sourdes, de la street credibility, des cagoules de chouf, des fake pochettes Louis Vuitton chapardées à Barbes : le décor de Kerchak est planté. Personnellement, j’écoute du rap pour sortir de ma zone de confort de petit bourgeois fragile qui sirote des chai latte à Bonnevoie. Avec Saison 2, le second album de Kerchak, c’est all in avec des odes à la baston, des guerres de terrains, des nourrices avec des trous dans le mur, du gunn de l’ex-URSS, des portables prépayés, de la misère de cité, des soldats qui braillent devant la cage d’escalier, notamment sur le fabuleux hit « 2006 (Opps qui court) ». Un must pour s’enjailler à Hamilius après un after work au Royal. D’origine ivoirienne, le frérot affole les plateformes de stream à seulement 20 piges. Sur ce long format, il arrive en équipe avec des featurings bien amenés dont Ziak, Dinos, Houdi, Gambi et RnBoi. Son propre blaze est un hommage au chef du clan des gorilles de Tarzan – comprendre je peux te monter en l’air si tu me manques de respect. Moi, mon Kerchak adoré, je te respecte trop, la preuve je fais ta promo oklm dans Bold, le magazine le plus gang du Luxembourg.

East of Any Place / Rogér Fakhr – Groove Oriental – 4/5

On se fait un petit libanais ? Kefta ? Houmous ? Non, plutôt un Rogér Fakhr !  Quarante-cinq ans après son album dans un Liban déchiré par la guerre civile et hanté par les troubles sociaux, le label berlinois Habibi Funk ressort ce trésor perdu de groove oriental. Enregistré en moins d’une journée en 1977 à Beyrouth, dans un studio de fortune dans un petit appartement avec quelques frères zicos, ce must have a été édité en très peu d’exemplaires. Le Roger dealera même ses cassettes sous le manteau, entre deux tirs de mortier dans les rues dévastées de Beyrouth. Ces dix chansons sont purement psychédéliques. Dans « Drown To My Bones », le folk se mêle au blues, tandis que « Drinking Tea » résonne avec des vibes à la Beatles. Le guitariste chevelu utilise la technique du finger picking sur ses cordes. Le songwriter chante en anglais et mixe ses mélodies avec des instruments traditionnels comme le luth et la flûte. Les morceaux sont impeccables, rugueux et méditerranéens à souhait. C’est le parfait témoignage d’une jeunesse libanaise martyrisée par le conflit qui faisait rage à l’époque. Un skeud chargé d’histoire.

Ce format est également à retrouver dans Bold Magazine #84, à lire en ligne ici!

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